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Actualités - REPORTAGE

Les hôtels et les restaurants des deux centres de villégiature affichent complet pour cette saison Saison réussie pour Aley et Bhamdoun, pris d’assaut par les touristes arabes

Durant la journée, tout est calme. Seuls quelques hommes discutent à l’ombre des terrasses. Mais quand vient la tombée de la nuit, Aley et Bhamdoun changent de visage. D’innombrables passants se promènent le long des rues piétonnes, les restaurants affichent tous complet, les magasins sont bondés... « Cette année est exceptionnelle », nous a confié Wissam el-Danaf, membre éminent de la municipalité de Aley. « La commune a beaucoup travaillé pour attirer les capitaux. Nous avons élargi les voies, nous avons facilité les investissements, organisé des expositions. Regardez autour de vous tous ces restaurants, tous ces magasins. Beaucoup d’entre eux sont nouveaux », a-t-il ajouté. Dès 1999, la municipalité de Aley a décidé de refaire de la localité la destination estivale par excellence, comme elle l’était avant la guerre. Le symposium en est le projet principal : chaque année, Aley accueille des artistes venus du monde entier qui sculptent sur place leurs statues. Leurs travaux sont alors exposés un peu partout dans la ville et font aujourd’hui partie du folklore local. En 2001, Aley a même été nommée pour être la « ville de la paix » par l’Association internationale des arts plastiques (organisation non gouvernementale fondée en 1954 par l’Unesco). Un peu plus haut, Bhamdoun n’est pas en reste. « Tout est complet », nous a annoncé la réceptionniste de l’hôtel Four Points by Sheraton. La plupart des clients de cet hôtel 5 étoiles sont originaires des pays du Golfe et n’ont pas hésité à débourser 330 dollars par nuit pour une chambre double. Toutefois, l’hôtel n’ouvre ses portes que trois mois par an. La plupart des activités à Bhamdoun sont elles aussi saisonnières. À quelques mètres de là, le salon de coiffure Luce e Pace nous annonce que lui aussi fermera dès le mois de septembre. « Une fois les touristes rentrés chez eux, plus personne ne vient se faire coiffer ici. Nous ne sommes là que durant l’été », nous a expliqué l’une des coiffeuses. Promenade à bord d’une calèche Cet été, la ville s’est démenée pour attirer les touristes. Toutes les dix minutes, un train tiré par une Jeep promène des enfants le long de l’artère principale. Un peu plus loin, c’est au tour d’un bateau sur roues de circuler à travers la ville. Les enfants montés à bord dansent au rythme d’une musique arabe tout en saluant les passants. À Aley, c’est d’une manière plus romantique que se déplacent les plus jeunes. Pour 10 dollars, ils ont droit à une promenade à bord d’une calèche tirée par des chevaux. Ribal Radwan, natif de Aley, est propriétaire de l’une de ces calèches. Il nous explique : « Ce sont surtout des enfants d’Arabie saoudite ou des Émirats qui montent avec moi. Le tour peut parfois durer plus d’une heure en cas d’embouteillages ! » Attablés sur les terrasses de Starbucks Coffee, Dunkin Donuts et autre Costa Café, des touristes âgés d’une vingtaine d’années sirotent leurs boissons en observant la foule. « Nous venons chaque année au Liban, il n’y avait jamais eu autant de touristes que cet été ! » déclare Mahmoud, originaire du Qatar. Les vacanciers sont en effet si nombreux que plusieurs restaurants ont ouvert cette année. AleyAvenue est l’un d’eux. Son directeur, Tony Chahine, nous a expliqué fièrement que le restaurant avait été construit en seulement un mois. Aujourd’hui, c’est un véritable succès. « Nous sommes complets tous les soirs, et ce depuis l’ouverture il y a 25 jours. Aujourd’hui, nous avons même servi de lieu de tournage pour le nouveau clip du chanteur qatari Ahmad el-Abdallah ! » a ajouté M. Chahine. Le restaurant, spécialisé dans les grillades, appartient à une chaîne de restaurants des Émirats. La chaîne compte déjà dix-sept restaurants, mais le directeur de la chaîne, Radwan Ajib, souhaite également s’installer à Bickfaya, Beyrouth, Bhamdoun... Pour le mois de ramadan, le restaurant souhaite mettre en place une tente. Des mana’ich cuits au saj seront servis au clients, ainsi que des kellèje (gâteaux à base de pâte filo et « achta ») et des souss (réglisses). Enfin, des chanteurs renommés seront également de la partie. Un peu plus bas, le restaurant al-Janna affiche lui aussi complet. L’établissement aux allures de palace des mille et une nuits est présent depuis plusieurs années. L’ouverture de nouveaux restaurants n’a nullement diminué son chiffre d’affaires puisque chaque soir, une même file d’attente se forme devant le bâtiment blanc et doré. Arabes, Libanais et Européens Après dîner, la plupart des touristes flânent dans les rues. Des femmes, voilées ou habillées légèrement, des Arabes, des Libanais et des Européens, tout ce beau monde se côtoie ainsi pendant toute la soirée autour de petits commerces vendant bijoux, produits de beauté ou jouets... Au café Le trottoir, des employés préparent de la barbe à papa sous les yeux médusés des enfants. Le propriétaire du café, Bassam Jaber Chehayeb, nous a confié avoir un rêve, « battre le record du monde de la plus grosse barbe à papa ». L’an prochain, tous espèrent rééditer ce succès. La commune de Aley, qui ne compte pas encore d’hôtels 5 étoiles, a l’intention d’en construire trois d’ici à l’été prochain. Le restaurant AleyAvenue compte élargir sa terrasse pour atteindre les 600 couverts. Toutefois, l’afflux touristique ne dépendra pas de ces facteurs-là. Walid Khaïrallah, président du conseil municipal de Bhamdoun, nous a en effet expliqué que « cette année, beaucoup de touristes arabes et de Libanais vivant à l’étranger sont venus, et c’est en grande partie grâce aux accords de Doha et à l’élection du président de la République. Ils se sentent en sécurité, c’est pourquoi ils viennent s’amuser ici. Espérons seulement que la situation restera clémente d’ici à l’été prochain ». La sécurité, l’une des préoccupations principales Pour éviter les débordements, la localité de Aley a engagé une quarantaine d’hommes qui patrouillent à travers la ville tous les soirs. Mais à Bhamdoun, ce sont des femmes qui, depuis cinq ans, sont chargées de la sécurité. Layal Ghawy est étudiante. Chaque été, elle revêt son uniforme et devient alors membre de la « police touristique ». Douze femmes, dont la moitié travaillent en civil, sont ainsi engagées par le ministère du Tourisme. Talkies-walkies à la main, elles arpentent les rues et surveillent les terrasses des restaurants. Leur rôle ? S’assurer qu’aucun vagabond ne dérange les touristes et, bien sûr, veiller sur les passants. « Nous n’intervenons pas physiquement, nous avons plutôt un rôle dissuasif », nous a expliqué Layal. Et en effet, les touristes charmés par ces drôles de dames se tiennent à carreau quand celles-ci passent. Voilà de quoi donner envie aux touristes de visiter Bhamdoun... Safar BAROUD
Durant la journée, tout est calme. Seuls quelques hommes discutent à l’ombre des terrasses. Mais quand vient la tombée de la nuit, Aley et Bhamdoun changent de visage. D’innombrables passants se promènent le long des rues piétonnes, les restaurants affichent tous complet, les magasins sont bondés...
« Cette année est exceptionnelle », nous a confié Wissam el-Danaf,...