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Le Festival de Lucerne fête 70 ans d’excellence symphonique

En août 1938, l’Italien Arturo Toscanini dirigeait un concert à Tribschen (Suisse), devant l’ancienne résidence de Wagner, et signait l’acte de naissance du Festival de Lucerne, qui demeure 70 ans plus tard le plus luxueux temple estival de la musique symphonique. La manifestation se déroule désormais sur cinq semaines (cette année, du 13 août au 21 septembre) et fait se succéder les meilleurs musiciens d’orchestre européens et américains, en prélude à l’ouverture des saisons de concerts. Au rang des cofondateurs du festival avec Ernest Ansermet ou Bruno Walter, Toscanini cherchait un endroit pour exercer son art chaque été, après avoir renoncé au Festival de Bayreuth (Allemagne) à la suite de l’accession d’Hitler au pouvoir et quitté celui de Salzbourg (Autriche) en raison de l’Anschluss. Ce seront les berges paisibles du lac des Quatre-Cantons, dans le centre de la Suisse, où le maestro rassemblera des instrumentistes d’élite pour former un orchestre ad hoc. Mise en sommeil en 1993, la phalange a été refondée dix ans plus tard sous l’aile protectrice d’un autre chef italien, Claudio Abbado, dans le cadre propice de la salle de concerts (1 800 places) inaugurée en 1998 et conçue par l’architecte français Jean Nouvel et l’acousticien américain Russell Johnson. En ouverture de l’édition 2008, l’Orchestre du Festival de Lucerne fêtera les 75 ans de son chef avec cinq concerts et deux programmes, l’un français et l’autre russe, comprenant des œuvres (Symphonie fantastique de Berlioz, L’Oiseau de feu de Stravinsky...) en résonance avec le thème de l’année (les rapports entre musique et danse). Cette formation offre chaque été des moments d’exception sous la direction d’Abbado, dont le visage s’est creusé avec l’âge et la maladie – il a été soigné pour un cancer –, mais dont le geste décanté semble toujours aller davantage à l’essentiel et en profondeur. Trois autres « orchestres en résidence » donneront chacun trois concerts : l’Orchestre de Cleveland, le Philharmonique de New York (avec l’Américain Lorin Maazel, son patron sortant) et celui de Vienne (en lien avec l’un de ses invités privilégiés, l’Italien Riccardo Muti). D’autres formations permanentes (Philharmonique de Saint-Pétersbourg, Concertgebouw d’Amsterdam, Orchestre symphonique de Chicago, Gewandhaus de Leipzig) inscriront par deux fois leur nom à l’affiche. L’Orchestre de Paris fera pour sa part son retour à Lucerne après plus de 15 ans d’absence. Si Abbado veille sur l’Orchestre du festival, Pierre Boulez, 83 ans, anime son Académie, pépinière de 140 jeunes musiciens qui célébreront la naissance il y a 100 ans de deux compositeurs presque jumeaux, le Français Olivier Messiaen (né un 10 décembre) et l’Américain Elliott Carter (11 décembre). Lucerne 2008 aura en outre un « compositeur en résidence » (le Britannique George Benjamin), deux « artistes étoiles » (les Allemands Joachim Schloemer, danseur-chorégraphe, et Albrecht Mayer, hautboïste) et proposera du théâtre musical et lyrique, une orientation pluridisciplinaire qui devrait s’amplifier avec l’ouverture à l’horizon 2011-2012 d’une « salle modulable » de 1 000 places. Le festival, soutenu avant tout par des mécènes privés, a cependant un défi à relever : la démocratisation de son accès, largement réservé à une clientèle aisée (181 euros le fauteuil de première catégorie pour certains orchestres et jusqu’à 250 pour le gala d’ouverture). Benoît FAUCHET (AFP)
En août 1938, l’Italien Arturo Toscanini dirigeait un concert à Tribschen (Suisse), devant l’ancienne résidence de Wagner, et signait l’acte de naissance du Festival de Lucerne, qui demeure 70 ans plus tard le plus luxueux temple estival de la musique symphonique.
La manifestation se déroule désormais sur cinq semaines (cette année, du 13 août au 21 septembre) et fait se...