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Une rue de Moscou portera le nom du prix Nobel de littérature Soljenitsyne inhumé au monastère Donskoï

Alexandre Soljenitsyne a rejoint hier sa dernière demeure en présence d’une foule compacte velu le saluer une dernière fois. La dépouille du prix Nobel de littérature, qui avait été interné huit ans au Goulag, a été portée en terre à la mi-journée, sous un ciel gris, près d’une petite chapelle dans le monastère Donskoï. Trois salves ont alors été tirées par des soldats, alignés un peu à l’écart. Les forces de l’ordre déployées en nombre ne sont pas parvenues à contenir les centaines de personnes présentes lorsque le cortège funèbre s’est ébranlé hors de la grande cathédrale aux bulbes noirs vers le cimetière, à une centaine de mètres de là. Auparavant, un service religieux s’était déroulé à l’intérieur de l’église, où Alexandre Soljenitsyne reposait entre deux gigantesques colonnes, au milieu des abondantes dorures des icônes, un immense lustre suspendu au-dessus de lui. Des femmes, la tête recouverte d’un foulard, souvent un bouquet de fleurs ou un cierge allumé à la main, des hommes de tous âges, en costume sombre, ont défilé devant le cercueil. Le président russe, Dmitri Medvedev, qui avait interrompu pour la circonstance ses vacances à bord d’un bateau sur la Volga, a pour sa part discrètement emprunté une entrée latérale : il s’est incliné devant le corps, sur lequel il a déposé un bouquet de roses rouges, et a adressé ses condoléances à la veuve de l’écrivain, Natalia Soljenitsyna. Le même jour, le chef de l’État a signé un décret recommandant de baptiser du nom d’Alexandre Soljenitsyne « une des rues de Moscou » et de prendre « des mesures » pour perpétuer sa mémoire à Kislovodsk (Caucase), où il est né le 11 décembre 1918, et à Rostov-sur-le-Don (Sud-Ouest) où il a vécu et fait ses études. Le Premier ministre, Vladimir Poutine, a néanmoins largement éclipsé Dmitri Medvedev, qui lui a succédé en mai au Kremlin, dans l’hommage officiel à l’écrivain, décédé dimanche soir à Moscou à l’âge de 89 ans. La visite du maire de Moscou Iouri Loujkov au monastère Donskoï a été presque plus remarquée. « C’est une personne unique. Il a eu un destin à la fois heureux et tragique, je dirais même plus heureux que tragique : il est revenu dans la patrie », a-t-il déclaré à cette occasion. Alexandre Soljenitsyne avait personnellement choisi le monastère Donskoï, bâti au XVIe siècle, comme dernière demeure. Il y reposera près de figures connues de la Russie antibolchevique, dont le général tsariste Anton Dénikine et le philosophe Ivan Ilyne. « Il est le père ou le frère de tous les prisonniers politiques. De tels hommes ne meurent pas. Ses idées restent vivantes », a estimé Vitold Abankine, ancien prisonnier politique venu de Rostov-sur-le-Don pour les funérailles. Pourfendeur de l’univers concentrationnaire soviétique, l’auteur d’Une journée d’Ivan Denissovitch et de L’archipel du Goulag, qui fut expulsé d’URSS en 1974, avant de revenir en Russie vingt ans plus tard, a été qualifié dans son pays de conscience du XXe siècle. Télévisions et discours officiels ont toutefois largement omis l’horreur des camps qu’il avait révélée au monde dans toute son ampleur pour se concentrer sur l’hommage au « grand patriote ».
Alexandre Soljenitsyne a rejoint hier sa dernière demeure en présence d’une foule compacte velu le saluer une dernière fois.
La dépouille du prix Nobel de littérature, qui avait été interné huit ans au Goulag, a été portée en terre à la mi-journée, sous un ciel gris, près d’une petite chapelle dans le monastère Donskoï. Trois salves ont alors été tirées par des...