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Actualités - CHRONOLOGIE

Salzbourg : Villazon chante Roméo sans Netrebko mais non sans gloire

Le ténor franco-mexicain Rolando Villazon a ravi les spectateurs du Festival de Salzbourg samedi soir dans Roméo et Juliette de Gounod, sans la soprano austro-russe Anna Netrebko, mais en compagnie d’un talent prometteur de 25 ans, la Géorgienne Nino Machaidze. Après une Traviata de Verdi particulièrement glamour en 2005, le public attendait le retour à Salzbourg du tandem Netrebko-Villazon pour Roméo et Juliette (1867), célèbre ouvrage français du XIXe siècle, curieusement jamais donné par le plus grand des festivals lyriques. Mais Anna Netrebko, qui a déjà incarné, enceinte, une Juliette il y a deux mois (dans Les Capulets et les Montaigus de Bellini pour ses débuts à l’Opéra de Paris), a dû déclarer forfait pour celle de Gounod à Salzbourg, sa grossesse étant cette fois trop avancée (sept mois). Sa remplaçante est encore méconnue dans le monde lyrique, mais pourrait ne pas le rester longtemps. Sous ses airs d’Angelina Jolie slave et plantureuse, Nino Machaidze fait entendre une voix moins pulpeuse et plus métallique que «?la Netrebko?», mais elle ne craint ni les pirouettes vocales de sa valse (Je veux vivre), ni ses quatre duos d’amour avec un Roméo de 11 ans son aîné. Rolando Villazon signe une entrée en matière précautionneuse, avec des aigus peu rayonnants et mal projetés, laissant penser qu’il ne s’est pas tout à fait remis des ennuis vocaux qui l’ont contraint à un long repos fin 2007 et terni quelques-unes de ses prestations début 2008. Mais les deux derniers actes rendent justice à ce fin musicien doublé d’un très bon acteur et doté d’un timbre sombre particulièrement séduisant. Son français, qui sacrifie les consonnes au souci du legato, est toutefois encore perfectible, obligeant souvent à se raccrocher aux surtitres (en allemand et en anglais). Les rôles secondaires sont tous très bien tenus, avec des mentions spéciales pour le Frère Laurent de la basse russe Mikhail Petrenko et le Comte Capulet du baryton-basse allemand Falk Struckmann, deux modèles de diction. Pour ses débuts lyriques en Europe, l’Américain Bartlett Sher signe une mise en scène sage et classique au regard des canons salzbourgeois, au plus près du livret de Barbier et Carré inspiré de la tragédie de Shakespeare, auteur dont il est un bon connaisseur. Le magique Manège des rochers (Felsenreitschule) et ses arcades creusées dans la roche offrent à ce Californien un cadre minéral et chargé d’histoire, assez idéal pour raconter le drame des amants de Vérone, sacrifiés sur l’autel des haines familiales en costumes Renaissance. Le vaste plateau s’anime avec les scènes de groupe, qui ne manquent pas d’allure (bal masqué, bataille en présence des deux familles), mais peuvent paraître relever d’une esthétique datée. La fosse ajoute de la tension dramatique sous la direction ample et vitaminée du Canadien Yannick Nézet-Séguin, qui fait à 33 ans des débuts remarqués au festival. Le Québécois défend cette musique avec passion à la tête de l’Orchestre du Mozarteum de Salzbourg, dont l’engagement prouve bien qu’il ne prend pas cette musique à la légère. À la fin des airs, le chef applaudit ses chanteurs avec enthousiasme, voire frénésie. Il prend ainsi le risque de transformer le spectacle en une suite de mouvements chantés plutôt qu’en un grand moment de théâtre lyrique, danger cependant inhérent à la partition de Gounod elle-même. Le spectacle sera donné huit autres fois du 6 au 25 août à Salzbourg.
Le ténor franco-mexicain Rolando Villazon a ravi les spectateurs du Festival de Salzbourg samedi soir dans Roméo et Juliette de Gounod, sans la soprano austro-russe Anna Netrebko, mais en compagnie d’un talent prometteur de 25 ans, la Géorgienne Nino Machaidze.
Après une Traviata de Verdi particulièrement glamour en 2005, le public attendait le retour à Salzbourg du tandem...