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Le régime se pose en rassembleur qui n’hésite pas à bousculer les uns ou les autres

Bis repetita. Avant d’aller voir Sarkozy, et Assad par ricochet, Sleiman a exigé la conclusion d’un accord sur le gouvernement. Et maintenant il veut que ce gouvernement soit investi de la confiance de la Chambre avant de se rendre à Damas. Il presse donc le mouvement pour qu’on en finisse enfin avec l’élaboration de la déclaration ministérielle. Car demain comme hier, il souhaite qu’on ne lui pose pas de questions genre mais qu’est-ce qui se passe donc chez vous ? Autrement dit, il ne veut ni que le Liban officiel, ou le Liban tout court, paraisse en position de faiblesse. Ni que les autres interviennent, ne serait-ce que sous forme interrogative et sous prétexte d’amicale sollicitude, dans nos affaires intérieures. Surtout au sujet de thèmes lourds comme l’armement du Hezbollah, ou les bases palestiniennes hors camps. Pour les proches de Baabda, la déclaration ministérielle doit permettre, même si ses formulations restent évasives, de soutenir que les Libanais expriment ensemble un même avis général. Qu’ils retrouvent un degré de cohésion interne suffisant pour leur donner l’immunité diplomatique requise face à la curiosité incursive d’autrui. Le président met le maximum de pressions sur les instrumentistes du cru pour qu’ils accordent leurs violons. La démarche présidentielle ne se limite pas à des considérations de salon, loin de là. Bien plus que de savoir comment converser avec tel ou tel interlocuteur étranger, le chef de l’État se soucie profondément de réunifier les Libanais. Pour que leurs divisions ne les mènent pas de nouveau à leur perte, comme en 75, l’enfer durant, par à-coups, trente interminables années. En rebondissant, après chaque répit, sur de sous-enfers incroyablement variés. Comme les feux produits par les querelles sur l’accord du 17 Mai, sur l’accord tripartite intermilices, sur la présidentielle de 88. Ou encore, et c’est le plus ahurissant sans doute, sur l’indépendance retrouvée après le retrait syrien. Et, enfin, sur le droit de violence, sur la décision de guerre et de paix, sur les armes privées, comme on l’a vu en juillet 2006 puis en mai dernier. Raison Quand les Libanais étaient sous tutelle syrienne, on leur expliquait que c’était en raison de leur incapacité patente à s’autogouverner. Le patriarche Sfeir répondait, en substance, laissez-nous au moins essayer et après vous verrez… Mais il n’en avertissait pas moins, et continue à le faire, que ce droit légitime ne peut s’exercer à bon escient qu’en base d’un minimum d’entente autour de constantes nationales. Autrement dit, en minant le pays, en le réduisant à l’état de loque politique, les divisions internes finissent par justifier une mise sous curatelle. Avec choix changeant de titulaire ou d’occupant : l’Ottoman, le Français, le Britannique masqué, l’Égypto-Syro-Libyen, le Palestinien, l’Israélien, le Syrien et l’Iranien camouflé. Il est donc heureux qu’on n’y soit pas revenu après l’hyperlongue triple crise de la présidentielle, du gouvernement et du Parlement. Son dénouement est une bonne chose, un événement prometteur. Cependant, et le président le sait, le Liban n’est pas encore tiré d’affaire. Il est certes vraisemblable que, pour le moment, personne ne trouve intérêt à le replacer sous mandat direct, physique et militaire. Mais une indépendance altérée, conditionnelle, une mise sous surveillance pour ainsi dire, serait par elle-même suffocante. Du fait qu’elle attiserait naturellement le conflit organique étouffant, en empêchant dès lors tout redressement économique et social. Conseil Un vieil adage de chez nous dit que l’église proche ne guérit pas. En pratique, le principal souci du Liban est la Syrie, du moment qu’elle a largement accès à son dossier interne. Pour bien traiter cette préoccupation, il n’y a qu’à suivre le conseil d’Assad lui-même ! En effet, le jeune chef de l’État syrien relevait en 2002 qu’il ne peut y avoir de saines relations libano-syriennes sans qu’il n’y ait d’abord de bonnes relations libano-libanaises. Autrement dit, un minimum d’entente nationale. Notamment sur les principales questions bilatérales. C’est sur ce paquet précis que travaille actuellement Baabda, en prélude à la visite de Damas à la tête d’une délégation importante, englobant les différentes composantes du paysage politique et de la société civile. Mais la tâche est ardue, complexe. Par exemple, le Hezbollah exige que l’on maintienne au programme du gouvernement la clause permissive de la déclaration ministérielle précédente relative à son armement. Une condition contraire à la logique d’État, mais également à la loi, qu’elle soit locale, comme Taëf, ou internationale. En effet, la 1701, la 1559 et la 1680 édictent le désarmement et une résolution de l’ONU surclasse juridiquement toute loi locale, et à plus forte raison, tout arrangement extralégal. De plus, et cela saute aux yeux, l’armement du Hezb est devenu encore plus inadmissible, plus injustifiable, après s’être tourné contre l’intérieur, contre les Libanais, en mai dernier. Et encore plus inquiétant, plus intimidant dans la perspective des législatives de l’an prochain. Sans compter qu’en juillet 2006, comme les évêques maronites l’on relevé dans leurs communiqués cycliques, le Hezb a spolié le droit exclusif de l’État, de la nation, de décider de la guerre et de la paix. La conférence de Doha condamne le recours aux armes, mais comment le garantir sans désarmer ? Retour à la Syrie, avant le départ en Syrie. Cette puissance est pour l’armement du Hezbollah. Elle peut également jouer sur les divisions interlibanaises, notamment axées sur ce dossier. Il serait difficile que le sommet à venir produise des résultats positifs nets, si la question de cet armement n’est pas résolue dans la déclaration ministérielle. Émile KHOURY
Bis repetita. Avant d’aller voir Sarkozy, et Assad par ricochet, Sleiman a exigé la conclusion d’un accord sur le gouvernement. Et maintenant il veut que ce gouvernement soit investi de la confiance de la Chambre avant de se rendre à Damas. Il presse donc le mouvement pour qu’on en finisse enfin avec l’élaboration de la déclaration ministérielle. Car demain comme hier, il...