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Actualités - OPINION

Face au message présidentiel, le contre-message de la violence Philippe ABI-AKL

Pour provoquer la formation du gouvernement, après un mois et demi de crise, le chef de l’État avait lancé un message clair et net. Dénonçant la responsabilité des pôles antagonistes, il les invitait expressément à cesser de faire passer leurs ambitions avant l’intérêt national. Il relançait en même temps les présidents Berry et Siniora, ainsi que Saad Hariri, pour les presser d’agir vite dans le bon sens. Précisant que son appel serait diffusé à 15 heures et qu’ensuite il se laverait les mains du problème, car il devait marier sa fille, puis préparer ses valises pour sa visite à Paris. Son intervention a eu l’effet de choc salutaire souhaité et il a eu son cabinet avant d’aller voir Sarkozy. Aujourd’hui, il veut de même une déclaration ministérielle avant d’aller voir Assad. Et il n’est pas exclu qu’à cette fin, il lance un nouveau message. Mais, prenant les devants, on lui a adressé la missive de violence, à travers les troubles récents de Baal Mohsen et de Bab el-Tebbaneh. Un contre-message savamment dosé. Dans ce sens qu’il se trouve posté au Nord et non plus au cœur de la capitale, ligne rouge trop explosive. Car ce qu’on veut, ce n’est pas faire sauter la marmite, mais faire mijoter une déclaration ministérielle à sa convenance. Avec consécration du prétendu droit à l’armement. Ce qu’évidemment les souverainistes, et la loi, rejettent. À cela s’ajoute la pression du temps qui file : un gouvernement nouvellement formé est tenu de solliciter la confiance de la Chambre dans un délai de trente jours. C’est donc à l’usure que les prosyriens pensent venir à bout de la résistance des loyalistes. Alliant encore une fois l’intimidation de terrain et l’obstination politique, ils espèrent réussir aussi bien qu’à Doha, où ils ont décroché le tiers de blocage. Avec ensuite, cerise sur le gâteau, la nomination du cadre PSNS Ali Kanso. En misant, encore une fois, sur les divergences intestines qui affaiblissent le camp d’en face. Résistance Mais le 14 Mars n’est pas si désuni, ni si démuni, pour céder sur un sujet qui touche à la cause nationale supérieure. Il refuse catégoriquement que l’on réitère, dans la déclaration ministérielle, le feu vert à l’armement du Hezb. Car c’est devenu un problème capital depuis la guerre de juillet 2006 et les événements de mai dernier. De plus, il y a désormais l’interdit imposé par la loi internationale suprême, à travers la résolution 1701. Pour les loyalistes, les prosyriens doivent comprendre que leur approche du dossier ne tient plus la route. Et savoir qu’il est temps de le traiter dans un tout autre esprit. De conciliation certes – car personne ne souhaite casser la baraque – mais de légalité avant tout. Autrement dit, et en clair, il faut que le Hezb et ses alliés se rallient à un projet de stratégie de défense nationale qui ne serait pas une simple variante du fait accompli actuel. Sous forme, par exemple, d’une pseudo salle d’opérations commune, d’une coordination-coopération entre deux armées. Mais bel et bien une intégration dans l’appareil d’État du potentiel de la Résistance. Clarifiant encore mieux la solution, les loyalistes soulignent qu’il faut désormais mettre un terme à l’amalgame Résistance-Hezbollah. Donc que cette formation ne doit plus être qu’un parti politique et rien d’autre. Soumis à la loi, comme tout le monde, et n’ayant plus de structures lui permettant d’usurper largement, dans nombre de régions, le rôle de l’État. Les loyalistes concluent en affirmant que confirmer le métayage du Hezbollah à travers la feuille de route du gouvernement serait une aberration suicidaire en termes d’État-nation. Surtout à l’approche du tournant des législatives. Mais le Hezb persiste et signe. D’autant plus fermement qu’avec l’échange des prisonniers, il a réussi à éclipser, à marginaliser cet État de droit libanais qu’il ne reconnaît que du bout des lèvres. Et qu’il n’hésite pas à humilier, sinon à outrager. Comme lorsqu’il a organisé l’accueil à l’aéroport, en laissant poireauter les présidents pendant plus d’une heure, après avoir négligé de les informer du programme. Pour le fond, on le sait, la Syrie et l’Iran n’ont encore aucun intérêt, aucun prix solide perçu, pour lâcher le Hezb et son armement. Cette carte de marchandage commode, voire idéale, face aux Israéliens, aux Américains, aux Français et aux Arabes modérés.
Pour provoquer la formation du gouvernement, après un mois et demi de crise, le chef de l’État avait lancé un message clair et net. Dénonçant la responsabilité des pôles antagonistes, il les invitait expressément à cesser de faire passer leurs ambitions avant l’intérêt national. Il relançait en même temps les présidents Berry et Siniora, ainsi que Saad Hariri, pour...