FESTIVAL BYBLOS - La star rock des années 60, mardi 8 juillet, 20h30 Patti Smith fait son come-back

Qui ne se souvient pas de Patti Smith, cette icône de rock, plutôt tendance «?bobo crade?», asexuée, puritaine,?ne teignant même pas ses cheveux?? Longue figure à la Modigliani dans une plastique androgyne, «?ni épilée ni poilante, un brin horripilante,?» la star des années 60, dont le Levi’s?501 «?vintage?» s’orne d’un sigle Peace crayonné au stylo, est toujours la même trente ans après. Elle revient sur la scène libanaise dans le cadre du Festival Byblos, le mardi 8 juillet. « Mummy, you are the same person », lui a dit sa fille l’autre jour en découvrant avec étonnement une photo des années?70. Imprégnée de la musique des Rolling Stones et de Jimi Hendrix depuis sa plus tendre enfance, l’œuvre de Patti Smith garde néanmoins des influences d’une éducation religieuse stricte d’une mère appartenant aux Témoins de Jéhovah? et d’un père chanteur de jazz. À 20 ans, la jeune fille quitte son New Jersey natal pour s’installer à New York. Elle rêve d’épouser un artiste. Sa rencontre avec le photographe Robert Mapplethorpe va changer sa vie et?« réveiller l’artiste qui dort en elle?». Début 70, l’interprète se lance dans la musique rock, s’entoure de musiciens et chanteurs et, en 1974, crée le Patti Smith Group. Avec l’aide financière de Robert Mapplethorpe, elle enregistre son premier single, Hey Joe/Piss Factory, suivi de l’album Horses qui clame que «?Jésus est mort pour les péchés de quelqu’un... mais pas les miens?». Si ses albums suivants sont décevants, elle a lancé un personnage de rockeuse engagée, avant de passer à un nouveau rôle, mère de famille. Mariée avec l’ancien guitariste Fred Sonic, Smith s’installe dans un trou perdu du Michigan et mène une vie de «?babas?» avec ses deux enfants. En 1994, le décès de son époux puis de son frère Todd et de son pianiste Richard Sohl brise sa vie paisible. Commence sa longue «?traversée du désert?» qui sera interrompue un an plus tard lorsqu’elle tourne brièvement aux côtés de Bob Dylan, en décembre 1975. Elle scande alors les grands mots convenables : ségrégation, isolement, immigration, intégration, exploitation, compromission, avec un chic «?rauque’n’roll?». « Plus que divertir un public, je veux lui donner à réfléchir?», disait l’interprète. Patti Smith redémarre ensuite pleinement sa carrière de musicienne avec l’album Gone Again en 1996. Ailleurs, elle livre une émouvante version de Within You Without You, la rêverie planante de George Harrison. Ou encore un renversant Are You Experienced ? de Jimi Hendrix. Un come-back à 60 ans Longtemps retirée de la scène publique, la pop-rock anglo-saxonne, qui s’est donnée le temps de se consacrer à d’autres activités, revient actuellement libérée de ses fantômes et savoure à 60 ans les retrouvailles avec une audience panachée. Au menu, un nouveau CD, une exposition de ses peintures, un recueil de poèmes et une lecture d’Arthur Rimbaud ou de William Blake. Les années qui suivent sont celles de la maturité et de la consécration. En 2005, Patti Smith reçoit des mains du ministre français de la Culture la médaille de commandeur de l’Ordre des Arts et de Lettres.? Un an plus tard, elle présente au public londonien deux nouvelles chansons, Qana, du nom du village libanais détruit par les frappes aériennes israéliennes, et Without Chains, réalisées entre 1967 et 2007. Elle rentre en 2007 au Rock and Roll Hall of Fame et reçoit en 2008 un doctorat honoraire de l’Université de Rowan, aux États-Unis, pour sa contribution à la culture populaire. Plus qu’une icône, car les icônes sont souvent rigides et immobiles, Patti Smith est une personne qui vibre avec son temps et qui laisse sur chaque époque des traces musicales… indélébiles.