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Actualités - CHRONOLOGIE

Patrimoine : Solidere propose trois scénarios pour mettre en valeur la découverte Tarek Mitri formel : L’hippodrome romain de Wadi Abou Jmil sera conservé in situ May MAKAREM

Les fouilles menées à Wadi Abou Jmil par la Direction générale des antiquités (DGA) sont terminées. Elles ont mis au jour les principaux éléments architecturaux d’un hippodrome romain : les gradins, la spina et les sections de colonnes (ou tambours) qui supportaient vraisemblablement les statuettes ornant la spina, et le toit abritant la tribune. Les vestiges, qui se déploient sur 3 000m2, constituent une « découverte majeure » indique Assaad Seif, directeur des fouilles à la DGA, précisant que « le circus était à l’époque romaine une composante essentielle du paysage urbain ». Ainsi après Césarée (Palestine), Bosrah (Syrie), Jarash (Jordanie) et Tyr, Beyrouth a découvert son hippodrome antique. Il s’agit toutefois de le préserver. « Il n’y a aucun doute là-dessus. L’enjeu archéologique est de grande importance », affirme le ministre de la Culture, M. Tarek Mitri. « Nous allons faire usage de notre droit et de notre devoir pour conserver le site, quels que soient les détails. Je suis ferme et intransigeant sur la question. » «Pour ce faire, l’État devrait exproprier la parcelle, mais l’opération est onéreuse », déclare Hans Curvers, archéologue responsable auprès de Solidere, ajoutant qu’« il faudrait peut-être maintenir en l’état le site pour l’intégrer au sous-sol de la nouvelle construction. Mais dès lors, il sera inaccessible au public en raison tout simplement de la propriété privée ». Ce responsable dit avoir proposé à Solidere comme à la DGA un compromis qui serait de « démonter puis de réassembler l’hippodrome dans le jardin de Wadi Abou Jmil. La DGA a toute la latitude pour décider de l’opération », a précisé Hans Curvers. Pour la DGA, ce scénario est aberrant. « Nulle part au monde on a vu démolir ou démonter un hippodrome. Ce sera un précédent, une honte pour le Liban », déclare Assaad Seif. Il signale qu’« à Rome, le Circus Maximus qui n’a livré que 5 % de ses vestiges a été conservé in situ. Nous avons presque tous les éléments à Wadi Abou Jmil et vous voulez qu’on les détruise ? La décision de déplacer un monument est prise dans des cas extrêmes quand vraiment il n’y a pas d’autre choix ou lorsque la procédure est possible. En ce qui concerne l’hippodrome, l’opération est difficile, voire irréalisable, à cause des gradins (en pierre calcaire et en grès siliceux). Les rognons et les galets joints par des mortiers peuvent êtres détruits lors du démontage. C’est possible pour la spina, mais celle-ci n’est qu’un élément du circus (...) Il y a évidemment des impératifs économiques à respecter, mais faudrait-il pour autant dépouiller Beyrouth de sa mémoire ? » Mettant en garde contre un laxisme qui peut mener à la perte de leur mémoire, le directeur des fouilles poursuit en soulignant que « le patrimoine est unique, irremplaçable, porteur de valeurs. Sa sauvegarde nous concerne tous, et suppose un effort collectif ». En résumé, il ne s’agit pas de faire de Beyrouth une ville musée. On ne peut pas figer la ville dans l’histoire, mais on ne peut pas non plus faire fi de notre héritage. Notre sous-sol ne recèle pas de pétrole, mais il est une mine archéologique inépuisable. Ainsi, Beyrouth, tout en collant à la modernité, doit rester la vitrine d’une exceptionnelle diversité de civilisations, une richesse qui fait défaut aux pays du Golfe qui s’offrent des gratte-ciel aux étages pivotants, sans plus.
Les fouilles menées à Wadi Abou Jmil par la Direction générale des antiquités (DGA) sont terminées. Elles ont mis au jour les principaux éléments architecturaux d’un hippodrome romain : les gradins, la spina et les sections de colonnes (ou tambours) qui supportaient vraisemblablement les statuettes ornant la spina, et le toit abritant la tribune. Les vestiges, qui se déploient sur...