Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Plusieurs milliers d’officiers palestiniens de la « génération Arafat » mis à la retraite Abbas remanie en profondeur ses forces de sécurité et se sépare de la « vieille garde » du Fateh

Avec l’appui des États-Unis, le président palestinien Mahmoud Abbas procède à un profond remaniement de ses forces de sécurité, se séparant d’officiers montés en grade à l’époque de Yasser Arafat et renforçant les prérogatives de la Sécurité préventive. Plusieurs milliers d’officiers palestiniens de la « génération Arafat » ont accepté de partir en échange de promotions et d’une retraite équivalente à leur solde de service actif, selon les décrets de la présidence et les interviews de responsables obtenus par Reuters. Cette vaste réforme, qui prévoit de supprimer environ 30 000 postes dans les services de sécurité et de doter l’Autorité palestinienne d’une force de gendarmerie plus efficace, s’est accélérée ces derniers mois, à la suite de la prise de contrôle de la bande de Gaza par les islamistes du Hamas en juin 2007. Mais cette volonté d’évolution a provoqué des tensions entre le Premier ministre palestinien, l’économiste Salam Fayyad, formé à l’école occidentale, et la « vieille garde » du Fateh. Si plusieurs anciens chefs des services de sécurité ont accepté volontairement une retraite anticipée, d’autres combattants « historiques », comme Abou Ali Turki, n’ont guère apprécié le « parachute doré » qui leur était offert. « Ils essaient tout simplement de nous ficher dehors, sans autre forme de procès », déplore Turki, un cinquantenaire toujours fringant. Ancien responsable de la Force 17, unité d’élite chargée de la protection d’Arafat et que Fayyad a laissé disparaître progressivement, il est pourtant fataliste. « C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre. Nous avons fait notre temps », dit-il. Quelque 4 000 officiers auraient pris leur retraite depuis le début de l’année, profitant de ce décret, a-t-on précisé de sources palestiniennes et occidentales. M. Fayyad aurait jusqu’ici fait passer les effectifs des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne de 83 000 à 60 000 hommes, avec un objectif final de 50 000 hommes. « L’offre qui était faite était très intéressante », raconte Abou Fadi, 55 ans, un ancien membre de la Sécurité préventive qui a passé 17 ans dans les prisons israéliennes et a accepté de rejoindre la vie civile. Mais d’autres n’ont guère apprécié d’être ainsi poussés vers la porte. Hilal Wahid, 46 ans, ancien des services de renseignements, affirme que ce grand bouleversement n’est qu’une manœuvre politique visant à « chasser des forces se sécurité les gens qui restent fidèles à leur groupe ». Un responsable du ministère de l’Intérieur dément que les chefs militaires soient poussés vers la sortie contre leur volonté. « Il y a eu des propositions, certains ont accepté, d’autres non », assure-t-il. « Beaucoup d’officiers étaient d’ailleurs sans emploi depuis trois ans, on les payait alors qu’ils restaient à la maison. » Les observateurs étrangers font remarquer que nombre de ces réformes ont été menées sans grande publicité, voire dans un certain secret. Un décret propose aux officiers de plus de 45 ans et avec au moins quinze ans de services de prendre leur retraite avec un salaire plein. Un autre accorde au service de Sécurité préventive, qui opère en civil et que le Hamas considère comme l’un de ses plus farouches adversaires, des pouvoirs judiciaires et de police afin de défendre les prérogatives de l’Autorité palestinienne. Un « État policier » Les travaux du Parlement palestinien, où le Hamas est majoritaire, sont paralysés par l’incarcération dans les prisons israéliennes de plusieurs de ses membres et par les luttes entre factions palestiniennes, ce qui a conduit Abbas et son gouvernement à agir par décrets et ordonnances. Les réformes au sein des forces de sécurité sont de toute évidence destinées à faire obstacle aux avancées du Hamas en Cisjordanie et à sauver les chances d’un accord de paix avec Israël conduisant à la création d’un État palestinien. Mais elles soulèvent des interrogations chez les constitutionnalistes et les défenseurs des droits de l’homme, qui signalent une augmentation des cas d’abus de pouvoir tant dans la bande de Gaza qu’en Cisjordanie. Lors d’une récente rencontre avec Abbas, la Commission indépendante palestinienne sur les droits de l’homme a signalé « une tendance à la militarisation dans les deux territoires, comme si l’État de non-droit avait laissé place à un État policier, un État sécuritaire ». Nathan Brown, un professeur de l’université George Washington qui a aidé les Palestiniens à rédiger leur Constitution, rappelle que le gouvernement de Fayyad n’ayant pas à rendre compte à un Parlement incapable de se réunir, « les structures démocratiques se sont tout simplement effondrées ». « Les deux gouvernements, l’un à Ramallah et l’autre à Gaza, peuvent tous deux revendiquer des origines démocratiques, mais aucun des deux n’opère de manière démocratique aujourd’hui », constate-t-il. Des observateurs occidentaux s’inquiètent particulièrement de la directive concernant les nouveaux pouvoirs de la Sécurité préventive de Abbas, qui légalise les centres de détention gérés par cette force et stipule que ses activités, avec des pouvoirs judiciaires étendus, devront rester strictement « confidentielles ».
Avec l’appui des États-Unis, le président palestinien Mahmoud Abbas procède à un profond remaniement de ses forces de sécurité, se séparant d’officiers montés en grade à l’époque de Yasser Arafat et renforçant les prérogatives de la Sécurité préventive.

Plusieurs milliers d’officiers palestiniens de la « génération Arafat » ont accepté de partir en...