Il faudra trois ans et 450 millions de dollars pour réhabiliter le camp Préparatifs de la conférence de Vienne pour la reconstruction de Nahr el-Bared

Une période de trois ans et une somme de 450 millions de dollars seront nécessaires pour reconstruire le camp de Nahr el-Bared, détruit lors des affrontements de l’année dernière entre l’armée libanaise et les fondamentalistes de Fateh el-Islam. Une réunion préparant la conférence de Vienne – qui se tiendra le 23 juin prochain dans le but de rassembler des fonds pour la reconstruction du camp et de ses alentours – a été organisée hier à Beyrouth conjointement par l’Unrwa et le comité de dialogue libano-palestinien. Dans un entretien avec L’Orient-Le Jour, le président du comité libano-palestinien, Khalil Mekkaoui, a indiqué « qu’il faut environ la somme de 450 millions de dollars pour reconstruire le camp de Nahr el-Bared et les régions voisines ». Il a souligné que le nettoyage de la zone prendra encore tout l’été. Et c’est à partir de la fin de l’année que la reconstruction du camp commencera. « Dans la nouvelle partie du camp, des travaux de restauration ont déjà été entrepris depuis plusieurs mois », a-t-il souligné. Interrogé sur le relogement temporaire des réfugiés de Nahr el-Bared, il a indiqué que « l’Unrwa a mis à leur disposition 1 500 maisons préfabriquées alors qu’elle assure aux autres réfugiés le prix d’un loyer annuel ». Commentant la conférence qui se tiendra le 24 juin à Vienne, M. Mekkaoui a indiqué que ce sont le Liban, l’Autriche, l’Union européenne et la Ligue arabe qui ont adressé des invitations aux pays et aux organismes donateurs et que l’on s’attend à plus de soixante-dix participants. Dans un entretien avec L’Orient-Le Jour, la commissaire générale de l’Unrwa, Karen Koning Abu Zayd, a indiqué que l’aide accordée au cours de l’année écoulée aux réfugiés palestiniens de Nahr el-Bared par l’organisme onusien s’élève à 55 millions de dollars. Cette aide couvre la période s’étalant de septembre 2007 à septembre 2008. L’argent a été utilisé pour divers projets, notamment la mise en place de 1 500 maisons préfabriquées. Cette somme couvre également les allocations distribuées aux réfugiés palestiniens dans le but de louer des logements en attendant le retour dans le camp. Ces fonds ont financé d’autres activités, comme la reconstruction de deux écoles dans la partie nouvelle du camp. « En septembre prochain, une autre somme sera mise à notre disposition, elle s’élèvera à 36 millions de dollars », a indiqué Mme Abu Zayd, notant que cette somme est moins importante que la première car au cours de la première année, des travaux de reconstruction, comme c’était le cas pour les deux écoles, avaient été entrepris. Soutien autrichien La commissaire générale de l’Unrwa a aussi indiqué que jusqu’à présent, le nettoyage des remblais n’a pas été effectué dans le vieux camp. Ces remblais devraient être utilisés dans la reconstruction. « Nous avons commencé la semaine dernière à nettoyer les remblais de ce qui était le complexe de l’Unrwa. Les travaux s’étaleront sur cinq semaines pour être achevés », a-t-elle dit. Évoquant la conférence qui se tiendra à Vienne, elle a souligné que « les fonds qui seront rassemblés seront utilisés également pour la réhabilitation des villages limitrophes du camp ». « Ces villages ont été affectés par la guerre. Il ont également besoin de travaux d’infrastructure », a-t-elle souligné en conclusion. Présent à Beyrouth spécialement pour l’occasion, l’ambassadeur autrichien Ralph Scheide, vice-directeur général des Affaires politiques et directeur du département du Proche et du Moyen-Orient au ministère autrichien des Affaires étrangères, a indiqué dans un entretien avec L’Orient-Le Jour que « la conférence qui se tiendra le 23 juin à Vienne a deux buts : aider les réfugiés palestiniens qui ont souffert des événements à Nahr el-Bared et aider le Liban à instaurer sa souveraineté sur l’intégralité de son territoire ». Il a souligné qu’une « amitié profonde lie, depuis des siècles, le Liban à l’Autriche. Vienne admire et encourage le pluralisme libanais qui devrait être un exemple pour le monde ». En réponse à une question, M. Scheide a indiqué que le gouvernement libanais avait exprimé son souhait que Vienne accueille la conférence, et ce lors de la visite de la ministre autrichienne des Affaires étrangères, Ursula Plassnik, en février dernier. Il a souligné que le gouvernement autrichien a adressé 78 invitations aux pays et organismes donateurs, notamment aux pays membres de l’Union européenne, aux États-Unis, au Canada et au Japon. Durant la réunion d’hier, plus précisément lors de la séance inaugurale, plusieurs personnalités ont pris la parole. Le responsable du bureau de l’OLP à Beyrouth Abbas Zaki a appelé la communauté internationale à « aider à la reconstruction du camp de Nahr el-Bared et à soutenir les réfugiés afin qu’ils refassent leur vie ». Mme Abu Zayd a souligné, de son côté, que « l’Unrwa, le gouvernement libanais et la société palestinienne sont unis dans leur désir de reconstruire le camp ». « Cette reconstruction nécessite un important effort et l’opération sera longue et difficile, a-t-elle indiqué. Il relève de notre responsabilité d’aider les habitants de Nahr el-Bared à reconstruire leur vie. Nous avons déployé d’importants efforts pour leur assurer une aide provisoire, maintenant nous devons les aider à reconstruire leurs maisons. » Pour sa part, M. Mekkaoui a indiqué que « la guerre à Nahr el-Bared n’était pas une guerre libano-palestinienne ». Il a remercié « toutes les parties, libanaises et étrangères, ayant déployé des efforts pour panser les blessures ». Il a aussi précisé que le camp de Nahr el-Bared sera sous l’autorité du gouvernement libanais. Patricia KHODER