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Religion - Les radicaux exigent le bannissement total de l’Ahmadiyah L’Indonésie impose des restrictions à une secte contestée par les islamistes

Le gouvernement indonésien a imposé hier des mesures restrictives à un mouvement religieux minoritaire dérivé de l’islam, dans un contexte de fortes tensions opposant défenseurs de la liberté de croyance et fondamentalistes musulmans. La décision prise par le ministère de l’Intérieur et le ministère des Affaires religieuses interdit notamment aux fidèles de l’Ahmadiyah de « diffuser » les préceptes de leur foi, mais ne prononce pas le bannissement total de la secte ainsi que l’exigeaient les islamistes. « Il n’y a pas de dissolution », a précisé le procureur général Hendarman Supanji. La secte se voit prohibée de « diffuser des interprétations et de se livrer à des activités qui dévient des principaux enseignements de l’islam ». Parmi les préceptes devenus interdits de diffusion figure l’idée que Mohammad ne serait pas le dernier prophète, une thèse qui hérisse en Indonésie, pays de 234 millions d’habitants dont environ 88 % de musulmans sunnites. Des milliers d’intégristes musulmans avaient manifesté ce même jour à Djakarta pour exiger la dissolution de l’Ahmadiyah, fondée en Inde à la fin du XIXe siècle, qui compte 200 000 membres dans le pays et affirme rassembler des millions de fidèles dans le monde. Les manifestants scandant « Allah Akbar ! » (Dieu est le plus grand) avaient appelé à « exterminer » les « infidèles » de l’Ahmadiyah. « Si le président ne dissout pas l’Ahmadiyah, il n’y a pas d’autre option que le jihad (la guerre sainte islamique) », avait lancé Abdurrahman, l’un des organisateurs. « Jihad, jihad, jihad », avaient répondu les participants. Le président indonésien était sous une pression croissante des intégristes musulmans pour bannir l’Ahmadiyah, tandis que les défenseurs de la liberté religieuse lui demandaient au contraire de défendre les confessions minoritaires, dont l’Ahmadiyah. La décision gouvernementale, voulant ménager la chèvre et le chou, semblait mécontenter les deux parties. « Cela revient à geler l’Ahmadiyah », a déploré Ahmad Suaedy, directeur du Wahid Institute qui œuvre pour un islam tolérant. « À mon avis, le président a violé la Constitution », garante d’une identité confessionnelle plurielle, a-t-il estimé. Pour Muslim Abdurrahman, un expert de l’islam, la décision va « salir l’image de l’Indonésie comme plus grande démocratie musulmane du monde ». « Ce n’est pas suffisant, nous exigeons encore la dissolution de l’Ahmadiyah », a de son côté déclaré Farid Wajdi, porte-parole du Hizbut Tahrir, une autre organisation musulmane conservatrice. « Au moins ce décret souligne que l’Ahmadiyah ne peut être associée à l’islam », a-t-il poursuivi.
Le gouvernement indonésien a imposé hier des mesures restrictives à un mouvement religieux minoritaire dérivé de l’islam, dans un contexte de fortes tensions opposant défenseurs de la liberté de croyance et fondamentalistes musulmans.
La décision prise par le ministère de l’Intérieur et le ministère des Affaires religieuses interdit notamment aux fidèles de...