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La garde des Sceaux, ministre symbole, sous le feu des critiques de l’opposition et de la majorité Sarkozy s’insurge contre le « lynchage » de Rachida Dati

Figure incontournable de la première année de l’ère Sarkozy, présentée comme le symbole de la diversité en France et longtemps protégée du président, la ministre de la Justice, Rachida Dati, est de plus en plus contestée, y compris par la majorité de droite au pouvoir. Hier, face aux critiques qui s’amplifiaient, le président Nicolas Sarkozy a dû intervenir : il a réitéré son soutien à Mme Dati pendant le Conseil des ministres et dénoncé une « campagne de lynchage », alors que le monde politique spécule sur une disgrâce, voire une éviction du prochain gouvernement. Car depuis quelques mois, l’étoile de Mme Dati (âgée de 42 ans), sarkozyste de choc et première femme d’origine maghrébine à accéder à un ministère régalien, a fortement pâli. Jusqu’à ce que l’hebdomadaire L’Express fasse cette semaine sa une sur « les caprices de Rachida Dati ». La ministre a d’abord dû affronter la fronde des magistrats, furieux de la réforme de la carte judiciaire qui prévoit la fermeture de nombreux tribunaux en France et menée au pas de charge à l’automne dernier. Sa rigidité, son autoritarisme, sa brutalité – reconnus y compris par ses admirateurs – ont choqué dans le monde feutré de la justice et se sont soldés par le départ d’une dizaine de ses collaborateurs en un an. Comme son mentor (Nicolas Sarkozy), elle a affiché un goût pour le luxe, et ses couvertures de magazine ou apparitions en robes Dior ont irrité et choqué au moment où les Français s’inquiètent de la baisse de leur pouvoir d’achat. Sans doute plus grave pour elle dans un milieu politique ayant parfois des allures de cour royale, Rachida Dati semble avoir perdu son statut de « favorite ». La garde des Sceaux, présente dans presque tous les voyages présidentiels, vantée par Nicolas Sarkozy comme le symbole de la diversité, a ainsi été exclue d’un groupe restreint de sept ministres récemment constitué pour défendre l’action du chef de l’État français. De quoi encourager ses détracteurs, y compris au sein de la majorité. Lors du récent débat à l’Assemblée sur la réforme des institutions, des députés, de gauche, mais aussi de droite, se sont plaints de ses « faiblesses » ou de sa « désinvolture ». Mardi, Mme Dati, défendant une position isolée sur un sujet très polémique – l’annulation d’un mariage car l’épouse avait menti sur sa virginité –, s’est fait huer par l’opposition socialiste qui, jusque-là, l’épargnait relativement. L’ancienne ministre socialiste de la Justice Élisabeth Guigou a déclaré en avoir « par-dessus la tête » du « féminisme victimaire » dont ferait preuve sa collègue. Rachida Dati restait jusqu’à présent « un symbole embarrassant pour la gauche » qui n’a jamais promu à un tel rang une personne issue de l’immigration, rappelle Emmanuel Rivière, de l’institut de sondage TNS-Sofres. Il note le « parallèle entre les destins » de Mme Dati et du président, au sommet de leur popularité il y a un an avant d’entamer une dégringolade dans l’opinion fin 2007. « Aujourd’hui, on a affaire à une ministre et non plus à un symbole, et c’est très bien », estime pour sa part le président de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme, Patrick Gaubert, qui avait fermement défendu Mme Dati à ses débuts en estimant qu’elle était victime d’attaques en raison de ses origines. Fadila Mehal, responsable au sein de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (ACSE), se félicite que le parcours hors du commun de Mme Dati soit aujourd’hui « banalisé ». « Son arrivée dans le cénacle a traumatisé certains de ses pairs, il y a eu des réactions extrêmement violentes au début. Mais aujourd’hui, elle est jugée sur ce qu’elle fait. C’est une avancée qui ne sera plus jamais remise en cause », assure-t-elle.
Figure incontournable de la première année de l’ère Sarkozy, présentée comme le symbole de la diversité en France et longtemps protégée du président, la ministre de la Justice, Rachida Dati, est de plus en plus contestée, y compris par la majorité de droite au pouvoir.
Hier, face aux critiques qui s’amplifiaient, le président Nicolas Sarkozy a dû intervenir : il a...