Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

CONFÉRENCE - Dans le cadre du Festival du printemps au théâtre Tournesol Le pouvoir de la culture selon Ahdaf Soueif

Finaude, elle observe les gens, les sociétés et en tire matière pour ses romans et ses nouvelles. Née au Caire, ayant grandi en Égypte et en Angleterre, Ahdaf Soueif s’est imposée comme une grande romancière d’aujourd’hui avec «?Lady Pacha?», finaliste du Booker’s Prize 1999. Militante convaincue, elle a participé récemment à une résidence d’écrivains dans les territoires occupés en signe de solidarité avec le peuple palestinien. C’est au cours d’une conférence au théâtre Tournesol qu’elle a raconté, en images et en mots très touchants, le périple semé d’embûches, de barricades et de «?check-points?» de dix-sept auteurs de différentes nationalités partis découvrir l’autre visage de l’actualité. Dans ses romans, Ahdaf Soueif s’exprime dans la langue de Shakespeare parce que, dit-elle, elle ne maîtrise pas assez la langue arabe en tant qu’outil littéraire. Mais si la narration est en anglais, les dialogues eux sont en arabe. Et ce, à travers la magie de la traduction qui garde l’esprit de la langue et de la culture. Un recueil de ses essais a été publié en 2004 sous le titre original de Mezzaterra : Fragments from the Common Ground, ainsi que sa traduction (de l’arabe vers l’anglais) de I Saw Ramallah, de Mourid Barghouti. Elle vit avec ses enfants à Londres et au Caire. Elle est également une commentatrice culturelle et politique. Car la guerre des civilisations prônée par Samuel Huntington et le sentiment anti-islamique des néoconservateurs aux États-Unis, faisant un amalgame entre islamisme et terrorisme et qui se répand un peu partout de par le monde, désolent cette écrivaine femme, arabe, égyptienne, musulmane. Une femme qui a été élevée dans une Égypte des années 1960, ce qui signifie un être élevé, selon ses dires, «?musulman, chrétien, égyptien, arabe, africain, méditerranéen, non-aligné, socialiste, mais satisfait avec un peu de capitalisme. De plus, si vous étiez citadin et professionnel, vous auriez des chances de parler l’anglais et ou le français, et danseriez sur la musique des Stones ou de Abdel-Halim. Au Caire, vous pourriez regarder des films arabes, anglais, français, italiens ou russes. Nous nous sentions à cheval entre les deux cultures arabe et occidentale, mais nous savions qui nous étions. Lorsque je pense à ces années, j’imagine l’identité des années 1960 comme un vaste lieu de rencontre, une terre commune avec des avenues qui mènent à une terre riche aux multiples traditions », conclut Ahdaf Soueif dans la préface de son dernier livre. C’est vers cette terre qui regroupe toutes ces cultures et traditions qu’elle veut retrouver cette terre riche et tolérante qu’elle a appelée Mezzaterra. Edward Saïd, la référence L’auteure a donc fait un voyage en compagnie de seize auteurs de différentes nationalités. Ils ont visité les territoires occupés en solidarité avec le peuple palestinien. Cet événement intitulé Festival palestinien de la littérature s’est déroulé du 7 au 11 mai. «?C’est en reconnaissance de la contribution culturelle de la Palestine au reste du monde et en affirmation du pouvoir des mots et la responsabilité de prononcer ces mots que ce festival a été organisé?», précise la romancière britannico-égyptienne. Et d’ajouter?: «?Nous nous sommes inspirés de l’appel du grand penseur palestinien, feu Edward Saïd, de réaffirmer le pouvoir de la culture par opposition à la culture du pouvoir. Reconnaissant les difficultés auxquelles font face les Palestiniens à se déplacer dans leur propre pays sous l’occupation militaire, le festival a eu une portée jusqu’à son public en Cisjordanie. Il s’est arrêté à Jérusalem, à Ramallah, à Jenin et à Bethléem. Malheureusement, le festival n’a pas pu se rendre à Gaza cette année.?» Les auteurs participant étaient Mourid Barghouti, Victoria Brittain, William Dalrymple, Roddy Doyle, Esther Freud, Suheir Hammad, Nathalie Handal, David Hare, Ian Jack, Brigid Keenan, Jamal Mahjoub, Claire Messud, Pankaj Mishra, Andrew O’Hagan, Hanan al-Shaykh et Raja Shehada. Ont collaboré à cet événement?: le British Council, la A.M. Qattan Foundation, l’Université de Bethléem, l’Université de Birzeit, la librairie The Bookshop de l’American Colony Hotel, Dar an-Nadwa à Bethléem ainsi que Yabous Productions. Également appuyé par le fonds Sigrid Rausing Charitable Fund, la Fondation Ford, le fonds Arab Fund for Arts and Culture et l’Unesco. Selon la romancière, «?le projet sioniste en Palestine – créer un État basé sur la dépossession des habitants non-juifs du pays – n’a jamais été noble : la terre convoitée était la patrie d’un autre peuple et les fondateurs de la nation israélienne l’ont tué, terrorisé et déplacé pour réaliser leur projet. Mais la nation palestinienne y vit – visiblement et bruyamment, et partout. Pour faire son propre déni, Israël doit nier et supprimer l’histoire palestinienne. Pour imposer son dessein sur la Palestine, il doit, d’une manière ou d’une autre, faire disparaître les Palestiniens.?» «?Ce qui ne nous tue pas nous renforce?», dit-elle en citant un historien. Et c’est ainsi que l’ethnocide continue. Maya GHANDOUR HERT
Finaude, elle observe les gens, les sociétés et en tire matière pour ses romans et ses nouvelles. Née au Caire, ayant grandi en Égypte et en Angleterre, Ahdaf Soueif s’est imposée comme une grande romancière d’aujourd’hui avec «?Lady Pacha?», finaliste du Booker’s Prize 1999. Militante convaincue, elle a participé récemment à une résidence d’écrivains dans les...