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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - La Galerie 6, rue Abdel Wahab el-Inglizi, ouvre ses portes Vagabondages en noir et blanc de Farid Aouad Colette KHALAF

Une exposition totalement inédite de l’œuvre du peintre Farid Aouad regroupe, à la Galerie 6, une soixantaine de dessins au fusain. Cet affichage, qui se tient jusqu’au 18 juin, inaugure le nouvel espace situé rue Abdel Wahab el-Inglizi et qui sera essentiellement réservé aux expositions d’artistes (peintres et sculpteurs) libanais. Cette série de croquis signés Farid Aouad entre 1942 et 1955 préluderait, selon la galeriste Nicole Ducass Vincenti, un autre affichage, des peintures de la période bleue de l’artiste. Issu de la première génération d’étudiants des débuts de l’ALBA et ayant formé avec Abboud, Eido et Nammar le premier noyau de l’histoire de la peinture libanaise, Farid Aouad « a posé de façon fondamentale le problème de la relation entre la culture, la peinture et le vécu », dit Michel Fani dans son Dictionnaire de la peinture au Liban. « Dès le départ, poursuit Fani, il est allé à la difficulté de la figure, par un choix délibéré, où l’interrogation de la peinture se clarifiait. » Ainsi, dès ses premières œuvres au fusain, au trait enlevé et épuré, rapide et parisianisé, que Gemayel avait encouragé, Aouad s’était créé un style. Comme une marque déposée. Certes, il serait trop restrictif de définir le travail de Farid Aouad par rapport à sa biographie, néanmoins, il est intéressant de déceler, à travers la trame de son œuvre, les influences et les strates accumulées dans sa pensée et dans sa démarche artistique. Un esprit libre Se désintéressant très tôt des études pour se consacrer au dessin, l’enfant de Jezzine demandait un jour à un voisin retoucheur de photographies de lui donner des cours de peinture. C’est à l’âge de dix-huit ans qu’il est admis à l’école des beaux-arts (ALBA). Dans ce Beyrouth des années 40, il fallait exercer un choix délibéré pour accéder à la peinture, souligne Fani dans son dictionnaire. Alors que les artistes de cette époque en étaient encore à défendre la représentation, les étudiants de l’ALBA s’ouvraient à la modernité. « Il semblait alors aux jeunes peintres du groupe que la seule solution au problème était Paris, non seulement comme mise à distance géographique, mais comme lieu mental permettant d’interroger l’histoire de la peinture et suscitant le désir violent d’y trouver une place. » Si, durant deux ans, Aouad ne fait que du dessin, c’est pour la simple raison qu’il était sans le sou et le papier était fourni par l’ALBA. Ses silhouettes, rapides, saisies au vol, dans l’instant d’un mouvement, reflètent l’état d’âme de cet artiste pour qui le temps était précieux. « Carpe Diem. » Avec une maîtrise du crayon qui dénote à la fois le réalisme et la poésie, Farid Aouad puise dans le réel et le vécu pour croquer le fugace et l’instantané. Son œuvre suscite l’interrogation chez chacun. Quel peintre aurait été Aouad s’il était resté à Beyrouth ? Paris avec ses bistrots, ses cafés et ses métros ne lui offrait pas seulement ses sujets de prédilection, mais une interrogation formelle et graphique, loin des bavardages et du soleil stériles du Liban. « En Paris, l’artiste voyait moins une source de poétisation – comme la plupart des peintres libanais chez qui cette ville exaspère le narcissisme – qu’un lieu qu’il pouvait peindre ou qui rendait la peinture possible. » D’ailleurs, Aouad n’était pas un peintre à vouloir dessiner simplement Paris, mais plutôt ces passants qui grouillent ou qui sont seuls en attente dans les lieux publics. À travers ces croquis en noir et blanc où la couleur ne vient pas ajouter son lot de superficialité, voire de légèreté, il semble qu’en voulant reproduire la vie et en y jetant son long regard d’observateur, Farid Aouad souhaiterait la posséder, du moins… la retenir. Une exposition riche en émotions et nostalgie et qui inaugure en beauté un programme rempli d’activités artistiques de la Galerie 6, rue Abdel Wahab el-Inglizi.
Une exposition totalement inédite de l’œuvre du peintre Farid Aouad regroupe, à la Galerie 6, une soixantaine de dessins au fusain. Cet affichage, qui se tient jusqu’au 18 juin, inaugure le nouvel espace situé rue Abdel Wahab el-Inglizi et qui sera essentiellement réservé aux expositions d’artistes (peintres et sculpteurs) libanais.
Cette série de croquis signés Farid Aouad...