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Actualités - OPINION

Appel aux femmes du Liban entier Halina LISOWSKA-CHEHAB

Je suis une femme, une étrangère devenue libanaise par excellence. Il y a 26 ans, j’ai lié mon destin avec le pays du Cèdre. Je suis une mère. La mère d’un fils unique de 23 ans, et j’ai peur, j’ai terriblement peur pour lui. Et je sais que des mères ayant plus qu’un seul ont encore plus peur. Nous, les femmes, nous portons nos bébés pendant de longs mois sous nos cœurs, nous les mettons au monde dans la douleur, nous les nourrissons de nos propres sang et chair, nous ne dormons pas des nuits entières en veillant sur leur santé et séchant leurs pleurs… Nous, avec une patience sacrée, suivons leur parcours scolaire. Nous nous privons de tout pour leur payer l’école et l’université. Nous rêvons du jour où ils seront grands, travailleront, se marieront et nous donneront des petits-enfants. Comment accepter qu’un homme, se prenant pour un dieu, les appelle à se battre, à tuer leur voisin, copain d’école ou même frère avant d’aller se faire tuer à leur tour ! De quel droit s’empare-t-on de la vie que nous, les femmes, avons donnée ? Femmes du Liban, mes amies, mes sœurs dans la douleur. Femmes de toutes les villes et tous les villages du Liban, de ce Liban printanier, splendide et plein de couleurs. Femmes de toutes les confessions et organisations confondues. Femmes en minijupe et femmes en tchador, grand-mères et futures mères… Nous sommes toutes dans la même situation et nous nous comprenons par excellence. Choisissons un jour, une heure exacte. Arrêtons notre travail, jetons nos tabliers, oublions nos cuisines et rassemblons-nous dans nos villes et villages à la même heure pour crier ensemble et fort : Non à la guerre ! Non à toutes sortes d’hostilité ! Non à la mort, chaos et désordre ! Non à la vengeance et à la haine ! Non aux dieux de la destruction et de la mort ! Oui à la vie ! Oui au dialogue ! Oui au compromis ! Oui à la sagesse ! Oui au dieu de l’amour ! Crions pour que nos hommes guerriers, nos pitoyables chevaliers de l’ombre, enfouis sous la terre ou barricadés dans leurs forteresses, nos hommes qui jettent si facilement nos fils dans la rue pour y mourir, puissent nous entendre. Pour que notre voix unie, notre cri de désespoir, les prive dorénavant du sommeil et les persécute à chaque instant de leur vie. Manifestons notre colère. Ne restons pas muettes, condamnées à subir ce que les hommes décident ! Ça suffit ! Et n’oublions pas que la force est dans l’unité. P.S. : Seuls drapeaux permis : le drapeau libanais et l’arc-en-ciel. Car nous sommes de toutes les couleurs. Comme la vie. Nous donnons la vie et nous aspirons à la vie. Personne, aucun décideur, aucun parti, aucune confession n’a le droit de toucher à la vie. Et que personne ne s’octroie le droit de la reprendre à quiconque ! Article paru le vendredi 16 mai 2008
Je suis une femme, une étrangère devenue libanaise par excellence. Il y a 26 ans, j’ai lié mon destin avec le pays du Cèdre. Je suis une mère. La mère d’un fils unique de 23 ans, et j’ai peur, j’ai terriblement peur pour lui. Et je sais que des mères ayant plus qu’un seul ont encore plus peur.
Nous, les femmes, nous portons nos bébés pendant de longs mois sous nos...