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Actualités - CHRONOLOGIE

La situation des rescapés du cyclone s’aggrave Malgré Nargis, la junte birmane se targue du « succès » de son référendum

La junte militaire birmane s’est félicitée hier du « succès » de son référendum constitutionnel, en dépit des appels internationaux lui demandant de sauver les quelque deux millions de sinistrés du cyclone Nargis dont une bonne partie n’a toujours pas reçu d’aide. Appelés aux urnes pour la première fois depuis 1990, les électeurs birmans ont participé « massivement » au référendum de samedi, a affirmé le quotidien New Light of Myanmar, contrôlé par le régime. Mais, à aucun moment, cet article n’évoque l’une des pires catastrophes de l’histoire récente qui a fait au moins 28 000 morts et 37 000 disparus, alors que des diplomates évoquent plus de 100 000 tués. « La tenue du référendum a été couronnée de succès dans l’ensemble du pays », à l’exception des 47 municipalités de Rangoun et du delta de l’Irrawaddy (Sud-Ouest) où il a été reporté au 24 mai, a affirmé le journal. Les autorités n’ont toutefois pas indiqué le nombre de personnes qui étaient habilitées à voter. La télévision d’État a diffusé des images de généraux birmans votant lors de ce référendum, censé ouvrir la voie à des « élections multipartites » en 2010 et à un éventuel « transfert de pouvoir » aux civils. Mais, pour l’opposition emmenée par la lauréate 1991 du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi et qui avait appelé à voter « non », le texte constitutionnel pérennise la suprématie de l’armée, au pouvoir depuis 1962. La télévision a largement relayé également un spot publicitaire où des chanteurs enjoués exhortaient les Birmans à aller voter car « le plus bel avenir s’ouvre devant nous si la Constitution est approuvée ». Le clip fustigeait aussi les « manipulations » de « colonialistes », les « ingérences étrangères » et plaidait pour la défense de la « souveraineté » et de l’« unité » nationales. Les généraux se présentent comme les garants de la stabilité et de l’indépendance d’un pays qui fut colonie britannique jusqu’en 1948 ainsi que les seuls capables d’empêcher « la désintégration de la nation » face aux rébellions de minorités ethniques. Le numéro un de la junte, le généralissime Than Shwe, 75 ans, réputé sensible aux conseils d’astrologues, était apparemment déterminé à ce que le référendum se tienne à la date prévue. Il a ignoré les appels internationaux et ceux de la Ligue nationale pour la démocratie de Mme Suu Kyi à donner la priorité absolue au sauvetage des 1,5 à deux millions de sinistrés désespérés du cyclone Nargis. L’ONU a indiqué n’avoir eu accès qu’à 500 000 d’entre eux, soit un quart seulement des sinistrés. L’assistance arrive au compte-gouttes parce que le régime birman, réputé paranoïaque et obsédé par la défense de sa souveraineté, refuse notamment que les opérations de secours soient conduites par des étrangers. Illustrant les difficultés logistiques auxquelles doivent faire face les organisations humanitaires, un bateau acheminant une des premières cargaisons d’aide aux rescapés a coulé dans le delta de l’Irrawaddy après avoir, semble-t-il, heurté un arbre, ont fait savoir la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge. Les routes sont par ailleurs impraticables et une grande partie du delta s’est transformée en une vaste zone de marécages. Le président français Nicolas Sarkozy a dénoncé un régime « éminemment condamnable qui refuse l’aide internationale » et la chancelière allemande Angela Merkel a jugé « inacceptables » les restrictions imposées. Pour leur part, les États-Unis ont annoncé l’arrivée aujourd’hui d’un premier avion militaire transportant de l’aide et se sont abstenus de critiquer l’organisation du référendum, en soulignant seulement que la junte devait s’atteler aux opérations de secours. Les rescapés du passage du cyclone Nargis en Birmanie continuaient hier à fuir le delta de l’Irrawaddy, région la plus touchée, en quête de nourriture, d’eau et de médicaments. Selon des ONG, des milliers de personnes vont trouver la mort si une aide d’urgence ne leur est pas fournie rapidement. Des temples bouddhistes et des lycées accueillent, dans les villes situées en bordure de la zone balayée par Nargis, des femmes, des enfants et des personnes âgées.
La junte militaire birmane s’est félicitée hier du « succès » de son référendum constitutionnel, en dépit des appels internationaux lui demandant de sauver les quelque deux millions de sinistrés du cyclone Nargis dont une bonne partie n’a toujours pas reçu d’aide.
Appelés aux urnes pour la première fois depuis 1990, les électeurs birmans ont participé...