Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Les réfugiés sont la clé Sam BAHOUR*

Le droit international est clair quant à l’illégalité de l’acquisition d’un territoire par la force. Néanmoins, en 1948, l’État d’Israël fut fondé par la force. En 1980, Jérusalem est illégalement annexée par la force par l’État d’Israël et, aujourd’hui, la bande de Gaza et la Cisjordanie sont occupées militairement par la force israélienne avec le consentement de la totalité de la communauté internationale. La preuve en est qu’en 2008, Israël doit encore formellement définir ses frontières, ce qui laisse à penser que son intention est de poursuivre ce schéma d’expansion par la force. Le droit international est clair sur la question des réfugiés. Ils ont le droit inaliénable de revenir chez eux ou d’accepter des compensations pour l’épreuve qu’ils ont endurée. Ce droit est un droit individuel qui ne peut être négocié ou écarté car une des parties souhaite créer une nation ethniquement stérile. Pendant des mois, les résidents palestiniens de la bande de Gaza ont été la cible d’une campagne militaire israélienne incessante qui a causé la mort de plus de 500 Palestiniens, parmi lesquels beaucoup de femmes et d’enfants. Les 1,5 million de Palestiniens de Gaza sont enfermés dans la plus grande prison à ciel ouvert au monde. Israël contrôlant tous les liens entre Gaza et le monde extérieur, certains ont qualifié les actions draconiennes israéliennes contre Gaza d’expérience humaine de production de désespoir de masse. Alors que les attaques palestiniennes avec de grossières roquettes à partir de Gaza vers des villes israéliennes sont souvent rapportées par les médias internationaux, le fait que la plupart des résidents de Gaza soient des réfugiés de ce qui est aujourd’hui Israël, est beaucoup moins relevé. Les droits de l’homme basiques de ces réfugiés, ainsi que ceux de leurs frères dans d’autres endroits de la région, sont rejetés pour des motifs ethniques depuis leur déplacement il y a 60 ans. Si la communauté internationale souhaite réellement faire progresser le processus de paix, elle devrait faire pression sur Israël pour qu’il reconnaisse les droits des Palestiniens, à commencer par ceux des réfugiés. Les réfugiés palestiniens symbolisent le long conflit entre Israéliens et Palestiniens. Le problème des réfugiés trouve ses racines dans la « guerre » d’indépendance israélienne de 1948, qui a abouti au déplacement de masse de plus de 750 000 Arabes palestiniens (approximativement la moitié de la population arabe). Selon des études historiques sur la guerre, dont les apports récents d’historiens israéliens, les forces juives sionistes ont précipité la fuite des Arabes palestiniens dans le cadre d’une campagne de transfert de population. L’État naissant d’Israël a, par la suite, promulgué des lois afin d’exproprier les réfugiés et d’empêcher leur retour. Les réfugiés se sont retrouvés sans domicile et sans ressources, dépendant essentiellement de l’aide étrangère pour leur survie. Par la suite, l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza en 1967 a résulté en un nouveau mouvement de déplacement concernant d’environ 200 000 Palestiniens. Aujourd’hui, il y a environ 5,5 millions de réfugiés et déplacés palestiniens à qui l’on n’a jamais donné le choix de retourner chez eux ou de recevoir des réparations pour leurs pertes. La poursuite de ce déni de leurs droits est un résumé de ces décennies de lutte et de dépossession dont les Palestiniens ont souffert. Avec lancement du processus de paix, au début des années 90, l’espoir est revenu de voir l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de la bande de Gaza prendre fin et la situation critique des réfugiés de trouver une solution. Ces espoirs ont été douchés quand les négociations ont atteint une impasse, menant vers un blocage et la reprise des attaques israéliennes contre des zones palestiniennes. Attaques qui continuent de miner la situation régionale. Suite à l’échec des négociations, il y eut de nombreux débats sur les responsabilités de cet échec. Mais ces débats ont caché un problème plus large qui alimente les flammes du conflit entre Israéliens et Palestiniens : le refus israélien de se plier aux règles du droit international, y compris les droits des réfugiés palestiniens et l’incapacité des tierces parties à faire respecter ces règles. Si l’on prend le problème des réfugiés palestiniens comme un exemple, l’État d’Israël, qui a la clé pouvant permettre de résoudre ce problème, a refusé de reconnaître le droit de ces réfugiés à choisir de retourner chez eux et rejeté toute responsabilité dans ce dossier qui date de 1948. Israël a adopté cette ligne de conduite en violation du droit international, en violation notamment de la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies, qui affirme le droit des réfugiés palestiniens à rentrer chez eux ou à obtenir des compensations. L’Assemblée générale réaffirme chaque année, depuis 1948, ce droit basique des réfugiés palestiniens. En outre, l’admission d’Israël comme membre des Nations unies (résolution 273 de l’Assemblée générale, 11 mai 1949) requérait d’Israël qu’il se plie aux conditions de la résolution 194 du 11 décembre 1948. À cette époque, Israël a déclaré accepter de se soumettre à cette résolution. Israël a ensuite défendu son refus d’octroyer le droit au retour en arguant que le retour massif des réfugiés palestiniens signifierait la mort de l’État juif. Admettre sa responsabilité historique envers le peuple palestinien et reconnaître les droits des réfugiés pourraient toutefois au contraire apporter la sécurité et la prospérité à Israël. Une reconnaissance israélienne de ces principes de base améliorerait en effet l’atmosphère sur le terrain, et aiderait à créer plus d’égalité entre les parties et apporterait un cadre juste pour travailler sur les détails d’un plan de paix visant à résoudre le conflit. Le premier Premier ministre israélien a dit que « les vieux (réfugiés) mourront, et les jeunes oublieront ». Plus récemment, l’actuel Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a déclaré explicitement que les Palestiniens doivent « renoncer à leur demande concernant le droit au retour ». À la suite de ces souhaits néfastes, Israël a cherché à nier la question des réfugiés. La quantité de sang versé depuis 1948 prouve toutefois le caractère erroné et immoral de la position israélienne. S’y tenir ne mènera qu’à plus de sang versé. Les droits du peuple palestinien, et en particulier ceux des réfugiés, devrait être reconnu au même titre que les droits légitimes du peuple israélien. En fin de compte, ce n’est que par une application juste du droit international que nous pourrons sortir du blocage actuel et créer les conditions propices à la paix. Autrement, la stratégie israélienne basée sur l’idée que « la force est le bien » – stratégie dont on sait qu’elle est vouée à l’échec – l’emportera et entraînera la poursuite des morts et des destructions inutiles des deux côtés. * Sam Bahour est un homme d’affaires palestino-américain résidant dans la ville assiégée d’el-Bireh, en Cisjordanie. Il a coécrit, avec Staughton et Alice Lynd Homeland: Oral Histories of Palestine and Palestinians (1994). Il peut être contacté à l’adresse suivante : sbahour@palnet.com.
Le droit international est clair quant à l’illégalité de l’acquisition d’un territoire par la force. Néanmoins, en 1948, l’État d’Israël fut fondé par la force. En 1980, Jérusalem est illégalement annexée par la force par l’État d’Israël et, aujourd’hui, la bande de Gaza et la Cisjordanie sont occupées militairement par la force israélienne avec le...