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Une nouvelle génération russe au pouvoir

Le nouveau président de Russie, Dmitri Medvedev, rompt avec le style de son prédécesseur – il est plus moderne, plus avenant –, mais il reste un pur produit du système Poutine. À 42 ans, il se retrouve propulsé à la tête du plus grand pays du monde par la seule volonté de son mentor, Vladimir Poutine, de 13 ans son aîné, qui deviendra son Premier ministre, un scénario inédit en Russie. Ancien juriste au discours monotone, cet homme petit cherche à s’affirmer après avoir copié les intonations de M. Poutine. Son point de vue sur la démocratie ou la politique extérieure reste largement une énigme. « Il est très intelligent. Il fait partie d’une autre génération », disait de lui en décembre la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice, tout en rappelant qu’il a dirigé Gazprom, le géant gazier perçu comme l’arme énergétique du Kremlin. Sera-t-il un simple exécutant des ordres de son mentor passé au gouvernement ou un homme politique indépendant avec une vision propre ? « Il a toutes les chances de devenir un authentique président s’il a une volonté politique. En a-t-il une vraiment ? On verra après l’investiture », explique à l’AFP Boris Nemtsov, ancien vice-Premier ministre du président Boris Eltsine devenu opposant libéral. Contrairement à Vladimir Poutine, « il n’est pas du KGB. Cela donne quelque espoir », ajoute-t-il. Il est aussi le premier président de Russie qui n’ait pas effectué une partie de sa carrière en Union soviétique, disparue en 1991. Pour l’instant, Dmitri Medvedev cultive l’image d’un homme normal et moderne : il utilise Internet, apparaît en jeans lors de rencontres informelles et affiche une vie « saine », affirmant nager tous les jours et raffoler de sushis. Dernièrement, le quotidien populaire Komsomolskaïa Pravda a publié des photos de lui sortant du cinéma avec son épouse, lors d’un match de foot avec son fils Ilia, 12 ans, ou tout seul en train de pêcher au trou en Sibérie. Un style qui tranche avec celui volontiers viril de Vladimir Poutine, envoyant ses adversaires au tapis lors d’une séance de judo, grimpant dans le cockpit d’un avion de chasse ou posant, torse nu, lors d’une partie de pêche. « Le militarisme brutal et le sex appeal de moujik » de Poutine, qui écoute de la musique pop russe, « passe de mode, cédant la place à un style intellectuel et dandy » chez Medvedev, fan du groupe de rock Deep Purple, qui pratique le yoga et a un aquarium, écrit le magazine GQ russe. Né le 14 septembre 1965 à Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) dans une famille d’enseignants, Dmitri Medvedev a grandi dans un quartier populaire de l’ancienne capitale impériale. Il étudie à l’université de droit de sa ville natale mais entre très vite au Comité des relations extérieures de la municipalité, alors dirigé par un certain Vladimir Poutine, où il reste cinq ans (1990-1995). Sa carrière se construit dès lors tout entière autour de Vladimir Poutine, qui le fait « monter » à Moscou en 1999. Élu président en mars 2000, ce dernier le nomme chef-adjoint puis chef de l’administration présidentielle. En novembre 2005, il devient premier vice-Premier ministre, poursuivant son ascension vers le Kremlin sous la houlette de son mentor, dont il aura accompagné, de son plein gré ou non, toutes les dérives, du musellement des médias à l’étouffement de l’opposition.
Le nouveau président de Russie, Dmitri Medvedev, rompt avec le style de son prédécesseur – il est plus moderne, plus avenant –, mais il reste un pur produit du système Poutine.
À 42 ans, il se retrouve propulsé à la tête du plus grand pays du monde par la seule volonté de son mentor, Vladimir Poutine, de 13 ans son aîné, qui deviendra son Premier ministre, un scénario...