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Actualités - CHRONOLOGIE

Plus de deux cents sessions de formation destinées aux jeunes, aux femmes, aux handicapés et aux professionnels La roulotte informatique reprend la route en direction du Liban-Sud

Malgré la désolation et le désespoir qui s’emparent des Libanais, au fur et à mesure que la crise politico-sécuritaire s’aggrave, les initiatives privées de développement et de soutien aux groupes sociaux les plus défavorisés se poursuivent au rythme de la persistance de l’impasse. Parmi les nouveaux défis que la société civile s’est engagée à relever, à l’ombre d’un climat on ne peut plus morose, celui de s’attaquer à « l’analphabétisme informatique » qui sévit notamment dans les régions les plus reculées du pays, comme au Liban-Sud, un secteur géographique que la guerre de 2006 a achevé d’accabler et où l’ampleur des dévastations est désormais connue de tous. L’idée n’est pas nouvelle, puisque le projet existait déjà avant les hostilités de juillet, lorsqu’une e-Caravan avait sillonné le pays dans l’optique de promouvoir au passage le « droit de chacun à l’informatique ». Lancée en janvier 2006, par la Fondation Saradar, la roulotte informatique, qui avait réussi à circuler dans plusieurs villages libanais dispensant près de 1 070 heures de formation, est de nouveau en route, en dépit de la destruction totale d’un premier véhicule dans la région de Aïta el-Chaab, dans la bande frontalière. Comme l’a d’ailleurs relevé la directrice générale de la fondation, Tania Hélou, la nouvelle e-Caravan, rebaptisée Phénix, cet « oiseau mythique qui renaît de ses cendres », « s’inscrit dans la continuité mais aussi dans la nouveauté ». « Dotée d’une nouvelle dimension éducative et culturelle qui répond aux besoins les plus pressants depuis la guerre de 2006, elle se propose d’élargir l’éventail de son programme de formation offrant des cursus destinés à développer et à renforcer les capacités informatiques des micro et petites entreprises, participant ainsi à la consolidation de ce secteur vital, comme l’explique Mme Hélou. Ce projet, le premier du genre, vise en outre à permettre le transfert de la connaissance en prévoyant des cours en informatique quel que soit l’âge, le profil ou l’aptitude du candidat, sachant notamment que tous les niveaux de formation sont assurés, y compris celle des formateurs. » Destinées d’une part aux jeunes, aux femmes, aux personnes âgées, mais aussi aux handicapés, des sessions de formation de base sont prodiguées par des experts spécialement engagés pour la mission. Des sessions d’un niveau plus avancé seront en outre consacrées à l’instruction des formateurs et des personnes actives dans des entreprises locales enlisées dans une bataille de survie sans pareille. Désormais, grâce à « l’école informatique mobile », ces entreprises pourront bénéficier d’un soutien logistique qui habilitera leurs employés à renforcer leurs capacités productives et créatrices. Les personnes malvoyantes, ou souffrant d’un handicap quelconque, ont été prises en compte, puisque le véhicule a été spécialement équipé et adapté à leurs besoins de manière à leur permettre d’en profiter autant que les autres. Attention particulièrement rare au Liban, une rampe spéciale a été prévue pour les personnes se déplaçant sur chaise roulante, une initiative en faveur de laquelle l’Union des handicapés du Liban (LPHU) – elle-même partenaire dans ce projet – lutte depuis des années. Un logiciel spécialement conçu pour les malvoyants a été intégré au système, introduisant ainsi une nouvelle culture de lutte contre la discrimination sur base du handicap. La roulotte est par ailleurs dotée d’un réseau de 10 PC avec des écrans plats, une imprimante laser, un projecteur LCD avec écran et deux modems de connexion par satellite. Près de 1 400 personnes, plus de 150 professionnels seront ainsi formés par les experts, ainsi que 80 formateurs appelés à dispenser à leur tour des sessions d’enseignement qui profiteront à une seconde, voire une troisième génération de personnes rodées à l’informatique appliquée. Trois ONG réputées pour leur militantisme dans le domaine public – Baldati, la LPHU et l’Association de la jeunesse non-voyante, ont contribué à la réalisation de ce projet, également sponsorisé par l’ambassade d’Italie, l’ambassade du Canada, l’Escwa et le ministère de la Culture. Le projet, qui s’étendra aux cazas de Tyr, Nabatiyeh, Marjeyoun et Bint-Jbeil, servira également à relier les villages du Liban-Sud, à travers un réseau de quatre sites Internet (Web Network) qui seront créés, à partir de quatre bibliothèques publiques affiliées au ministère de la Culture. Dans une phase dite « pilote », la e-Caravan Phénix se dirigera vers les cazas mentionnés pour une période de 12 mois renouvelables. Parmi les premières « stations d’arrêt » ou points d’attache de la roulotte, les localités de Deir Qanoun el-Nahr, Qana, Barich, Srifa, Nabatiyeh, suivies de Marjeyoun, Houla, Majdel-Selm, Aïtaroun et Bint-Jbeil. Des régions d’autant plus défavorisées sur le plan socio-économique que le chômage y a atteint un taux de près de 25 %, avec un revenu mensuel par foyer de moins de 300 dollars pour une famille de 4,8 personnes. « À travers la réactivation du projet e-Caravan, la Fondation Saradar entend réaffirmer, avec ses partenaires, sa solidarité envers les populations du Liban-Sud, mais aussi sa détermination à renforcer le développement humain, à contribuer à la diffusion de la connaissance et de l’informatique, des atouts réels pour l’émergence d’une société de connaissance, capable de relever les défis de demain », précise Tania Hélou. Une belle leçon d’engagement et de générosité envers le citoyen libanais, délaissé depuis des années par un État impuissant. Jeanine JALKH
Malgré la désolation et le désespoir qui s’emparent des Libanais, au fur et à mesure que la crise politico-sécuritaire s’aggrave, les initiatives privées de développement et de soutien aux groupes sociaux les plus défavorisés se poursuivent au rythme de la persistance de l’impasse.
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