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Actualités - OPINION

Les juristes et la législation au Liban d’antan

À un moment où les Libanais sont profondément divisés sur certains problèmes d’ordre juridique, on a tendance à oublier que Beyrouth par le passé était appelé la «?Mère des lois?». Les professeurs de l’école de droit entretenaient des liens étroits avec les autres centres internationaux où le droit était enseigné – les écoles officielles à Rome, Athènes et Constantinople. Jetons un regard sur le passé. L’empereur Auguste a vite reconnu au Ier siècle de notre ère que Beyrouth lui ouvrait une porte sur l’Orient. Il fonda la colonie romaine qu’il nomma «?Colonia Julia Augusta Felix Berytus?». Il installa les vétérans des légions V Macedonica et VIII Gallica et leur donna des terrains en reconnaissance de leur indéfectible loyauté envers lui. Sous les empereurs païens, le pouvoir législatif était entièrement entre les mains de l’empereur et sa seule fonction consistait à promulguer des constitutions impériales, appelées lois ou jurisprudences («?leges?»). Beyrouth devint le centre d’affichage et de dépôt des constitutions impériales. Ses hommes de lois, experts dans l’étude et l’interprétation de ces documents officiels, enseignaient aussi les jeunes étudiants qui les entouraient. Berytus devint alors le «?centre de l’enseignement de droit romain?». Les grands juristes internationaux, selon les savants, pratiquaient le droit et enseignaient à Beyrouth aux IIe et IIIe siècles. Nous avons des témoignages éloquents de Libanius concernant l’école de droit de Beyrouth. Il était le plus éminent des professeurs païens du IVe siècle et dirigeait une école de rhétorique à Antioche. Il éprouvait quelque ressentiment à l’égard de cette école qui attirait ses élèves. Dans une adresse publique aux sénateurs d’Antioche en 388, il demande?: «?N’êtes-vous pas indignés de voir chaque printemps des fils de sénateurs et d’hommes d’État mettre les voiles pour Berytus ou pour Rome???» Libanius recommande quand même plusieurs fils de grandes familles et même ses propres élèves désireux d’embrasser le droit. Une lettre adressée à Domninus, professeur de droit à Beyrouth, concernant un certain Aspringius, révèle que la «?wasta?» existait aussi en ce temps-là. Libanius écrit?: «?Je vous adresse une requête concernant les frais relatifs à son instruction. C’est un honnête homme, quoique pauvre, et si il ne peut payer grand-chose pour le moment, il n’oublie pas les faveurs.?» Sous le règne de Justinien (527-565), les professeurs de l’école de droit de Beyrouth, réunis en commissions, étudièrent la révision officielle de tout le système légal. Tribonien, le plus remarquable des juristes de son temps, Theophilus, professeur à Constantinople, Dorothéos et Anatolius, professeurs de droit à Beyrouth, se réunissaient dans le cadre de ce comité international qui aboutit au Code de Justinien, sur lequel s’appuient encore de nos jours les principes qui régissent la plupart des sociétés modernes. Le dernier professeur connu de l’école de droit de Beyrouth était nommé Julien. Rescapé du terrible tremblement de terre du 16 juillet 551, qui a détruit Beyrouth, nous le retrouvons à Constantinople en 555 où il a continué à enseigner le droit. Nina JIDÉJIAN
À un moment où les Libanais sont profondément divisés sur certains problèmes d’ordre juridique, on a tendance à oublier que Beyrouth par le passé était appelé la «?Mère des lois?». Les professeurs de l’école de droit entretenaient des liens étroits avec les autres centres internationaux où le droit était enseigné – les écoles officielles à Rome, Athènes et...