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CIMAISES - Quatre-vingts gravures satiriques aux Beaux-Arts de Lille Goya, ses « Caprices » et ses avatars contemporains

Le palais des Beaux-Arts de Lille présente, jusqu’au 28 juillet, les « Caprices » de Francisco Goya, une série de 80 gravures satiriques parues en 1799, ainsi que les œuvres d’artistes contemporains qu’elle a inspirés. Tirées à l’eau-forte et l’aquatinte à partir de dessins réalisés lors d’un voyage en Andalousie, les estampes brossent un portrait grinçant de la société espagnole de la fin du XVIIIe siècle. Dans ses petites saynètes en noir et blanc (environ 20 x 15 cm), Francisco Goya (1746-1828) raille clergé, aristocratie, hommes d’armes et paysans, et fustige les procès en inquisition, la tyrannie, la concupiscence ou les superstitions populaires, incarnées par le terrifiant croquemitaine (« coco » en espagnol). Mais l’exercice n’est pas du goût des potentats religieux et politiques. Le peintre, peut-être inquiété par l’Inquisition, cède les planches gravées des « Caprices » et les invendus, quelques semaines seulement après la publication. Très sensible à l’enseignement du siècle des Lumières en France, « Francisco Goya voulait combattre l’ignorance pour faire triompher la raison, selon Cordelia Hattori, commissaire générale de l’exposition. Mais il n’est jamais manichéen. Par exemple, lorsqu’il traite de la prostitution, il s’en prend aussi bien aux prostituées qu’aux clients. » S’il se plie peu ou prou dans ses premières planches au réalisme prévalant à l’époque, Francisco Goya utilise ensuite l’anthropomorphisme et le fantastique pour grossir le trait et appuyer sa critique, aux confins de la satire et de la caricature. L’âne, symbole de pédanterie et d’ignorance, et le singe, qui représente la rouerie, tiennent une place prépondérante dans ce bestiaire caustique. Les forces de « l’obscurantisme » sont également représentées par des lutins ou des créatures malfaisantes. Certaines estampes, étonnamment modernes, ne sont pas sans évoquer la peinture surréaliste du XXe siècle : une gravure présente deux femmes portant des chaises retournées sur leur tête, gaussées par deux hommes en arrière-plan : « Maintenant, elles sont assises », constate l’auteur sur un mode très Salvador Dali. Les « Caprices » ont séduit de nombreux artistes contemporains, dont le travail est exposé dans une galerie attenante. Le photographe Yasumasa Morimura présente des autoportraits hauts en couleur qui reprennent très fidèlement la structure et les thèmes des estampes. Les plasticiens britanniques Jake et Dinos Chapman font, quant à eux, leur miel des figures « goyesques » pour les rendre encore plus monstrueuses et recomposer une fresque à mi-chemin entre le grimoire illustré et le dessin d’anticipation. (www.pba-lille.fr). Gaël BRANCHEREAU (AFP)
Le palais des Beaux-Arts de Lille présente, jusqu’au 28 juillet, les « Caprices » de Francisco Goya, une série de 80 gravures satiriques parues en 1799, ainsi que les œuvres d’artistes contemporains qu’elle a
inspirés.
Tirées à l’eau-forte et l’aquatinte à partir de dessins réalisés lors d’un voyage en Andalousie, les estampes brossent un portrait grinçant...