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Actualités - CHRONOLOGIE

Rétrospective au musée Rodin : Camille Claudel (presque) sans Rodin

Pour aller plus loin que l’histoire célébrissime de ses amours avec Rodin ou de son long séjour en hôpital psychiatrique, le musée Rodin à Paris propose une rétrospective de l’œuvre de la sculptrice Camille Claudel pour «?jeter un nouveau regard sur une artiste de son temps?». L’exposition Camille Claudel (1864-1943) entend présenter l’œuvre de l’artiste «?en se débarrassant?» de tout ce que l’on sait déjà de ses amours, sa folie, ses relations avec son frère l’écrivain Paul Claudel et «?en regardant les œuvres elles-mêmes?», dit à l’AFP une des commissaires, Véronique Mattiussi. Évidemment, il serait «?stupide?» d’ignorer l’influence de Rodin sur le travail comme sur la vie de la jeune femme, mais l’exposition, dit-elle, veut «?apporter de nouvelles pistes?», montrer une artiste «?de son temps, influencée par les courants artistiques comme le japonisme ou l’art nouveau?». Jusqu’au 20 juillet, quelque 90 œuvres — l’essentiel de sa production – sont présentées dans cette rétrospective. Certaines pièces sont rarement vues ou inédites, issues de collections privées, ou viennent d’être réattribuées à la sculptrice. Le parcours, chronologique, présente les pièces de jeunesse, les bustes de l’entourage – frère, mère, sœur, servante – de Camille, passionnée de sculpture dès son plus jeune âge. Elle prend alors des cours dans des ateliers pour jeunes filles, les femmes n’ayant pas accès à l’École des beaux-arts. En 1882, son maître part en Italie et demande à un de ses amis de le remplacer. Il s’appelle Auguste Rodin, a 24 ans de plus que Camille, qu’il intègre deux ans plus tard dans son atelier. Quand elle le rencontre, «?Camille Claudel a déjà des œuvres à lui présenter?», dit la commissaire, influencées par un style italianisant, mais qui montrent déjà ses préoccupations, la représentation dans ses portraits de la vie, du temps qui passe. Des lettres à ses amis montrent par ailleurs une jeune fille «?très courageuse, très forte, qui a fait de son métier un combat, en même temps qu’une vraie chipie !?» dit Mme Mattiussi. Camille va passer huit ans dans l’atelier de Rodin, qui «?lui reconnaît un vrai talent?», et dont elle partage le «?culte du travail, du métier?». Elle reprend à son compte la «?théorie des profils?» du sculpteur, en sculptant autour du modèle pour ne privilégier aucune face. Des?Têtes de rieurs, trouvées dans l’atelier de Rodin, viennent de lui être réattribuées. Une Jeune fille à la gerbe ressemble à une Galatée de Rodin. En 1892, la sculptrice quitte homme et atelier. «?Je travaille maintenant pour moi?», écrit Camille. Elle s’attaque à son premier grand sujet, Sakountala, un couple de 2 m de haut, à L’Âge mûr que l’on voit comme un symbole de sa vie – un homme entre deux femmes – à Clotho, une vieille femme échevelée. «?Elle est très audacieuse dans le traitement de la chevelure, on le retrouve dans tout son travail. Elle cherche la performance technique?», dit Mme Mattiussi. La valse – groupe de deux danseurs que Debussy, un ami de Camille, gardera sur son piano jusqu’à la fin de sa vie – est déclinée, dans un style art nouveau. «?Plus elle essaye d’exister, plus on la compare à Rodin?», dit la commissaire. Pourtant ses bustes, sa Vague en onyx, influencée par Hokusai, n’ont plus rien à voir avec Rodin qui crée de plus en plus grand, de plus en plus dépouillé quand elle travaille de petites pièces, comme les Causeuses. Fabienne FAUR (AFP)
Pour aller plus loin que l’histoire célébrissime de ses amours avec Rodin ou de son long séjour en hôpital psychiatrique, le musée Rodin à Paris propose une rétrospective de l’œuvre de la sculptrice Camille Claudel pour «?jeter un nouveau regard sur une artiste de son temps?».
L’exposition Camille Claudel (1864-1943) entend présenter l’œuvre de l’artiste «?en se...