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Actualités - CHRONOLOGIE

PHOTOS - Performance insolite au Art Lounge Le chaos esthétique du Liban dans les images de Fax Man

Il s’est rebaptisé Fax Man, mais s’appelle en réalité Fred Willem. Au pays du Cèdre depuis trois mois, où l’a amené son amour immodéré des «?mezzés?» libanais, cet artiste belge, installé depuis une dizaine d’années à Berlin, s’est «?gavé?» de petits plats typiques, de rencontres «?chaleureuses?» et d’images «?esthétiques?» d’un pays qu’il imaginait entièrement détruit. Après avoir sillonné le Liban du nord au sud, pour en rapporter, caméra au poing, la «?vraie image?», c’est à la veille de son retour en Allemagne qu’il a dévoilé, au cours d’une performance insolite réalisée au Art Lounge, l’origine de son pseudonyme. C’est que Fax Man pratique, parallèlement à la photographie, une forme d’art assez originale. Utilisant une machine fax avec du papier thermique, il en détourne l’usage de la fonction «?copy?» pour créer de nouvelles formes en jouant avec le moteur de l’appareil et des images tirées de magazines. Il mixe ainsi et déforme – en en démultipliant les visages, les allongeant, les réduisant, etc. –, sans avoir recours au Photoshop, des portraits ou même des calligraphies, pour obtenir des anamorphoses ou perspectives décalées pouvant atteindre jusqu’à 25 mètres de longueur. Cette technique baptisée «?scanner art?» vise surtout à démontrer qu’en ces temps de règne absolu de l’image digitale, on peut encore créer de nouvelles formes artistiques sans aucune manipulation sur ordinateur. Une performance insolite et surréaliste qui s’inscrit dans la démarche photographique de Fred Willem. Lequel privilégie le hasard dans ses clichés réalisés uniquement en «?caméra Old School?». «?Tout est tellement formaté aujourd’hui au niveau de l’image, qui peut être entièrement recomposée sur ordinateur, que cela devient une performance de travailler avec une caméra traditionnelle et d’en montrer les innombrables possibilités créatives. Lesquelles sont à mon avis supérieures aux manipulations sur ordinateur?», indique-t-il. Superposition de vues Procédant surtout par surimpression et superposition de prises de vues, Willem prend un cliché, l’oublie et puis, sans rembobiner la pellicule, reprend une autre photo. «?Le résultat est à chaque fois surprenant et souvent esthétique. » Il arrive également, assez souvent, que cette image, fruit du hasard, soit aussi éloquente qu’une photo élaborée sciemment. En témoignent les vues de Saïda, de Tripoli, de Beyrouth, à travers lesquelles le jeune photographe belge a capté l’essence même de chaque ville, son atmosphère, sa spécificité patrimoniale couplée à son présent. Des vues, artistiques et esthétiques, montrant, par exemple, derrière les bocaux des «?attars?» de Tripoli (les parfumeurs des souks anciens), un char de l’armée, en référence aux combats de Nahr el-Bared, ou encore une des rares bâtisses encore criblées d’impacts d’obus à Beyrouth qui apparaît cernée de grillages-échafaudages, comme une contraction, dans un même cliché, des périodes de destruction et de reconstruction par lesquelles passe alternativement le pays. Des images du Liban que Fax Man compte exposer sur les cimaises berlinoises, avant de revenir dans quelques mois en reprendre d’autres. «?Car, dit-il, le chaos magnifiquement esthétique de ce pays m’interpelle…» Zéna ZALZAL
Il s’est rebaptisé Fax Man, mais s’appelle en réalité Fred Willem. Au pays du Cèdre depuis trois mois, où l’a amené son amour immodéré des «?mezzés?» libanais, cet artiste belge, installé depuis une dizaine d’années à Berlin, s’est «?gavé?» de petits plats typiques, de rencontres «?chaleureuses?» et d’images «?esthétiques?» d’un pays qu’il...