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Risquer l’amour en Palestine Naela KHALIL

Entre la culture de la réprobation et la mentalité orientale des hommes, l’amour peine en Palestine. Et les femmes qui se battent pour de meilleures conditions de vie reconnaissent que l’amour vient en tête de leurs priorités malgré tout ce qui risque de le gâcher. Une femme peut rencontrer l’homme idéal, mais il n’y a pas assez d’espace pour eux. La culture et la religion stipulent que la rencontre d’un homme et d’une femme, qui ne sont ni parents ni mariés, est un péché. Sous le règne de la peur, on procède souvent à la dissimulation des choses et des sentiments. On se révolte en douceur et sans fracas contre bon nombre de tabous. Mais les grands dogmes de la société palestinienne, ceux qui interdisent tout débat sur des questions comme le fait de nouer une relation sentimentale, la virginité, sont débattus entre les jeunes filles. Elles le font juste pour se défouler et non pas en vue d’une révolte contre l’ordre familial ou social. Si la conservation de la virginité s’explique chez certains par la conviction religieuse ou personnelle, d’autres femmes pensent qu’elle constitue l’examen juridique auquel doit se soumettre la jeune fille la nuit de ses noces. Elle doit prouver son innocence, faute de quoi elle souille à jamais l’honneur de sa famille et signe sa condamnation à mort. Quant à l’amour et aux relations affectives, même quand ils ne dépassent pas le stade des mots doux, ils peuvent coûter la vie à une jeune fille. Les statistiques des associations féminines en Palestine soutiennent que 12 à 15 femmes sont tuées chaque année dans le pays. On comprend donc que les filles préfèrent entretenir des relations secrètes pour courir le moins de périls possible, l’amour valant encore la peine d’être risqué. Bien qu’elle n’ait pas dépassé 33 ans et qu’elle soit considérée comme l’une des plus brillantes journalistes de Ramallah, Nibel Thaouabtah déclare : « Je sens se faner mon corps sans pouvoir en jouir. » « J’éprouve une grande amertume à la lecture des récits des grandes passions dans l’histoire arabe tel l’amour de Kais Ibn Moulaueh (1) et de la grande liberté dont il jouissait, par rapport à ce que nous vivons aujourd’hui. À l’époque, un poète pouvait crier sur les toits sa passion. Maintenant, nos sociétés arabes tuent l’amour. » Naela KHALIL Traduction de Jalel el-Gharbi (1) Il s’agit du Medjnoun (fou) de Leila qui, entre autres, a inspiré Aragon dans « Le fou d’Elsa ».
Entre la culture de la réprobation et la mentalité orientale des hommes, l’amour peine en Palestine. Et les femmes qui se battent pour de meilleures conditions de vie reconnaissent que l’amour vient en tête de leurs priorités malgré tout ce qui risque de le gâcher. Une femme peut rencontrer l’homme idéal, mais il n’y a pas assez d’espace pour eux.
La culture et la...