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Actualités - ANALYSE

La situation Deux tournants difficiles à négocier pour le gouvernement

Le gouvernement compte attendre le lendemain de la séance électorale présidentielle fixée au 25 mars prochain avant de faire connaître sa position sur la participation ou non du Liban au sommet arabe de Damas, soit quatre jours seulement avant la tenue de cette réunion panarabe. Toutefois, la tendance au boycott, affichée récemment par le Bloc de la Rencontre démocratique, a été hier quelque peu contrée par le Premier ministre, Fouad Siniora, durant le Conseil des ministres tenu au Sérail, puisque ce dernier a indiqué qu’il était contre une absence totale du Liban du sommet de la Ligue. Pendant ce temps, et alors même que cette question fait débat au sein du gouvernement, l’Arabie saoudite a confirmé hier sa participation par le biais du ministre des Affaires étrangères (AE) du royaume, le prince Saoud el-Fayçal. Ce dernier a ainsi dit « espérer que le sommet soit une occasion pour résoudre la crise libanaise », une manière implicite de dire que l’Arabie saoudite compte bel et bien prendre part à cette réunion. Ainsi, les promesses tonitruantes de boycott du sommet arabe faites par certains pays semblent s’envoler au fur et à mesure que la date de la tenue de cette conférence approche. Seul le Liban continue aujourd’hui d’osciller entre la tentation du boycott et – peut-être – la nécessité de la participation. Une décision difficile à prendre, même si, au fond, l’efficacité des sommets arabes dans la résolution des conflits de la région n’a quasiment jamais été démontrée. Parmi les partisans du « non » figurent Walid Joumblatt et Samir Geagea, pour qui la participation du Liban n’est pas possible puisque Damas « ne reconnaît ni l’existence du Liban ni celle de son peuple ». Toutefois, Fouad Siniora pencherait plus pour une solution « de moyen terme » dans laquelle « un ambassadeur serait envoyé en Syrie simplement pour lire l’allocution du Liban devant l’assemblée générale de la Ligue. Une fois cela terminé, il quitterait le sommet sans prendre part aux travaux ». Redynamisation du gouvernement Autre tournant difficile à négocier tant pour le gouvernement que pour le 14 Mars cette fois : la question de la redynamisation du gouvernement, une idée déjà maintes fois évoquée mais jamais réellement mise en application. Cette redynamisation est d’autant plus nécessaire à mettre en place pour la majorité qu’elle conforterait le meeting du 14 Mars dernier durant lequel le « document politique » de l’Alliance a été présenté à la presse et aux Libanais. Nayla Moawad n’a-t-elle pas indiqué à cet égard que ce document a permis à l’Alliance de sortir de l’expectative et de « rentrer dans le cycle de l’action ». Cependant, et malgré la détermination affichée par la majorité au pouvoir de reprendre en quelque sorte les choses en main, une source de cette même majorité a indiqué que cette idée de remettre en route, dans sa version « complète », le gouvernement a été lancée « peu avant la fin du mandat de l’ancien président de la République Émile Lahoud », sauf que rien n’a été fait jusque-là et, de toute vraisemblance, rien ne sera réellement fait dans ce sens « par crainte d’une réaction de l’opposition ». C’est pour cette raison que le gouvernement compte, dans sa forme actuelle, axer sur les questions « socio-économiques », dans le but d’améliorer la vie quotidienne des Libanais, indique encore la source précitée. En effet, selon elle, « il ne sert à rien de prendre des demi-mesures ». Surtout que nombre de ministres dits « démissionnaires » n’ont toujours pas vu leur démission validée par le chef du gouvernement et que, d’autre part, ils sont de plus en plus nombreux à regagner leurs postes dans leurs ministères respectifs. Même son de cloche du côté de l’opposition qui confirme – une fois n’est pas coutume –­­ la manière dont la majorité perçoit aujourd’hui la situation. Une source de l’opposition a ainsi indiqué que « la redynamisation ou l’élargissement du gouvernement actuel est une ligne rouge, exactement comme une éventuelle prise d’assaut du Sérail par l’opposition ». Si cela se produit, a-t-elle averti, « il y aura une réaction et des mesures qui seront prises par l’opposition ». Statu quo Tout porte donc à croire que seule la question de la présence libanaise au sommet de Damas animera, d’ici au 29 mars prochain, la scène politique locale. Quant à l’échéance du 25 mars, elle ne semble guère plus intéresser grand monde depuis que tous les pronostics d’une élection présidentielle à cette date ont été revus à la baisse, y compris par le ministre français des AE, Bernard Kouchner, qui a affirmé hier lors de son point de presse bimensuel qu’il n’y a pas actuellement « d’indices permettant de croire qu’un président sera élu à cette date ». Un article paru hier dans le quotidien koweïtien al-Qabas confirme également ce point de vue, en indiquant qu’il n’y aura pas « de président » le 25 mars prochain, pas de décision « concernant la participation du Liban au sommet arabe », ni de « retour du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa ». Quid donc de l’après-sommet ? Le président de la Chambre, Nabih Berry, et le député Michel Aoun ont tous deux laissé entendre qu’ils avaient chacun préparé un plan tendant à empêcher une détérioration de la situation. Ces déclarations de MM. Berry et Aoun ont toutefois interpellé les milieux diplomatiques arabes et occidentaux en poste à Beyrouth qui ont immédiatement cherché à savoir si les deux hommes allaient présenter une initiative unifiée, a indiqué dans ce contexte notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane. Les diplomates ont souligné qu’un « grand mutisme est observé par les deux leaders sur ce sujet, même s’il existe indiscutablement une certaine coopération entre eux » sur ce point, et ils ont souhaité que cette « nouvelle » initiative consiste en un « retour à la table de dialogue, place de l’Étoile ». Pendant ce temps, et alors que les Libanais continuent d’aggraver leurs différends, un autre quotidien koweïtien relevait que « la Syrie est actuellement en train de masser des troupes à la frontière avec le Liban et se prépare à faire face, avec le Hezbollah, à une attaque israélienne dans la plaine de la Békaa, base arrière du parti chiite ». Lélia MEZHER
Le gouvernement compte attendre le lendemain de la séance électorale présidentielle fixée au 25 mars prochain avant de faire connaître sa position sur la participation ou non du Liban au sommet arabe de Damas, soit quatre jours seulement avant la tenue de cette réunion panarabe. Toutefois, la tendance au boycott, affichée récemment par le Bloc de la Rencontre démocratique, a...