Rechercher
Rechercher

Actualités

L’ultime recours

Une situation exceptionnelle exige des décisions exceptionnelles. Le Liban vit depuis trois ans une situation unique en son genre. Le bipartisme aconfessionnel s’est transformé en une guerre civile larvée en attente du signal de départ pour exploser. L’Assemblée nationale, censée incarner la souveraineté populaire, est arbitrairement fermée par son président. Le gouvernement boite, avec des ministres démissionnaires, sans démissionner, tout en démissionnant… Donc pas de Parlement, un semblant de gouvernement, et nous voilà depuis novembre sans président de la République. Un semblant d’État : voilà ce que la République est devenue. L’opposition a affiché son objectif sans détour : cogérer le pays avec la majorité. Et pour y arriver, elle est prête à bloquer indéfiniment les institutions et à prendre le risque de faire voler en éclats la fragile mosaïque communautaire. Par contre, ce que l’opposition se garde bien d’afficher, c’est cette prétendue cogestion qui servirait inéluctablement de cheval de Troie au régime syrien, lui permettant de torpiller certaines décisions souveraines concernant, entre autres, le fonctionnement du tribunal international. Face à ce scénario, l’opposition brandit la thèse du complot visant à désarmer le Hezbollah à travers un gouvernement soutenu par l’Occident et œuvrant à l’affaiblissement du régime syrien, base arrière du Hezbollah, grâce au tribunal international. Face à l’axe opposition-Syrie-Iran s’est dressé l’axe souverainistes-Ligue arabe-ONU. La crise du régime libanais est ainsi devenue une crise interarabe, prélude à son accession au rang international. C’est donc bel et bien une situation exceptionnelle. À ce jour, les décisions prises n’ont été exceptionnelles que du côté de l’opposition. « Ils » ont bloqué le gouvernement, fermé le Parlement, occupé le centre de la capitale et torpillé toutes les initiatives de compromis. Alors que du côté des souverainistes, les décisions prises ont été largement en dessous des exigences de la situation. « Ils » n’ont pas convoqué le Parlement, n’ont pas élargi le gouvernement, n’ont pas élu un nouveau président et surtout « ils » continuent, avec un entêtement exceptionnel, à s’accrocher à un hypothétique compromis, laissant le champ libre aux fanfaronnades de quelques illuminés. Quant un pays connaît un tel blocage et court un tel risque d’implosion, le retour aux urnes est la voie du salut. Le peuple s’exprimera de nouveau pour désigner clairement ses choix. Bien sûr, ceux qui sortiront minoritaires auront toujours la possibilité de bloquer une nouvelle fois le fonctionnement des institutions. Dans ce cas, la nouvelle majorité avisera. Mais encore faut-il se mettre d’accord sur la loi électorale pour prétendre organiser les élections. Chose qui paraît aujourd’hui impossible, tant que les forces en action n’ont pas atteint leurs objectifs. Quant la régénérescence du pouvoir politique par la voie des urnes devient impossible, la décision du dernier recours s’impose : la grande muette s’octroie le droit de parole. Quand le peuple est empêché d’exercer sa souveraineté, quand les institutions sont vidées de toute substance, quand l’existence physique d’un État est en jeu, quand les ennemis fourbissent leurs armes, quand un pays se vide de sa jeunesse et s’appauvrit jour après jour, quand la « somalisation » devient la destinée d’un peuple, aucune excuse ne peut tenir, aucun argument ne peut résister, aucun retard ne peut être toléré. L’armée nationale doit accomplir son devoir. Il lui revient de sauver le pays en mettant un terme à cette mascarade qui n’a que trop duré. Au Nord, quand l’agression était frontale et à visage découvert, l’armée a coalisé le pays et sauvé la République. Aujourd’hui, l’agression est plus subtile et agit à visage couvert. N’empêche, l’objectif est toujours le même : faire plier le droit. Et que les frileux se rassurent. L’armée ne se divisera pas. L’action cimentera la troupe. C’est l’immobilisme qui risque de l’effriter. Et le feu vert pour une prise du pouvoir par la troupe ne viendra ni des Américains, ni des Iraniens, ni des Français, ni des Syriens, ni d’aucune autre puissance régionale ou internationale. Le seul feu vert à rechercher est celui luisant dans nos chaumières. Les Libanais, toutes tendances confondues, ont un lien presque religieux avec leur armée. Elle fait partie de nos icônes. Aujourd’hui, face au cataclysme annoncé, il n’y a plus d’autres recours que Dieu et l’armée. Dieu ne nous a jamais déçus. Notre armée ne nous décevra pas. Raymond NAMMOUR
Une situation exceptionnelle exige des décisions exceptionnelles.
Le Liban vit depuis trois ans une situation unique en son genre. Le bipartisme aconfessionnel s’est transformé en une guerre civile larvée en attente du signal de départ pour exploser.
L’Assemblée nationale, censée incarner la souveraineté populaire, est arbitrairement fermée par son président. Le...