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Identifiée il y a des années chez le rat, le cochon et le babouin… Une équipe française isole une bactérie qui « mange » le cholestérol chez l'homme Rubrique réalisée par Nada Merhi

Pour la première fois chez l’humain, des chercheurs français ont identifié une bactérie du tube digestif qui dégrade le cholestérol en un produit éliminé par les voies naturelles. Une telle bactérie – baptisée Bacteroides dorei Strain D8 – pourrait être à terme utilisée pour diminuer le cholestérol trop élevé chez des personnes à risques, selon l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) à l’origine de ces travaux parus récemment dans la revue spécialisée Applied and Environmental Microbiology. « Quelques bactéries présentant ces propriétés avaient déjà été identifiées chez le rat, le cochon et le babouin, mais jusqu’alors aucun laboratoire n’avait réussi à isoler chez l’homme des bactéries responsables de la transformation du cholestérol en coprostanol, métabolite non absorbable éliminé dans les fèces », relève Philippe Gerard, responsable de cette recherche. Chez l’animal, ce sont des bactéries d’un genre différent appelé Eubacterium qui assurent ce rôle de transformation. « On pensait jusque-là que c’était le seul genre de bactéries capables de le faire », dit-il. On connaissait depuis les années 1930 le rôle de la flore intestinale humaine dans cette transformation, sans savoir pour autant quel genre de bactéries parmi les 100 milliards présentes dans un gramme de matière contenue dans le colon en était responsables. Une fois cette bactérie identifiée, à partir de l’étude d’une quinzaine de sujets, les chercheurs ont constaté que selon le niveau de bactéries, les personnes transformaient plus ou moins le cholestérol au niveau du colon. Ainsi, celles qui ont plus de 100 millions de ces bactéries par gramme de matière transforment totalement le cholestérol. Avec une concentration entre 1 et 100 millions/gramme, la transformation est partielle et avec moins d’un million, elle ne se produit pas, résume le chercheur. La densité augmente au fur et à mesure que l’on descend dans le tube digestif, pour devenir maximale dans le colon (gros intestin). Cependant chez l’homme, le cholestérol est absorbé plus haut dans l’intestin grêle. De plus, la bactérie est active sur le cholestérol présent dans les aliments, alors que chez l’humain, la source principale de cholestérol (les 2/3) est fabriquée par le corps à partir des graisses saturées ingérées, remarque pour sa part le Dr Patrick Borel, nutritionniste. « Les perspectives seraient de trouver les gènes et les enzymes responsables de la transformation » par la bactérie du cholestérol du colon, pour tenter des applications médicales, avance M. Gerard.
Pour la première fois chez l’humain, des chercheurs français ont identifié une bactérie du tube digestif qui dégrade le cholestérol en un produit éliminé par les voies naturelles.
Une telle bactérie – baptisée Bacteroides dorei Strain D8 – pourrait être à terme utilisée pour diminuer le cholestérol trop élevé chez des personnes à risques, selon l’Institut...