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CAMBODGE - Une cour parrainée par l’ONU doit juger l’ancien chef des Khmers rouges pour crimes contre l’humanité « Douch » pleure lors d’une reconstitution dans un « champ de la mort »

L’ancien responsable khmer rouge « Douch » a pleuré lors d’une reconstitution judiciaire hier sur l’un des principaux champs d’exécution des victimes du régime ultracommuniste, alors qu’une cour parrainée par l’ONU doit le juger pour crimes contre l’humanité. «Douch », 65 ans, de son vrai nom Kaing Guek Eav, s’était rendu pour la dernière fois à Choeung Ek – « champ de la mort » situé à l’extérieur de Phnom Penh –, il y a près de 30 ans alors qu’il dirigeait la prison de Tuol Sleng, dans la capitale cambodgienne. Tuol Sleng était également le principal centre de torture des Khmers rouges, baptisé S-21, où des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont subi des actes inhumains dans le cadre de purges sanglantes, avant d’être exécutés et jetés dans des fosses communes à Choeung Ek, devenu comme Tuol Sleng une macabre attraction touristique. Dans une interview publiée le 11 février par le quotidien britannique The Independent, « Douch », un ancien professeur de mathématiques, a dit qu’il avait « obéi » à des ordres, qu’il était « pris dans la machine » et qu’il n’avait pas eu « d’alternative ». La reconstitution à Choeung Ek, qui devrait être suivie d’une autre aujourd’hui à Tuol Sleng, en présence de quelques survivants des atrocités, fait partie de l’instruction des faits avant un procès dont la date n’a pas été fixée, ont indiqué des responsables du tribunal. La répétition de gestes sur les lieux des crimes n’est pas ouverte au public, mais fait l’objet d’enregistrements sonores et visuels, susceptibles d’être utilisés et diffusés ultérieurement. Hier, sur le site de Choeung Ek, « Douch » était accompagné de responsables de la cour à qui « il a expliqué ce qui s’est passé lorsqu’il était au pouvoir », a dit un porte-parole du tribunal, Reach Sambath. Quatre anciens gardes de Tuol Sleng étaient également présents en qualité de témoins et ont pu parler à « Douch », qui était lui-même étroitement surveillé. « Je ne puis révéler ce qu’ils se sont dit, mais c’était significatif », a indiqué le porte-parole, ajoutant que l’ancien « patron » de Tuol Sleng avait pleuré à deux reprises pendant la reconstitution qui a duré près de quatre heures. À un moment, « Douch », qui est chrétien, s’est agenouillé et a prié devant un arbre, dont le tronc aurait été utilisé pour fracasser la tête de bébés. Et à la fin de la reconstitution, l’ex-tortionnaire présumé s’est recueilli devant un stupa de verre contenant des milliers de crânes extraits des fosses de Choeung Ek. « Il a demandé à prier pour les victimes, et vous pouviez voir à ses yeux qu’il était très ému (...) nous pouvions voir des larmes couler », a dit Reach Sambath. Le tribunal à participation internationale, qui s’est mis péniblement en place en juillet 2006 au Cambodge, enquête sur les crimes les plus graves commis sous le régime des Khmers rouges (1975-1979). Arrêté en 1999 par les autorités cambodgiennes, « Douch » avait été transféré en juillet dernier au tribunal parrainé par l’ONU. Il fait partie d’un groupe de cinq ex-responsables khmers rouges détenus avant leur jugement pour crimes contre l’humanité. Quelque deux millions de personnes ont trouvé la mort sous les Khmers rouges qui ont fait régner la terreur il y a trois décennies au Cambodge, vidant les villes au profit des campagnes, exténuant la population par le travail forcé et éliminant systématiquement tout opposant potentiel.
L’ancien responsable khmer rouge « Douch » a pleuré lors d’une reconstitution judiciaire hier sur l’un des principaux champs d’exécution des victimes du régime ultracommuniste, alors qu’une cour parrainée par l’ONU doit le juger pour crimes contre l’humanité.
«Douch », 65 ans, de son vrai nom Kaing Guek Eav, s’était rendu pour la dernière fois à Choeung Ek...