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EUX ET LEURS MUSES L’inventeur des intimités

« Si la vie passe dans un film, le film est bon. Mais si elle ne passe pas, on peut faire tout ce qu’on veut, c’est très mauvais », disait Claude Sautet. Ce cinéaste que certains critiques ont classé comme bourgeois était un véritable musicien. Ses œuvres ressemblaient à des partitions de musique où l’auteur cherchait toujours (insatisfait) la note juste et le bon rythme. S’il fut donc ignoré par la critique et peu populaire auprès du public c’est parce qu’il s’est démarqué de la nouvelle vague (audacieuse et novatrice) par un certain classicisme. Il débutera pourtant avec des films d’action avec, toujours au générique, l’acteur Jean-Paul Belmondo, mais très vite, il se tournera vers la narration des histoires. Sautet ne cessera de raconter des histoires d’amitiés et d’amours impossibles, hésitantes, refusées ou déclarées. Le fil conducteur de son œuvre sera toujours l’observation, c’est pourquoi on le surnommera le portraitiste du cinéma. Entre le prix Louis Delluc de 1970 pour Les choses de la vie et et celui de 1996 pour Nelly et M. Arnaud, le cinéaste ne changera jamais de ton et de genre. S’il dépeint les évolutions de la société bourgeoise, il s’attarde néanmoins aux relations universelles entre les êtres, à leurs regrets, leurs envies et tout ce qui les empêche de communiquer. Le silence sera toujours roi dans ses films. Cet univers un peu « cocooning » dissimule une angoisse terrifiante chez Sautet de passer à côté de quelque chose d’important. Loin des festivals et des médias, il mariait en toute aisance la distance et la générosité, la froideur et l’intimité. C’est pourquoi il choisira toujours ses actrices suivant ces normes-là. Les principales étant Romy Schneider pour la période apothéose en 70 (Les choses de la vie, César et Rosalie, Vincent, François…) et, par la suite, Emmanuelle Béart. Toutes deux, élégantes, voluptueuses, mais cependant froides et distantes, incarneront le style Sautet et traduiront toutes les hésitations de ce réalisateur et sa quête de perfection. Et même si Sautet, artiste timide et discret, n’a jamais été complètement satisfait de ses films, ceux-là resteront à jamais définissables par un label particulier qui porte son nom.
« Si la vie passe dans un film, le film est bon. Mais si elle ne passe pas, on peut faire tout ce qu’on veut, c’est très mauvais », disait Claude Sautet.

Ce cinéaste que certains critiques ont classé comme bourgeois était un véritable musicien. Ses œuvres ressemblaient à des partitions de musique où l’auteur cherchait toujours (insatisfait) la note juste et le bon...