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Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

L’impunité prendra-t-elle fin ? Les poseurs de bombes doivent drôlement – ou sinistrement – se gausser après chaque attentat qu’ils commettent. Dans les secondes ou les minutes qui suivent l’explosion, on les imagine rapidement installés devant un écran de télé, ou postés à quelques mètres du lieu de l’hécatombe ou, plus probablement, vite accourus pour aider aux premiers soins et surtout vérifier soigneusement que leur mission a été accomplie. Comme ils doivent jubiler à la vue du spectacle apocalyptique qu’ils se sont offert et qu’ils ont offert à toute une population terrorisée ! Impitoyables, avec quelle satisfaction ils doivent contempler les images d’horreur des corps déchiquetés et des hommes blessés, gémissant sous l’effet de douleurs atroces. À quelques mètres à la ronde, ils regardent, imperturbables, se calciner des voitures dans lesquelles brûlent peut-être aussi des citoyens innocents. Sans sourciller, ils voient des parents et proches des victimes bondir sur la scène du crime et s’effondrer lorsqu’ils identifient les corps. Plus tard, le cœur froid, ils assisteront à partir de leur poste d’observation à des obsèques dignes, durant lesquelles la peine, la souffrance et la colère auront du mal à être contenues. Mais auparavant, ils auront ridiculisé les experts qui s’empressent d’arriver sur le site d’horreur pour recueillir les premiers indices. Sans compter qu’ils n’auront même pas pris la peine de tendre l’oreille vers des personnalités venues se bousculer devant les micros pour être les premières à donner leurs protestations. Car ils se disent que durant les heures et les jours à venir, ils auront tout le loisir d’entendre fuser de toutes parts, au Liban et à l’étranger, des dizaines d’accusations impuissantes et de condamnations stériles. Les politiciens locaux et les dirigeants arabes, européens, américains, ou onusiens blâmeront avec la même ardeur dérisoire « ces actes criminels ». Tous manifesteront leur souci du droit et de l’équité en exigeant « des enquêtes sérieuses » afin de « retrouver au plus vite les assassins ». Tant de détermination aura surtout pour résultats de déchaîner l’hilarité et les railleries de ces hommes. À vrai dire, il y a de quoi : les dossiers se suivent, se ressemblent, s’amoncellent et s’empoussièrent. Et les terroristes se savent intouchables, ou plutôt – nous préférons dire – se croient intouchables. Car ne viendra-t-il pas le jour où l’impunité prendra fin ? En attendant, sur les routes, nous retenons notre souffle, pensant qu’un souffle va peut-être nous emporter. Et dans nos maisons et nos bureaux, nous nous tenons aussi en haleine, appréhendant que notre téléphone portable cesse de fonctionner, signe qu’une nouvelle déflagration vient à l’instant de se produire… Claude ASSAF Corruption et démagogie Il est affligeant de voir que certains Libanais n’ont toujours pas vu que cette soi-disant lutte contre la corruption brandie par le général Aoun n’est en fait qu’une chimère destinée à exploiter les frustrations d’un peuple pour aboutir à des fins personnelles (voir L’Orient-Le Jour du samedi 12 janvier 2008). Le combat contre la corruption ne se fait pas à coups de bâtons et de procès, mais par un changement radical de la mentalité des Libanais vers un sens de l’intérêt public et du respect d’autrui. Tant que, dans la mentalité libanaise, les « combines » restent associées à la bravoure et l’honnêteté à la niaiserie, la lutte contre la corruption restera un simple slogan creux utilisé par les dictateurs en herbe. La vraie lutte contre la corruption devra se faire à tous les niveaux de l’éducation, en y incluant aussi bien les principes d’éthique que le sens du droit commun, le respect de l’environnement et l’obéissance stricte aux codes de circulation routière. En effet, il n’est pas étonnant que les pays bénéficiant des taux de corruption les plus faibles au monde, tels que la Finlande ou la Suède, sont justement les pays où le système éducatif est le plus performant et où le respect de l’environnement et des biens publics est un principe sacré. Il est clair qu’il faut traiter la corruption comme un phénomène de société et non l’utiliser comme un outil de démagogie politicienne. Christiane KHOURY La liberté de la presse Monsieur le ministre de la Justice, Si vous voulez bien ouvrir an-Nahar du samedi 2 février, page 5, à l’angle droit au bas de la page, vous pourriez y lire, sous le titre « Révélation du résultat de l’enquête », les propos du responsable d’une association, qui interroge le public ainsi : « Quelle loi – positive ou céleste – permet d’affamer les gens, couper leurs moyens d’existence (arzakahom), provoquer leur exode hors de leur patrie, la mort de leurs malades, la dispersion de leurs enfants dans la rue, l’élévation sans précédent du taux de chômage ? Tout cela se produit tandis que la corruption s’accroît et que s’amoncellent les bénéfices de certains secteurs économiques au détriment de l’État » (traduction textuelle). L’auteur de ces propos se considère certainement protégé par la loi garantissant la liberté d’expression et la liberté de la presse. Suffit-il donc de se contenter de désigner la cause prétendue des maux dont souffre une région, en s’abstenant strictement de citer le nom des coupables, pour pouvoir invoquer cette loi ? Si l’on se donne la peine de lire in texto la tirade citée ci-dessus, on est pris d’une certaine angoisse pour l’avenir de ce pays, au cas où la question posée se trouve sans réponse. Albert SARA
L’impunité prendra-t-elle fin ?


Les poseurs de bombes doivent drôlement – ou sinistrement – se gausser après chaque attentat qu’ils commettent. Dans les secondes ou les minutes qui suivent l’explosion, on les imagine rapidement installés devant un écran de télé, ou postés à quelques mètres du lieu de l’hécatombe ou, plus probablement, vite accourus pour...