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Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES - Toiles de maîtres français et russes (1870-1925) de Moscou et Saint-Pétersbourg  L’exposition « De Russie » dévoilée à Londres, mais la polémique continue

La Royal Academy a dévoilé les chefs-d’œuvre des musées russes de l’exposition « De Russie », un événement qui a failli être annulé en raison d’un différend juridique, mais les héritiers des collectionneurs russes spoliés continuent de réclamer justice. Le grand public pourra finalement voir à Londres les toiles de maîtres russes et français, dont une célèbre Danse de Matisse, peintes entre 1870 et 1925, à partir de ce samedi, jour de l’ouverture officielle d’une exposition qui a fait beaucoup parler d’elle avant même de commencer. À la mi-décembre, Moscou a indiqué qu’elle envisageait d’annuler la venue des toiles du musée Pouchkine, de la galerie Tretiakov à Moscou, du musée Russe et de l’Hermitage à Saint-Pétersbourg. Elle estimait que Londres ne présentait pas assez de garantie contre une saisie judiciaire des chefs-d’œuvre. Après d’intenses négociations entre autorités culturelles des deux pays, compliquées par les tensions diplomatiques entre Moscou et Londres, la Grande-Bretagne a promulgué une loi qui accorde l’immunité judiciaire aux œuvres prêtées pour une exposition. Satisfaite, l’agence fédérale russe de la Culture, qui craignait une saisie des toiles à la demande de descendants des familles spoliées de leurs œuvres d’art pendant la révolution russe de 1917, a donné in extremis son feu vert fin décembre au transport des toiles. Avec plus de 120 tableaux, l’exposition balaye les principales tendances de l’art moderne, du réalisme, en passant par l’impressionnisme et jusqu’à l’abstraction. Parmi les pièces les plus marquantes des maîtres français, La Danse II de Matisse est ainsi exposée pour la première fois en Grande-Bretagne, aux côtés de toiles de Renoir, Cézanne, Van Gogh ou Picasso, issues des très riches collections rassemblées avant la révolution russe par les mécènes Ivan Morosoff et Sergueï Chtchoukine. Ces derniers avaient écumé les marchands d’art de Paris avec un goût très sûr, reconnaissant très tôt le potentiel de jeunes artistes comme Picasso ou Matisse. L’exposition montre en parallèle le développement de la peinture russe, avec Ilya Repine, et l’influence de la peinture française sur les artistes russes, comme Chagall, Malevitch, Kandinsky et Petrov-Vodkine. Mais si la Royal Academy se montre satisfaite de voir le conflit juridique résolu, les héritiers français des deux collectionneurs russes ont décidé de manifester leur mécontentement. « C’est l’occasion de rappeler que ce sont des tableaux volés », il s’agit « du plus grand hold-up de l’histoire de l’art », a déclaré à l’AFP André-Marc Delocque-Fourcaud, le petit-fils de Sergueï Chtchoukine, venu pour l’occasion à Londres. Il ne réclame pas la restitution des toiles aux musées russes, mais souhaite que les spoliations des œuvres dues aux décrets Lénine de 1918 et 1919 soient régularisées, donnant aux héritiers des compensations et un droit de regard sur l’exposition des toiles. Mais pour Pierre Konowaloff, héritier d’Ivan Morosoff, la restitution est toujours d’actualité. « Les œuvres doivent appartenir à leurs propriétaires légaux » dit ce descendant de Russes blancs. Il critique la promulgation par Londres d’une « loi scélérate » interdisant toute saisie judiciaire. Sir Norman Rosenthal, responsable des expositions de la Royal Academy, réfute ces arguments. « La révolution de 1917, c’est de l’histoire. Ces œuvres doivent appartenir à tout le monde », affirme-t-il. Toute cette polémique « est finalement la meilleure publicité possible pour l’exposition », observe Achim Middelschulte, conseiller de la société énergétique EON, qui sponsorise l’exposition. « De Russie : toiles de maîtres français et russes 1870-1925 de Moscou et Saint-Pétersbourg » se tient du 26 janvier au 18 avril à la Royal Academy à Londres.
La Royal Academy a dévoilé les chefs-d’œuvre des musées russes de l’exposition « De Russie », un événement qui a failli être annulé en raison d’un différend juridique, mais les héritiers des collectionneurs russes spoliés continuent de réclamer justice.
Le grand public pourra finalement voir à Londres les toiles de maîtres russes et français, dont une célèbre...