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CINÉMA - Le film, réalisé et écrit par Sean Penn, retrace un voyage sans retour au cœur de l’Alaska « Into the Wild » ou l’Appel des terres sauvages

D’une beauté à couper le souffle, « Into the Wild » du comédien et cinéaste Sean Penn, qui vient d’être choisi pour présider le jury du prochain Festival de Cannes, brosse le portrait d’un jeune Américain parti pour un voyage sans retour au cœur des terres sauvages de l’Alaska, dans une quête éperdue de liberté. Basé sur des faits réels, ce film est l’un des plus beaux et singuliers de l’année qui s’achève. Élevé par une famille aisée de la banlieue de Washington, excellent étudiant et sportif accompli, Christopher Johnson McCandless était promis à un brillant avenir en sortant diplômé de l’université, à l’été 1990. Pourtant moins de deux ans plus tard, en avril 1992, c’est son cadavre décomposé que des chasseurs d’élans retrouvèrent dans un vieux bus abandonné, aux confins d’une région inhabitée de l’Alaska. À partir d’un fait divers qui fit brièvement la une des journaux et inspira à l’écrivain John Krakauer le livre Into the Wild, Voyage au bout de la solitude (éditions Presses de la cité), Sean Penn a écrit et réalisé un film lyrique et bouleversant. Habité par cette histoire après la lecture de l’ouvrage – en partie basé sur le journal de Chris McCandless, retrouvé après sa mort –, Sean Penn a obtenu des parents du jeune homme l’autorisation de la porter à l’écran. Il dresse de celui-ci un passionnant portrait et donne au spectateur une multitude de clefs pour interpréter le destin du héros mais aussi en filigrane, pour passer au tamis les finalités de sa propre vie, sans rien lui imposer. Pétri de leçons éthiques et morales puisées chez l’écrivain russe Léon Tolstoï et l’Américain Thoreau, Chris McCandless avait décidé, par idéalisme et soif de liberté spirituelle, de renoncer au confort d’une vie bourgeoise. C’est pourquoi, à peine ses études finies, il fit don de ses 24 000 dollars d’économies à une organisation humanitaire, changea de nom, abandonna sa voiture et se mit à parcourir les États-Unis à pied. Le film retrace les semaines où, pour s’approcher du « cœur sauvage de la vie », selon l’expression de James Joyce, Chris McCandless, alias Alexander Supertramp, a tourné le dos à la civilisation pour s’enfoncer dans la nature. Cette « conquête de l’Ouest » à l’échelle individuelle, qui s’avérera suicidaire, interroge l’idéal de réussite de la civilisation américaine et les piliers, plus lézardés qu’il n’y paraît, de l’éducation familiale. Dans Into the Wild porté de bout en bout par un souffle lyrique, Sean Penn se montre aussi inspiré en filmant la magnifique nature de l’Alaska qu’en recréant le paysage mental de son héros ou ses rencontres de hasard. Un montage virtuose, qui rend compte avec une inépuisable richesse de détails, d’une foule d’expériences sensorielles, rend certaines scènes – le moissonnage, la chasse et le dépeçage d’un élan – visuellement inoubliables. Fils du réalisateur Leo Penn, Sean Penn, âgé de 47 ans, a joué dans de nombreux films, dirigé par Brian De Palma, Oliver Stone, Terrence Malick, John Schlesinger ou Woody Allen mais aussi par les indépendants Dennis Hopper, Tim Robbins ou Julian Schnabel avant de passer à la réalisation et à la production. Metteur en scène exigeant et talentueux, pénétré par les sujets forts qu’il choisit, il a signé Indian Runner (1990), Crossing Guard (1995), The Pledge (2001) et 11.09.01 (coréalisé en 2002).
D’une beauté à couper le souffle, « Into the Wild » du comédien et cinéaste Sean Penn, qui vient d’être choisi pour présider le jury du prochain Festival de Cannes, brosse le portrait d’un jeune Américain parti pour un voyage sans retour au cœur des terres sauvages de l’Alaska, dans une quête éperdue de liberté. Basé sur des faits réels, ce film est l’un des...