Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

La société libanaise se sent de moins en moins protégée, ce qui n’arrange pas les choses Les adolescents violents n’ont pas intériorisé la loi et les interdits, explique une psychanalyste

La psychanalyste Rania Arida Séropian explique le comportement violent de ces adolescents comme « une défaillance dans l’apprentissage des comportements sociaux et la maîtrise de l’agressivité physique ». « L’essentiel de l’apprentissage des comportements sociaux et la maîtrise de l’agressivité physique s’effectuent entre 0 et 5 ans », précise-t-elle. « C’est à travers la tendresse de la mère, la présence du père, mais aussi à travers la manière dont le couple parental gère les frustrations, note-t-elle à titre d’exemple, que les assises de la future personnalité de l’enfant se développent. » L’apprentissage se fait donc par l’intériorisation de la loi et des interdits posés par les parents. Ces interdits formeraient l’instance morale de l’enfant (le surmoi) qui l’empêche de commettre des actes de violence et d’être un hors-la-loi. « Mais le problème est que, dans certaines familles, il n’y a pas d’interdits posés par les parents », constate Mme Séropian. Elle précise que ces derniers sont laxistes, qu’ils éprouvent des difficultés à instaurer la loi. « Tout en étant proches de leurs enfants, souligne-t-elle, ils ne savent pas se positionner comme parents représentant la loi, incapables de responsabiliser leur enfant, et deviennent démissionnaires face à leur rôle. L’enfant n’est donc pas soumis à la frustration, élément incontournable pour la construction de sa personnalité. » Une faible estime de soi « L’excès d’autorité est aussi dangereux de la part des parents », tient à préciser Rania Arida Séropian, expliquant que le manque de souplesse au niveau de certaines familles peut également engendrer la violence chez les enfants. « Dans ces familles, constate-t-elle, chaque conflit peut prendre d’importantes proportions, notamment les conflits de couples, car les parents n’ont pas réussi à gérer leurs propres frustrations. » Parfois même, selon la spécialiste, les parents éprouvent une certaine fascination à l’égard des enfants qui transgressent la loi, car eux-mêmes n’ont pas intériorisé la loi. Et d’observer que le problème d’une société qui se sent de moins en moins protégée, de manière générale, n’est pas fait pour arranger les choses. L’hypothèse de la théorie psychanalytique est que chez l’enfant et l’adolescent, « la violence est une réponse à ce qui peut être menaçant, à ce qui peut être considéré comme une atteinte à l’estime de soi et à l’identité personnelle ». « Les adolescents violents passent rapidement de l’idée à l’acte agressif. Ils ont une faible estime d’eux-mêmes, restent de petits garçons apeurés et sont très attachés aux substituts matériels qui leur donnent une preuve de leur force », explique la psychanalyste. En même temps, les adolescents qui ont recours à la violence « ont pu vivre une humiliation au sein de leur famille », ou alors, ils « n’ont pas su se construire des repères et des valeurs au sein de la cellule familiale, estime-t-elle, car il existe des failles ou des carences identitaires entre les parents et les enfants, et peu de différenciation des rôles entre parents et enfants ». « Par besoin de recherche identitaire et d’un sentiment d’appartenance, ces adolescents vont alors être entraînés à faire partie de clans violents », constate Mme Séropian. Et ce contrairement aux adolescents qui ont réussi à intérioriser la loi et les interdits et qui ont su gérer leur propre frustration. « Ces derniers, conclut la psychanalyste, auront une bonne estime d’eux-mêmes et un moi fort qui les aidera à ne pas ressentir le besoin de faire partie de ces bandes. »
La psychanalyste Rania Arida Séropian explique le comportement violent de ces adolescents comme « une défaillance dans l’apprentissage des comportements sociaux et la maîtrise de l’agressivité physique ».
« L’essentiel de l’apprentissage des comportements sociaux et la maîtrise de l’agressivité physique s’effectuent entre 0 et 5 ans », précise-t-elle. «...