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Aux Maldives, des dizaines de Bangladais tentent de remplir leur portefeuille grâce aux ordures Au paradis du tourisme, les poubelles aussi valent cher

Aux Maldives, sur la plage ensoleillée, les touristes du monde entier viennent vider leur portefeuille. À côté, des dizaines de Bangladais tentent de remplir le leur en collectant les poubelles, un travail au noir qui leur rapporte bien plus que leur emploi officiel. Malé, capitale des Maldives, paradis du tourisme, aux îles et aux hôtels innombrables. Mais loin des îlots luxueusement aménagés, Malé, et ses petits 2 km2, croule sous une population de 130 000 habitants, affichant l’une des plus fortes densités de toutes les capitales du monde. Pour vider les tonnes d’ordures produites chaque jour, la ville ne compte que deux camions et 20 fonctionnaires. Si bien que c’est à une armée de petites mains venues essentiellement du Bangladesh que revient la tâche, pénible mais rémunératrice, de vider chaque soir les poubelles de la ville. « Ils (les Bangladais) sont très, très importants pour nous afin de garder Malé propre », explique Abdul Hameed Ali, directeur général des services de la municipalité de Malé. « Nous n’aurions pas les moyens de faire nous-mêmes ce qu’ils font », ajoute-t-il. Les propres employés de M. Ali, affectés le reste de la journée à d’autres tâches, occupent ainsi leur temps libre à collecter, à vélo et au noir, les ordures qui remplissent les rues et submergeraient vite la ville, tant l’espace est réduit. Pour obtenir ces emplois d’éboueurs au noir, tous, originaires du Bangladesh, d’Inde ou du Sri Lanka, ont cependant dû au préalable graisser la patte à des agents. Mohammad Dhalim, 26 ans, arrive à gagner 250 dollars par mois grâce au ramassage des ordures, une somme bienvenue et largement supérieure aux 95 dollars que lui rapporte son emploi d’ouvrier. « Sur mon vélo, je récupère les sacs poubelles de 22 maisons. Je travaille 18 heures par jour, en comptant le ramassage des poubelles », confie Mohammad, arrivé à l’âge de 10 ans aux Maldives pour y travailler. Loin de son village à côté de Dacca, la capitale du Bangladesh, Mohammad réussit à envoyer 500 dollars tous les trois mois à sa femme et à sa fille restées au pays. Salahadeen, 32 ans, ne gagne, lui, que 50 dollars grâce aux poubelles, car sa route est plus courte et il ne s’occupe que de sept maisons. Mais ces 50 dollars représentent deux fois plus que son salaire mensuel d’employé dans un service de l’administration des Maldives. « La demande en main-d’œuvre pour ce type de travail est très forte car nos habitants refusent d’effectuer ce genre de tâches », a expliqué à l’AFP le président des Maldives, Maumoon Abdul Gayoom. Les 330 000 Maldiviens, musulmans sunnites, qui affichent l’un des revenus par habitant les plus élevés de toute cette région de l’Asie du Sud, rechignent en effet à occuper des emplois pénibles et dangereux. Mais tout autant que la main-d’œuvre, c’est la place qui manque aux Maldives, où les tonnes de détritus de Malé sont transportées par bateau sur un îlot à proximité, qui n’est plus aujourd’hui qu’un tas d’ordures.
Aux Maldives, sur la plage ensoleillée, les touristes du monde entier viennent vider leur portefeuille. À côté, des dizaines de Bangladais tentent de remplir le leur en collectant les poubelles, un travail au noir qui leur rapporte bien plus que leur emploi officiel.
Malé, capitale des Maldives, paradis du tourisme, aux îles et aux hôtels innombrables. Mais loin des îlots luxueusement...