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Actualités - CHRONOLOGIE

Enseignement Public - Lutte contre le décrochage scolaire, informatisation du ministère, amélioration du réseau de distribution des écoles... quelques priorités du directeur général du ministère de l’Éducation

Fady Yarak à « L’Orient-Le Jour » : « Pour un chantier de la réforme de l’éducation qui soit irréversible » La nomination du maronite Fady Yarak à la tête de la direction générale du ministère de l’Éducation le 21 avril 2007 a coïncidé avec le démarrage de la réforme éducative prônée par la conférence Paris III et engagée par le ministre Khaled Kabbani. Rien ne prédisposait cet informaticien de gestion, détenteur d’une maîtrise et d’un DES de l’Université Saint-Joseph, et d’un MBA de l’ESA, à embrasser le domaine de l’éducation. Mais fort d’une expérience de 15 ans dans le secteur social et du développement, ayant tissé d’étroites relations avec les ministères et les organisations, ce membre actif de la société civile bénéficie d’atouts majeurs pour mener à bien sa mission. Au menu de ses priorités depuis le 21 juin, la lutte contre le décrochage scolaire, l’informatisation du ministère, l’optimisation des ressources humaines du secteur public, sans oublier, certes, la bonne marche de l’énorme chantier que constitue la réforme de l’éducation qui vise à améliorer la qualité de l’enseignement public au Liban. Car un véritable chantier est actuellement en cours dans l’objectif d’améliorer et de développer l’ensemble du système éducatif libanais, plus particulièrement au niveau du secteur public. Parallèlement, une stratégie pratique de mise en place de la réforme voit le jour, de même qu’une unité de planification des mesures. « Les résultats devraient être perceptibles à moyen et long terme », constate le directeur général. Ce qui n’empêche pas le ministère de parer au plus pressé en se fixant des objectifs immédiats, notamment la modernisation du système administratif du ministère. « Nous mettons en place un nouvel organigramme qui réponde aux ambitions de l’éducation », indique Fady Yarak, précisant que « l’informatisation de la structure administrative est déjà en cours ». Il affirme à ce sujet qu’« en 2008, chaque établissement public sera doté du système informatique et sera relié au système central du ministère de l’Éducation ». Lutter contre le décrochage scolaire Également parmi les objectifs immédiats du directeur, la création d’une unité de planification et de contrôle qui a pour rôle d’améliorer l’infrastructure scolaire dans le secteur public. Il s’agit à ce niveau de mieux répartir la distribution des écoles dans les régions, d’en faciliter l’accès à tous les élèves, de connaître et d’assurer les besoins de ces établissements en équipements et en enseignants. « L’école publique ne veut plus se contenter d’enseigner la lecture et l’écriture aux élèves, elle ambitionne de former de futurs citoyens », tient aussi à préciser M. Yarak. C’est la raison pour laquelle ce travail doit se faire à partir de l’école, en partenariat avec les familles et les municipalités. « L’école publique veut également se soucier de la santé des élèves » d’où la nécessité de « développer la santé scolaire en collaboration avec les autorités locales et les ONG ». Le directeur n’élude pas les sujets sensibles, comme l’amélioration de la gestion des examens officiels, l’informatisation du système des examens ou le manque de structures préscolaires publiques. Ces projets sont certes ambitieux. « Mais leur mise en place permettrait d’éliminer les raisons du décrochage scolaire, de développer la prévention à ce niveau tout en remédiant au problème », observe le directeur général. « Tout aussi importante est la sensibilisation des parents au problème du décrochage scolaire et leur engagement à encourager leurs enfants à poursuivre leurs études », préconise Fady Yarak. Le plan d’action de la lutte contre le décrochage scolaire est d’ailleurs prêt. « Il ne reste plus qu’à trouver les fonds nécessaires permettant sa mise en action », assure-t-il, tout en estimant que « le budget nécessaire au financement d’un tel projet s’élève à 2,5 millions de dollars ». Un changement dans la continuité Certes, parmi les innombrables projets liés à la réforme de l’éducation, il en est certains dont les résultats peuvent être observés à court terme. Ce sont autant « de petits défis que nous envisageons de transformer en petits succès », espère Fady Yarak. Et de préciser que ces défis consistent dans la création d’éléments permettant de « revitaliser le secteur de l’éducation » et donc de le développer. Il évoque alors la nécessité « d’améliorer l’efficacité, les capacités et les compétences des directeurs d’école et du corps enseignant ». Des formations continues sont déjà mises en place à leur intention, ayant notamment pour thème les techniques du leadership ou celles de l’enseignement. Il souligne aussi la nécessité d’« optimiser l’utilisation des ressources humaines et d’améliorer les performances du corps enseignant ». Il note, à ce propos, que « sur 87 000 instituteurs qui exercent dans l’enseignement public, seulement 43 % des enseignants cadrés ont le diplôme requis, alors que seulement 36 % des contractuels ont le diplôme adéquat ». Et de préciser que le système informatique de management des ressources humaines sera opérationnel en 2009. Quant au changement, il se fera « dans la continuité », observe le directeur, précisant que « la réforme ne peut se faire d’un coup », même si certaines décisions ont déjà été prises, suivant un plan d’action clair. Le directeur remarque que la réalisation de ces projets nécessitera une coordination et une négociation entre les différents acteurs, notamment les ministères et les municipalités. Elle bénéficiera d’une « couverture nationale » et devra nécessairement « aboutir à des résultats, même si ces résultats ne sont pas immédiats ». Le directeur général du ministère invite à ce propos les municipalités à s’investir dans le redressement de l’enseignement public, en s’impliquant dans le chantier, que ce soit au niveau administratif, au niveau de la distribution du réseau des établissements scolaires ou de la qualité de l’éducation. Le problème des élèves de Tripoli La mise en place de la réforme ne se fait évidemment pas sans difficultés. Des difficultés liées à la synchronisation entre les différents partenaires, à la généralisation des mesures, à la bonne gestion du corps enseignant, à la prise en charge des examens, mais aussi à l’introduction de nouvelles matières d’enseignement dans les cursus scolaires, notamment les matières facultatives, la technologie, l’informatique ou même les activités extrascolaires. Quant aux défis de l’actuelle rentrée scolaire, ils sont liés, d’une part, aux conséquences de la guerre de Nahr el-Bared et, d’autre part, à la crise économique. À la mi-octobre, 10 écoles publiques de Tripoli étaient encore inutilisables, car elles hébergeaient encore les réfugiés palestiniens du camp qui n’étaient pas retournés chez eux. Résultat, « le ministère a adopté une solution provisoire à court terme, basée sur l’alternance des cours, à raison de trois jours par semaine par groupe d’élèves, pour permettre aux 5 000 élèves de ces écoles de commencer l’année scolaire », explique M. Yarak, tout en assurant que « le problème est en voie de règlement définitif ». À ce défi s’ajoute celui d’optimiser la rentrée scolaire et de synchroniser les aides disponibles, alors que « les parents d’élèves éprouvent de grandes difficultés à assumer les frais d’enregistrement », notamment ceux issus de milieux défavorisés. « Nous veillons à ce que les 325 000 élèves de l’école publique vivent une année scolaire parfaitement normale », dit-il encore. « L’éducation est le pilier du secteur social. Elle a largement payé le prix de la guerre de 2006. » Mais cette précarité du secteur n’en renforce que davantage la détermination du directeur général du ministère de l’Éducation à relever les défis et à « mettre en place le chantier de la réforme, de manière irréversible ». Anne-Marie EL-HAGE
Fady Yarak à « L’Orient-Le Jour » :
« Pour un chantier de la réforme
de l’éducation qui soit irréversible »

La nomination du maronite Fady Yarak à la tête de la direction générale du ministère de l’Éducation le 21 avril 2007 a coïncidé avec le démarrage de la réforme éducative prônée par la conférence Paris III et engagée par le ministre Khaled Kabbani. Rien ne...