Le quorum est bel et bien atteint !

Alors que la majorité et l’opposition nous épuisent en querelles constitutionnelles byzantines et s’apprêtent même à nous entraîner dans une guerre pour décider si le quorum requis pour l’élection d’un nouveau président devrait être la majorité simple ou les deux tiers, il est grand temps, je crois, de les renvoyer dos à dos en leur rappelant qu’en réalité, le quorum vient d’être atteint. Il est de cent soixante-trois ! Non pas, bien sûr, un quorum de députés, hélas bien trop souvent corrompus et ayant bien trop tendance à confondre commissions parlementaires avec commission sur les affaires et à sacrifier l’intérêt national au profit des puissances étrangères, mais un quorum de véritables représentants du Liban. En l’occurrence, les cent soixante-trois soldats et officiers libanais, chrétiens comme musulmans, tombés côte à côte au champ d’honneur à Nahr el-Bared. Cent soixante-trois électeurs, donc, pour cent soixante-trois patriotes qui n’auront pas hésité à donner leur vie pour que vive la patrie. Cent soixante-trois électeurs morts en faisant leur devoir de citoyen. Cent soixante-trois électeurs qui exprimeront leurs suffrages ayant versé leur sang et non en ayant touché de l’argent. Cent soixante-trois électeurs qui, n’ayant plus rien à perdre et plus rien à gagner, feront leur choix en toute conscience. Alors, à tous ceux qui jurent avoir les intérêts du Liban à cœur, je dis, ne demandez surtout pas aux députés de choisir le nouveau président, car dans leur choix, ils ne seront motivés que par la cupidité, la jalousie, la peur et le ressentiment. Si vous avez vraiment les intérêts du Liban à cœur, leur dirais-je, demandez plutôt aux soldats et aux officiers libanais morts à Nahr el-Bared qui ils souhaiteraient voir conduire le pays vers la paix. Demandez-le aux mères, aux veuves et aux enfants de ces héros-là. Eux sauront vous donner la bonne réponse : une réponse qui viendra droit du cœur. Si le Liban doit avoir un nouveau président, eh bien qu’il soit élu par ceux-là qui représentent le mieux la patrie. Eux qui, sans calcul mais aussi sans bravade, sans fuir la mort mais sans pour autant la rechercher, auront abreuvé de leur sang la terre de leur patrie. Et dans un pays où les morts auront bien trop souvent voté sans le savoir, ils voteront cette fois en connaissance de cause et à bon escient. Leur souvenir aidera alors les Libanais à toujours garder à l’esprit leur passé pour mieux reconstruire leur présent et mieux préparer leur avenir. Percy KEMP