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Liban - Éclairage

Les prosyriens tentent, encore et toujours, de passer en force

La trêve médiatico-politique des confiseurs, et de Doha, c'est bien fini. Le bras de fer autour du budget en fait foi. L'escalade verbale, manifestement électorale, s'accentue. Du fait, principalement, du forcing persistant d'une opposition qui cherche à transformer en acquis solides l'indéniable essai réalisé à Doha aux dépens des loyalistes. Dans le strict prolongement de la ligne de blocage-chantage des longs mois de crise précédents.
Le but, du reste avoué, c'est d'éreinter le camp d'en face, par une guerre d'usure. En le contraignant à livrer d'âpres combats sur des sujets sans rapport direct avec l'enjeu de ces élections, censées trancher entre deux projets, deux programmes diamétralement opposés. Pour qu'au bout du compte, l'opposition emporte la décision, la majorité au Parlement, et décroche par conséquent le pouvoir exécutif.
Parmi les sujets à côté, le Conseil du Sud et les 60 milliards qu'exige le président Nabih Berry. En fait, il menace même de porter ce plafond à 150 milliards s'il n'obtient pas rapidement gain de cause. Ajoutant qu'au besoin, il n'hésiterait pas à torpiller le projet de budget. Ni à bloquer les nominations. L'un de ses lieutenants claironne de son côté que le mouvement Amal « n'a jamais cédé par le passé et ne le ferait ni aujourd'hui ni demain. »
Une ligne qui s'affiche complètement à contre-sens. D'une part à cause de l'état lamentable des finances publiques. D'autre part parce qu'il existe une décision officielle, remontant à neuf ans pleins, de supprimer les conseils et caisses. En leur laissant juste la marge de temps nécessaire pour achever le travail en cours.
C'est bien entendu en Conseil des ministres, et grâce à l'épée de Damoclès du tiers de blocage, que l'opposition agit. Non au Parlement, dominé par le 14 Mars. Le président Berry se montre déterminé au point de faire fi de la proposition du président Sleiman concernant l'adoption d'une solution médiane. Pour le chef du Législatif, s'il faut vraiment supprimer conseils et caisses, l'opération doit être menée en une seule fois, en bloc et non en pièces détachées. Le député Amal Ali Hassan Khalil a donc présenté dans ce sens une proposition de loi revêtue du caractère d'urgence que la Chambre doit débattre jeudi.
En réalité, en 2000, l'on avait alloué 500 millions de dollars au Conseil du Sud et à la Caisse des déplacés pour qu'ils mènent à bien les dédommagements requis. Étant donc précisé qu'ils seraient ensuite supprimés, les autres offices similaires devant suivre. Pour s'intégrer dans un ministère du Plan que l'on ressusciterait. La résolution soumettait ces organismes, ainsi du reste que le devis du Parlement, au contrôle de la Cour des comptes.
Il va de soi que présentement, le président Fouad Siniora, défenseur chevronné des finances publiques, est à couteaux tirés avec M. Berry. Et n'entend pas lui céder. Le leader du Futur, Saad Hariri, a vainement tenté (sur suggestion du président de la Chambre) d'arranger un peu les choses entre les deux hommes. Comme le souligne un ministre, l'abolition des caisses à prébende est vitale pour la défense du Trésor. Elle permettrait de mieux orienter les dépenses et de couper court à la corruption ambiante.
Vox clamans in deserto : à chaque début de séance, le président Sleiman presse les protagonistes à revenir à la raison (d'État). Il les invite à faire montre de responsabilité nationale bien comprise. En respectant la convention de Doha. Et en activant la refondation de l'appareil public et en dynamisant ses institutions ou ses services, pour qu'il puisse faire face aux lourds défis de l'époque. Il insiste : nul ne doit prendre pour une défaite une soumission à l'impératif national de faire prévaloir l'État. Garant de la loi, protecteur de la population qui, à son ombre, peut se rassurer : les impôts qu'elle verse n'iraient pas dans la poche des influents, mais serviraient à améliorer l'économie libanaise ainsi que la sécurité publique. Mais ces appels se heurtent à une mentalité irréversible des intérêts de groupes et de particuliers, électoraux ou autres.
Selon un ministre qui se déclare neutre, « chaque partie s'estime lésée, spoliée dans ses droits. L'opposition estime que la majorité a trop longtemps fait cavalier seul et que le temps de la revanche est venu. Les loyalistes répliquent que si participation il doit y avoir, cela doit signifier coopération pour le bien public et non confrontation paralysante. Entre les deux, le président de la République s'efforce, avec une inlassable patience, de promouvoir activement les accords rassembleurs, sur le papier, de Doha. Dans le cadre unique des institutions. Mais c'est hors-champ que certains manœuvrent, pour renforcer leurs atouts dans le dialogue et dans les désignations ».
La trêve médiatico-politique des confiseurs, et de Doha, c'est bien fini. Le bras de fer autour du budget en fait foi. L'escalade verbale, manifestement électorale, s'accentue. Du fait, principalement, du forcing persistant d'une opposition qui cherche à transformer en acquis solides l'indéniable essai réalisé à Doha aux dépens des...
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