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Actualités - interview

INTERVIEW - La pharmacie centrale est désormais décentralisée, à la demande du ministre de la Santé Khalifé décidé à faire promulguer une loi antitabac

« Démissionnaire en raison d’une décision politique », le ministre de la Santé, Mohammad Khalifé, reste entièrement impliqué dans les questions de santé publique. Il s’œuvre ainsi à expédier les affaires courantes de son administration, mais n’hésite pas à entreprendre des actions pour développer de nouveaux services susceptibles de « faciliter la vie » du patient libanais, la décentralisation de la pharmacie centrale, à titre d’exemple. Le principal objectif du ministre démissionnaire demeure toutefois celui d’adopter la carte médicale individuelle et d’unifier le système de santé. Dans son cabinet à l’hôpital de l’Université américaine de Beyrouth, le Dr Khalifé explique qu’en plus de la révision à la baisse du prix du médicament, son ministère a entrepris plusieurs autres démarches, « notamment en ce qui concerne la prise en charge de nouveaux patients qui ont eu recours à ses services en raison de la faillite du département facultatif de la Sécurité sociale ou parce qu’ils ne pouvaient plus se permettre une assurance privée ». « Grâce à une politique d’austérité, nous avons réussi en 2006 à assurer les médicaments et des soins de qualité à tous ces patients sans pour autant avoir recours aux réserves budgétaires, souligne-t-il. Pour optimiser la qualité de ces services, le ministère de la Santé a récemment décentralisé la pharmacie centrale. En collaboration notamment avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), nous avons ainsi créé dans chaque mohafazat un bureau informatisé, relié au siège central. Les patients n’ont plus donc à se déplacer vers Beyrouth pour avoir leurs médicaments. Ils complètent leurs formalités dans les bureaux régionaux et le siège de La Quarantaine continuera à desservir Beyrouth. » Cette initiative permet, selon le Dr Khalifé, non seulement d’avoir un « meilleur contrôle des formalités et de la demande, puisqu’une équipe de l’inspection pharmaceutique supervisera le travail », mais aussi de mieux contrôler les protocoles de traitement, « d’autant que l’anarchie règne à ce niveau et plusieurs médicaments sont inutilement prescrits aux patients ». « Le processus ne nécessite pas plus d’une semaine et les médicaments seront livrés pour une durée d’un mois », souligne le ministre démissionnaire, qui précise par ailleurs que l’informatisation des services permettra également de recenser le nombre des patients et de créer par conséquent une base de données des différentes maladies. Et le Dr Khalifé d’insister : « Le problème du médicament au Liban n’émane pas uniquement du prix, mais parce qu’un grand nombre de médecins ne respectent pas les standards et les protocoles internationaux de traitements et qui sont d’ailleurs adoptés au Liban, notamment en ce qui concerne les protocoles destinés à la prise en charge des maladies chroniques. Si ces médecins continuent à ne pas respecter ces protocoles, ils ne seront plus accrédités auprès du ministère de la Santé. » Mieux vaut prévenir que guérir Depuis sa démission, le Dr Khalifé a de même doté chaque caza d’un laboratoire ambulant pour contrôler la qualité de l’eau, grâce à une aide de l’OMS. « Des rapports sur la qualité de l’eau sont soumis de façon hebdomadaire au ministère, note-t-il. J’ai de même demandé d’examiner toutes les eaux minérales mises sur le marché libanais. » Plutôt que de poursuivre dans une politique de santé curative, le ministère axera ses programmes sur la prévention. « Dans le domaine de la santé publique, il faudrait insister sur l’éducation des populations comme sur la prévention, affirme le Dr Khalifé. Au Liban, à titre d’exemple, le tabagisme est associé à plusieurs maladies, comme le cancer des poumons ou les maladies cardio-vasculaires. Sans oublier qu’il altère la qualité de vie de certains patients, comme les diabétiques. Comment peut-on parler d’une détection précoce des maladies et de traitements développés, au moment où les statistiques montrent que 45 % de la population libanaise fume ? Malheureusement, le gouvernement est timide sur ce point. On refuse d’augmenter la taxe sur la cigarette, en raison de la contrebande. Mais le ministère soumettra à la présidence du Conseil des ministres un projet de loi pour contrôler le tabagisme progressivement. La première démarche consistera ainsi à interdire la cigarette dans les institutions et établissements publics. Il n’est pas concevable de continuer à imposer sa fumée aux autres, au moment où les effets néfastes du tabagisme passif sur la santé ne sont plus à prouver. » Le Liban a-t-il ratifié la Convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac ? « Oui, répond le Dr Khalifé, mais évidemment nous avons été le dernier pays de la région à la signer, bien que le ministère de la Santé ait été la première administration de la région à l’approuver. L’étape prochaine consistera à promulguer une loi antitabac, sachant que le ministère a déjà approuvé le projet de loi. » Réaffirmant que sa « démission est politique », le Dr Khalifé explique que « les études relatives à l’adoption de la carte médicale individuelle sont achevées et qu’un projet de loi sera prochainement soumis à la Chambre ». « Le ministère a également rouvert douze hôpitaux gouvernementaux qui seront prochainement soumis au système d’accréditation et de développement, ajoute-t-il. Aujourd’hui, 35 % des patients du ministère de la Santé reçoivent les traitements dans les hôpitaux publics. » Et l’hôpital de Baabda ? « Malheureusement, lorsqu’il s’agit de construction, le rôle du ministère de la Santé est consultatif. Toutefois, je suis le dossier de près et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour accélérer les travaux. » Unifier le système de santé demeure cependant l’objectif vers lequel sont axés les efforts déployés par le Dr Khalifé, qui souligne que le recours aux services des assurances privées ne doit plus être par une nécessité, mais un luxe. Propos recueillis par Nada MERHI



« Démissionnaire en raison d’une décision politique », le ministre de la Santé, Mohammad Khalifé, reste entièrement impliqué dans les questions de santé publique. Il s’œuvre ainsi à expédier les affaires courantes de son administration, mais n’hésite pas à entreprendre des actions pour développer de nouveaux services susceptibles de « faciliter la vie » du patient...