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Nos Lecteurs ont la Parole

De Guantanamo à Hadarim

Marwan Barghouti croupit dans les geôles israéliennes depuis le 15 avril 2002, plus précisément à la prison Hadarim dans la cellule 28.
À ses côtés, des milliers de Palestiniens sont détenus dans des conditions que nous, Libanais, connaissons bien, puisque nous avons eu droit, lors de l'occupation du Liban-Sud par l'armée israélienne, à notre propre « prison de la honte », le tristement célèbre centre de détention de Khiam, situé dans la localité du même nom. On en parle au passé, pour la simple raison que cette prison, transformée en « musée de la libération » par la Résistance libanaise, a été rasée à coups de bombardements aériens lors de la guerre de juillet 2006.
Il est inutile, à mon sens, de s'attarder sur les conditions de détention pratiquées à Hadarim, car celles-ci ne sont pas près de changer tant que la guerre contre le terrorisme continuera en tout cas.
Toutefois, nous pouvons quand même en profiter pour évoquer le cas de ce prisonnier qu'est Marwan Barghouti, membre du Parlement palestinien, ancien chef de la résistance armée palestinienne et défenseur acharné de la cause palestinienne, tout en étant un « modéré », c'est-à-dire qu'il se contente de revendiquer timidement le droit à la création d'un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale ; et qu'il clame haut et fort l'absence de tout désir de destruction de cette entité.
Marwan Barghouti est donc, au sens israélien, européen et états-unien, un modéré.
Nous l'avons compris depuis la dernière expédition punitive à Gaza : les modérés sont les partenaires privilégiés par les Israéliens pour mener à bien le processus de paix. Tous ceux qui ne seront pas considérés comme tel par Israël subiront le même sort que les 1 300 morts et autres 5 500 blessés de ce début d'année 2009.
D'ailleurs, le combat qu'Israël livre contre les terroristes fondamentalistes est tout à fait légitimé et soutenu par « des pays arabes » (dixit Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères d'Israël.).
Le combat d'Israël n'est donc pas contre le peuple palestinien, ni contre le peuple libanais, mais bien contre les groupes terroristes qui minent nos sociétés et qui propagent une bien étrange maladie dont les symptômes sont des plus désagréables pour toute nation qui aspire à davantage de respect des droits de l'homme et de démocratie : insoumission, arrogance et défiance envers l'incarnation du monde civilisé.
Civilisé, Marwan Barghouti l'a toujours été. Diplômé en histoire, en sciences politiques et en affaires internationales, ce militant de la première heure parle même l'hébreu.
L'accusant d'avoir commandité des attentats-suicide en Israël, et voyant en lui un successeur très probable d'Abou Ammar, Ariel Sharon a voulu sa peau et il l'a eue. Marwan Barghouti est condamné à cinq peines de prison à perpétuité. Bref, il n'est pas près de sortir de prison.
Pourtant, Marwan Barghouti est ce que l'on peut considérer comme « présentable » aux yeux de l'Occident. Ce n'est donc pas un terroriste, mais ce n'est pas non plus un pacifiste, comme il aime dire. C'est tout simplement un homme qui, en essayant de changer son destin, s'est retrouvé au fond d'une cellule de deux mètres sur trois. Alors que d'autres, ayant poussé l'arrogance, l'insoumission et la défiance à leur paroxysme, se sont retrouvés dans une prison également, mais à ciel ouvert cette fois-ci et de 3 kilomètres de large.
En évoquant le cas de cet homme, nous ne pouvons que constater que le sort réservé par les Israéliens aux Palestiniens, modérés soient-ils ou terroristes, est sensiblement le même. Voire qu'il est pire pour les modérés.
Partant de là, je comprends mieux le peuple palestinien de la bande de Gaza, et d'ailleurs je comprends également mieux son choix de résistance et de soutien aux fondamentalistes. Si je pouvais me permettre de donner un conseil à ceux qui estiment n'en avoir aucun à recevoir, je leur dirais de libérer Marwan Barghouti, non parce qu'il incarne la résistance palestinienne par excellence, mais uniquement pour donner des chances à l'autorité en place à Ramallah d'être prise pour autre chose qu'un groupe de défaitistes par son propre peuple.

Marwan EL-TIBI
Marwan Barghouti croupit dans les geôles israéliennes depuis le 15 avril 2002, plus précisément à la prison Hadarim dans la cellule 28.À ses côtés, des milliers de Palestiniens sont détenus dans des conditions que nous, Libanais, connaissons bien, puisque nous avons eu droit, lors de l'occupation du Liban-Sud par...

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