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Des fouilles mettent au jour plusieurs auberges datant des XVIIe et XVIIIe siècles Bucarest face à son histoire

« Ici nous sommes au XVIIe siècle, de l’autre côté de la rue on en est déjà au XIXe. » L’archéologue Gheorghe Manucu Adamesteanu cache à peine son enthousiasme en montrant des voûtes en briques, extrêmement bien préservées, découvertes lors de fouilles au cœur de Bucarest. «Nous connaissions l’histoire du vieux centre de la ville grâce à des documents, mais maintenant nous avons enfin l’image réelle du Bucarest médiéval », explique M. Adamesteanu à l’AFP. Ces fouilles ont notamment permis la mise au jour de plusieurs auberges datant des XVIIe et XVIIIe siècles, abritant des cruches et vases en céramique ou encore des assiettes en porcelaine, que les propriétaires n’ont pas récupérés après l’incendie ayant ravagé la ville le 23 mars 1847. Les recherches archéologiques font partie d’un projet plus vaste de la mairie visant à la réhabilitation du centre historique de la capitale roumaine, une zone délimitée par deux des principales artères de la ville, Calea Victoriei et le boulevard Bratianu, et s’étalant au total sur 47 hectares. Les travaux concernent dans un premier temps la plus ancienne rue marchande de la ville, Lipscani, et ses abords, soit le noyau autour duquel naquit Bucarest, vers le XVe siècle. Confié à la compagnie espagnole Sedesa, le projet bénéficie de fonds d’un montant total de 22 millions d’euros, dont 8 millions provenant de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Mais alors que l’argent ira notamment à la modernisation des réseaux d’eau, de canalisations de gaz et d’électricité, l’essentiel des vestiges sera enterré à nouveau, seules quelques portions de la « Grande rue » d’autrefois devant être exposées sous des dômes transparents. Charme d’antan Cette zone, que nombre d’habitants appellent toujours « le quartier français », avait été miraculeusement épargnée par la folie destructrice de l’ancien dictateur Nicolae Ceausescu, qui avait rasé des centaines de joyaux architecturaux de la ville. « Notre but est de redonner au quartier son charme d’antan, en préservant son héritage architectural, tout en le dotant d’infrastructures modernes », explique l’architecte de la mairie, Catalin Cazacu. De nombreux casse-tête demeurent toutefois, dont le flou entourant le régime de propriété. Nationalisés par le régime communiste à la fin des années 1940, puis revendiqués – vainement, pour la plupart – par les anciens propriétaires après 1990, les deux tiers des immeubles sont aujourd’hui squattés par des familles démunies, qui y vivent souvent sans chauffage ni électricité. Avant d’entamer la consolidation des immeubles délabrés, où des angelots en stuc côtoient le linge étendu au soleil, la municipalité devra trouver une solution pour loger ces familles. Mais M. Adamesteanu est optimiste. « Une fois les infrastructures modernisées, les gens auront tout intérêt à investir ici, car la valeur des propriétés montera en flèche », dit-il. Ces travaux ne font toutefois pas la joie de tous. Les habitants de la zone se disent las de la poussière et du bruit des marteaux piqueurs, tandis que les marchands ne décolèrent pas contre l’interruption du trafic automobile, qui a réduit presque à néant leurs gains. Selon une porte-parole de Sedesa, Corina Pasarica, le quartier retrouvera son air paisible en avril 2008, à la clôture du chantier, et les Bucarestois pourront reprendre possession des rues étroites au charme indéniable.
« Ici nous sommes au XVIIe siècle, de l’autre côté de la rue on en est déjà au XIXe. » L’archéologue Gheorghe Manucu Adamesteanu cache à peine son enthousiasme en montrant des voûtes en briques, extrêmement bien préservées, découvertes lors de fouilles au cœur de Bucarest.
«Nous connaissions l’histoire du vieux centre de la ville grâce à des documents, mais maintenant...