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Actualités - REPORTAGE

Le sanglant sillon de la partition d’août 1947

Jour de liesse marqué par un « pique-nique » géant, selon les souvenirs du dernier vice-roi des Indes lord Mountbatten, le premier jour de l’indépendance indienne, le 15 août 1947, fut aussi synonyme de partition bâclée et sanglante entre l’Inde et le Pakistan. À minuit, dans la nuit du 14 au 15 août 1947, lord Mountbatten remettait le pouvoir aux Indiens lors d’une cérémonie dans l’imposant Parlement à New Delhi en présence des futurs dirigeants indiens et des maharadjahs. À l’extérieur, une foule nombreuse chantait et admirait des feux d’artifice. C’était le fameux « rendez-vous avec le destin », selon les mots du Premier ministre de l’Inde indépendante, Jawaharlal Nehru, proclamant que l’Inde « s’éveillait à la vie et à la liberté ». L’Inde faisait la fête mais sans le mahatma Gandhi, dont le mouvement non violent contre le colonisateur avait pourtant joué un rôle déterminant pour l’indépendance. À Calcutta, à l’autre bout du pays, il méditait et se lamentait de la « monstrueuse vivisection » de l’Inde. Ses craintes étaient fondées. Le partage de l’ex-colonie britannique en deux nations indépendantes, l’Inde et le Pakistan, entraîna la plus grande et la plus sanglante migration forcée que le monde moderne ait connue. Entre avril et novembre 1947, un exode de 10 à 15 millions de personnes, nul ne sait exactement, traversent la frontière dans les deux sens : musulmans vers le nord-ouest, en direction du nouveau Pakistan, et vers l’est, vers le Bangladesh actuel, hindous se dirigeant au sud, vers l’Inde. Dans l’orgie de massacres que cela déclencha, entre 500 000 et un million de réfugiés périrent, massacrés sur les routes ou dans les trains qui les emmenaient loin de chez eux, devenus « trains de la mort », par des bandes de musulmans d’un côté, d’hindous et de sikhs de l’autre, armés de haches, de couteaux ou de crosses de hockey. La colère pour la partition du pays, la perte de territoires, de maisons, de fermes, était attisée par de folles rumeurs alimentant le carnage. La boîte de Pandore avait été ouverte sous la pression politique des dirigeants indiens, Mohammad Jinnah et sa Ligue musulmane d’un côté, Jawaharlal Nehru et son Parti du congrès de l’autre. L’ONU n’ayant pas voulu se charger de cette lourde tâche, le tracé des frontières fut confié à un Anglais qui n’avait jamais mis les pieds dans la région, sir Cyril Ratcliffe, qui eut exactement 36 jours dans un bureau de New Delhi pour découper des siècles d’histoire. Soixante ans plus tard, après trois guerres indo-pakistanaises et la naissance en décembre 1971 du Bangladesh, l’ex-Pakistan oriental, le symbole de ce sillon, passe, toujours sanglant, au milieu du Cachemire, théâtre d’une guérilla islamiste qui a fait au moins 44 000 morts depuis 1989, le double selon la rébellion.
Jour de liesse marqué par un « pique-nique » géant, selon les souvenirs du dernier vice-roi des Indes lord Mountbatten, le premier jour de l’indépendance indienne, le 15 août 1947, fut aussi synonyme de partition bâclée et sanglante entre l’Inde et le Pakistan. À minuit, dans la nuit du 14 au 15 août 1947, lord Mountbatten remettait le pouvoir aux Indiens lors d’une cérémonie...