Rechercher
Rechercher

Actualités

L’acteur régional veut devenir un acteur global Propos recueillis par Carine MANSOUR

Christophe Jaffrelot, directeur du CERI-Sciences-po/CNRS et auteur de « L’Inde contemporaine », et France Bhattacharya, professeur émérite des universités à Paris, analysent, pour « L’Orient-Le Jour » les aspirations de l’Inde. Comment l’Inde peut-elle poursuivre son développement de superpuissance alors qu’une large frange de la population vit dans un sous-développement total ? « L’Inde prendra, et a déjà pris, plus de temps que la Chine pour se développer, estime France Bhattacharya. Toutefois, les avantages de la démocratie sont réels et, à long terme, gagnants. Les classes et castes inférieures s’organisent et votent pour leurs propres leaders et en changent s’ils ne font pas ce qu’elles attendent d’eux. Quant à la situation sociale, elle évolue vers plus de justice, même si cela se fait lentement. ». Pour Christophe Jaffrelot, croissance et sous-développement ne sont pas nécessairement des notions incompatibles. « Un tel état de fait n’est pas rédhibitoire, si vous mesurez la puissance en termes de missiles balistiques et de capacité nucléaire, dit-il. Les États-Unis, première puissance mondiale, comptent un pourcentage de pauvres tout à fait considérable. Le sous-développement demeure toutefois un frein au développement et l’Inde court aujourd’hui le risque de connaître une croissance sans développement. » Quel rôle ce pays souhaite-t-il jouer en tant qu’acteur régional et mondial ? Le directeur du CERI indique que « l’Inde n’est pas à l’aise dans sa région. Elle pèse tellement plus lourd que les autres pays d’Asie du Sud qu’elle est plus redoutée que respectée par ses voisins qui n’hésitent pas à se liguer contre elle. Du coup, l’Inde cherche à échapper à sa région pour devenir un acteur global. Aujourd’hui, elle aspire non seulement à la puissance militaire, mais aussi à un statut – et notamment à un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU  », poursuit-il. Par ailleurs, souligne M. Jaffrelot, « les États-Unis considèrent aujourd’hui que l’Inde est leur allié stratégique par excellence en Asie, notamment pour faire contrepoids à la Chine et pour contenir le terrorisme islamiste ». La signature d’un accord en matière de nucléaire civil entre l’Inde – qui n’a pas signé le Traité de non-prolifération nucléaire – et les États-Unis s’inscrit dans cette stratégie. Et ce d’autant plus que Washington estime inadmissible de permettre à l’Iran de développer ses activités nucléaires. « Washington est donc prêt à bien des exceptions pour l’Inde ! » répond l’auteur de L’Inde contemporaine. « New Delhi se sait en position de force et en joue. En outre, la diaspora indienne aux États-Unis est plus qu’un trait d’union, un lobby très efficace », conclut-il. Christophe Jaffrelot, L’Inde contemporaine. De 1950 à nos jours (dir.), Paris, Fayard, 2006
Christophe Jaffrelot, directeur du CERI-Sciences-po/CNRS et auteur de « L’Inde contemporaine », et France Bhattacharya, professeur émérite des universités à Paris, analysent, pour « L’Orient-Le Jour » les aspirations de l’Inde.
Comment l’Inde peut-elle poursuivre son développement de superpuissance alors qu’une large frange de la population vit dans un sous-développement...