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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

Toni Il a les yeux cernés, le regard fatigué, le sourire d’un ange... Depuis des lunes (depuis vingt-deux ans), Toni s’adonne à toutes sortes de drogues dures. Collée à ma télé, je le regarde parler avec simplicité et courage (émission de Zaven du 25 juin 2007, dans le cadre de la Journée mondiale de la toxicomanie). Sa bonté et son altruisme rayonnent : ce sont eux qui l’ont poussé à mettre son âme à nu, à refuser de cacher son visage et de changer sa voix ; il veut briser les tabous, les non-dits, donner des conseils aux autres et défier la société qui le juge si cruellement…. « Non », a-t-il répondu quand on lui a demandé s’il voulait arrêter de se droguer. Étonnant ? Pas tant que ça, quand on le verra s’expliquer : « Donnez-moi une vie et j’arrêterai la drogue. Donnez-moi un travail, une famille, des enfants et je serai le meilleur des pères, le meilleur guide pour mes enfants… » Tel un mort, seul l’espoir le fera ressusciter. Car Toni, ancien milicien de guerre, revient toujours sur son passé qui l’a détruit, anéanti et qui continue à le hanter... « Comment oublier tous ces corps déchiquetés, toute cette violence, toutes ces horreurs ? Je me drogue pour ne plus les voir, ne plus souffrir, tout oublier... » Toni est aujourd’hui en prison. Parce que la drogue est un crime. Le crime d’avoir souffert, de souffrir toujours et de ne plus pouvoir supporter sa souffrance. Quand est-ce que ces prisons deviendront-elles des centres médicaux pour soigner ces « malades » de la drogue ? En tout cas, pas tant que notre mentalité concernant les drogués restera elle-même prisonnière des tabous et des préjugés. Tendons la main à ceux qui souffrent car ils ont besoin de tout notre amour pour oublier. Et pour se faire une vie, une vraie, comme Toni le demande si ingénument et en toute simplicité. Michele AOUN Koweït Sur la route de Brammertz… Qui n’est pas sur la route de Brammertz est vraiment malchanceux. Cela peut vous sembler bizarre. Mais comme rien n’est étrange au Liban… Je vais vous aider à comprendre : À Mansourieh, petit village dans le Metn-Nord, qui n’en est plus un, une seule et unique question se pose : être ou ne pas être sur la route de Brammertz ? Et, évidemment, vaut mieux être sur la route de Brammertz, parce que sans le savoir, ce dernier offre la lumière. Avec ou sans la vérité, il offre la lumière. Sa route est certes semée d’embûches, mais elle vous permet de dormir tranquille, dans la fraîcheur de votre air conditionné, et surtout elle parfume vos nuits, grâce à ces petites plaquettes bleues qui éloignent les moustiques. Vous cherchez le rapport ? Il est pourtant simple. Là où passe Brammertz passe le courant et ce n’est pas une image. À Mansourieh, les coupures de courant persistent, mais d’une manière si précise que l’on ne peut que s’incliner face à tant de discipline. J’ai toujours été impressionnée par l’exactitude avec laquelle vient l’heure de la coupure de courant, 8h, 10h, 14h, 18h, minuit, et encore 8h, 10h, 14h, 18h, minuit. Pas une minute de plus, pas une de moins. Ponctualité et rigueur, pour un acte patriotique qui est entré dans le rituel historique de notre pays. Mais là où passe Brammertz, pas de coupure de courant. Alors, chanceux sont ceux qui sont sur sa route, ceux-là ont des nuits fraîches et tranquilles. Malheureusement pour moi, je ne suis pas sur la route de Brammertz. Je suis sur la route des autres, je ne veux pas parler de ceux qui, en plus d’offrir la lumière sur les routes, font la pluie et le beau temps, mais de ces autres, ceux qui restent, ceux qui, patients et vertueux, souffrent en silence, mais espèrent que, comme le disait Claudel, « avec le temps et la patience, la feuille de mûrier devient satin ». Chaden NAJJAR Beau comme un chameau Après les différents shows de téléréalité, après les Miss, les apprentis chanteurs, les apprentis cuisiniers, après les Survivors, les Big Brothers et autres, voilà que nous bombarde une chaîne câblée d’un nouveau genre d’élections via SMS : Miss ou Mister Chameau ! Oui, oui, je ne rigole pas ! Étant un grand téléphage ou accro au zapping (étant donné l’agoraphobie généralisée au Liban), je tombe un samedi soir sur une chaîne arabe qui invite à longueur de journée les téléspectateurs, dans leur stupeur légendaire, à voter pour le plus beau chameau ou chamelon, ou la plus belle chamelle en direct à la télé. Bien sûr, un chamelier excite la bête en question à se tourner et retourner devant une caméra subjective avec, en arrière-fond, une musique on ne peut plus traditionnelle de la région en question. Certainement, vous pouvez voter en envoyant le numéro de la bête au numéro exclusif de votre pays. En plus, vous avez l’opportunité de commenter les stars qui défilent sous vos yeux par des SMS. Franchement, je ne vois pas la différence entre les pauvres bêtes obligées de se conformer aux fantasmes de leur proprio, mais je peux affirmer que c’est l’un des rares shows où le gagnant n’est pas un descendant du singe (pourquoi pas, d’ailleurs, M. Darwin ?)  et que c’est un programme qui n’est pas vomi par une franchise scandinave (n’est-ce pas Endemol ou Strix ?). Je ne vois pas d’inconvénient dorénavant à programmer le vote de la meilleure marmite ou lave-vaisselle ou bien, pire, l’élection du meilleur homme politique ou zaïm Julien HACHEM Réagir sans retard Les belles paroles de condamnation des assassinats politiques au Liban ne peuvent ni mettre fin aux actes des assassins, ni sauver le Liban de la catastrophe. Pendant les trente années d’occupation, le peuple libanais a beaucoup souffert et il continue à subir toutes sortes d’humiliations de la part des mêmes criminels et de leurs agents à la solde de certains services secrets connus. Ces mercenaires continueront leur sale besogne tant que le pays restera divisé. Il est temps que tous les Libanais de tous bords mettent de côté leurs différends, s’unissent autour du gouvernement et étouffent dans l’œuf les activités subversives de ces assassins et de leurs commanditaires. Le moment des lamentations est dépassé, le gouvernement et le peuple libanais doivent réagir et demander sans retard l’aide urgente des forces internationales pour mettre fin aux souffrances du peuple et préserver la souveraineté, l’intégrité territoriale et les libertés publiques et démocratiques du Liban. Les Nations unies, les pays arabes et tous les autres pays ne peuvent plus assister indifférents à l’agonie du Liban et de son peuple. Au XXIe siècle, il est criminel et impardonnable qu’un petit pays comme le Liban, un modèle unique au monde de coexistence, et interconfessionnelle et intercommunautaire, endure une agression injustifiée et soit victime des forces du mal qui cherchent sa désintégration. Hratch TOURIKIAN
Toni

Il a les yeux cernés, le regard fatigué, le sourire d’un ange...
Depuis des lunes (depuis vingt-deux ans), Toni s’adonne à toutes sortes de drogues dures. Collée à ma télé, je le regarde parler avec simplicité et courage (émission de Zaven du 25 juin 2007, dans le cadre de la Journée mondiale de la toxicomanie). Sa bonté et son altruisme rayonnent : ce sont eux qui l’ont...