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Société - Un club de passionnés fait la promotion du port des habits traditionnels En Chine, le renouveau nationaliste dans les plis des vêtements

Il y a plus de 40 ans, au début de la Révolution culturelle, He Xudong aurait sûrement arboré un costume Mao ; en 2007, sur le campus de son université à Pékin, il se promène en vêtement traditionnel de l’époque impériale. « Mes camarades ne sont pas surpris, parce qu’ils m’ont déjà vu en porter au dortoir. Mon professeur l’a peut-être été, mais il n’a rien dit », dit cet étudiant de 22 ans, dans un grand éclat de rire, lorsqu’il explique ne pas hésiter à venir en cours avec ce vêtement qui tire son origine de la dynastie des Han (206 avant Jésus-Christ/220 après J.-C.) et est reconnaissable à ses manches larges, sa grande tunique et à l’absence de boutons. Avec d’autres étudiants ou des employés de l’université de Tsinghua, l’une des plus renommées de Chine, He Xudong appartient à un club de passionnés qui en promeut le port. Vouée aux gémonies sous le maoïsme, la culture traditionnelle est de retour, même dans les plis des vêtements, dans une Chine forte de sa puissance économique et avec le soutien d’un régime communiste en quête de légitimité. « La culture chinoise de l’époque a exercé une influence dans le monde entier, en particulier en Asie. Malheureusement à notre époque, cette culture traditionnelle est oubliée. Grâce à nos efforts, nous pensons la faire revivre et retrouver nos racines », dit Wang Xiaolu, une employée de 32 ans qui anime le club auquel appartient He. Ils se retrouvent, dès que l’occasion s’en présente, lors de mariages, anniversaires, dîners, revêtant ces habits, qui ont un air de parenté avec les kimonos japonais. « Ces jeunes intellectuels, ils connaissent plutôt bien les vêtements traditionnels chinois, c’est un retour de la conscience des traditions, une sorte de “renaissance” », juge Ren Guanyu, directeur général de la société de confection Hanyifang, qui fabrique à la fois des costumes occidentaux et des habits chinois anciens. « Comme chaque pièce est différente, on ne peut pas les produire en chaîne, certains nécessitent des broderies faites main, c’est pour cela que les chiffres de production et de vente ne sont pas encore très élevés », ajoute-t-il. « Cependant, il y a une demande de plus en plus forte » pour des pièces qui peuvent être vendues de 400 à 6 000 yuans (de 39 à 585 euros) et dont les principaux clients sont justement les étudiants, ajoute-t-il. « Nous avons même des entreprises étrangères. Par exemple la Standard Chartered Bank a organisé récemment un dîner, dont certains participants nous ont commandé des costumes très typiques », dit M. Ren. L’autre grande université de Pékin, Beida, a lancé récemment un concours d’idées pour remplacer la toge occidentale portée depuis 1994 lors de la cérémonie de remise des diplômes par un costume d’inspiration chinoise. « Pourquoi les étudiants chinois devraient-ils porter des toges occidentales pour recevoir leurs diplômes ? » s’est interrogé Sui Yue, président d’une association d’étudiants qui organise le concours avec la Ligue de la jeunesse communiste. Cette mode des vêtements traditionnels n’épargne pas le grand événement de l’année prochaine, les Jeux olympiques de Pékin. Début avril, une centaine d’universitaires, chercheurs et professeurs ont signé une pétition, relayés par une vingtaine de sites Internet, pour réclamer que la délégation chinoise en soit revêtue lors de la cérémonie d’ouverture.


Il y a plus de 40 ans, au début de la Révolution culturelle, He Xudong aurait sûrement arboré un costume Mao ; en 2007, sur le campus de son université à Pékin, il se promène en vêtement traditionnel de l’époque impériale. « Mes camarades ne sont pas surpris, parce qu’ils m’ont déjà vu en porter au dortoir. Mon professeur l’a peut-être été, mais il n’a rien dit »,...