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Douce France Andrée SALIBI

Durant la cérémonie de passation des pouvoirs entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, l’émotion était au rendez-vous. Une page de l’histoire était tournée sous nos yeux. Un grand homme, un président ami du Liban quittait l’Élysée dignement avec « la fierté du devoir accompli », laissant officiellement la place à un nouveau président. M. Sarkozy confirme sa volonté de servir la France, « qui lui a tout donné ». Il s’engage avec toute l’ardeur de la jeunesse à servir tous les Français, à conduire la France toujours vers l’avant. Un grand moment, une ambiance de neuf, un souffle de jeunesse, des rêves géants caractérisent ce jour-là. Une France libre, indépendante et souveraine s’annonçait, ainsi le souhaite son jeune président entouré de sa famille et de ses amis. En cette journée du 16 mai, lors de cette investiture, pris par des sentiments spontanés d’appartenance à la France, des Libanais comme moi sont restés scotchés à leur petit écran. Cette longue fraternité passée, cet amour sincère de la France inculqué par nos parents ont fait rejaillir dans nos cœurs une foule de sentiments. J’ai revu mes premières années scolaires et la place majeure qu’occupait la langue française, mes premiers poèmes retenus et récités avec aisance. J’ai revu les activités de l’été au Centre culturel français, les visites matinales pour échanger des livres de lecture. Cet accueil chaleureux des missionnaires français, cette ambiance intellectuelle, cette politesse, ces « Bonjour Mademoiselle » et je n’avais que 8 ans, je les garde précieusement en mémoire. Aussi, les sessions du CCF destinées aux professeurs, pour des méthodes d’enseignement modernes, nécessitaient la présence d’élèves privilégiés. Un prix de diction à la fin d’une de ces sessions m’a été remis par la mère supérieure de mon établissement scolaire. Je me souviens aussi du « signal » que nos parents faisaient circuler parmi nous, mes frères, mes sœurs et moi, pour nous obliger à causer cette douce langue. Ce petit objet banal qui ne valait rien au départ retrouvait toute sa magie, le temps d’une compétition. Le gagnant de la semaine recevait en cadeau des livres en français. Oui, la francophonie me colle à la peau, elle me fascine. Quoique disent ou pensent les autres, il est impossible de détourner notre estime et notre gratitude vers d’autres horizons. Le passé glorieux qui nous unit à la France est réel, notre avenir ne peut que passer par elle. Elle reste notre dernier espoir de paix et de salut. Le pèlerinage présidentiel de Sarkozy escorté par la garde républicaine quelques heures après son investiture fut touchant. Sa visite au tombeau du Soldat inconnu pour y raviver la flamme, puis aux monuments des martyrs de la Résistance française du bois de Boulogne étaient le reflet de son caractère déterminé. Des honneurs solennels ont été rendus à ces martyrs communistes, « qui ont su dire non à la soumission » lors de l’Occupation, face à la cruauté nazie. « Ce non continuera d’être entendu, bien après leur mort, parce que ce non, c’est le cri éternel que la liberté humaine oppose à tout ce qui menace de l’asservir » a déclaré le nouveau président. La lecture des noms de ces héros de la Résistance, assassinés en 1941 au bois de Boulogne, l’évocation de leur souffrance, de leur longue agonie ont révélé les qualités de cœur de Sarkozy. La lettre d’adieux de Guy Môquet, âgé de 17 ans et demi, à ses parents, la veille de son assassinat par la Gestapo, a été lue par une lycéenne. Cette lettre sera relue dorénavant dans tous les lycées français, en début d’année, pour préserver ce souvenir. C’est une invitation aux jeunes Français à mettre fin aux guerres et à tout acte barbare. C’est une éducation à servir la France, à l’aimer, sans pour autant haïr les autres pays voisins. La visite en Allemagne, dans les heures qui ont suivi, confirme une volonté de vivre, d’aimer, d’avancer loin des haines et des guerres. Sarkozy l’a bien dit : il se battra, corps et âme, pour une France forte dans une Europe unie. Comment ne pas déplorer notre sort en comparant ces grands moments à ce que nous subissons en ces jours obscurs. Combien de Guy Môquet, martyrs de mon pays, n’ayant jamais été honorés, attendent toujours l’hommage qui leur est dû ou un minimum de respect, pour enfin reposer en paix. Comment ne pas regretter d’être né dans ce coin de la planète, dans cette jungle confessionnelle, aux innombrables problèmes ? Comment apprendre à se détacher de cette terre tant aimée, pour que notre vie ne soit plus perdante, pour que nous ayons droit à un peu de bonheur ? Si les consciences pouvaient se réveiller, le Liban pourrait lui aussi devenir, à l’image de la France de Sarkozy, une terre de salut. Si seulement les Libanais se décidaient à partager une même vision, pour construire enfin leur nation. Merci M. Sarkozy pour cette journée de gloire. Merci de m’avoir donné l’espoir que tout changement reste possible. Mais les miracles, Monsieur le Président, il faudrait surtout y croire. Andrée SALIBI Article paru le Vendredi 25 Mai 2007
Durant la cérémonie de passation des pouvoirs entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, l’émotion était au rendez-vous. Une page de l’histoire était tournée sous nos yeux. Un grand homme, un président ami du Liban quittait l’Élysée dignement avec « la fierté du devoir accompli », laissant officiellement la place à un nouveau président. M. Sarkozy confirme sa volonté de...