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CORRESPONDANCE - À la source de Tania Isaac, la fille des Caraïbes La danse jaillit avec force et fraîcheur d’âme

WASHINGTON, d’Irène MOSALLI «À la claire fontaine… Jamais je ne t’oublierai...» Dans cette vieille chanson française, il y a amour, romance et douceur. L’eau est aussi source de remous, de bouillonnement et de bruissement. C’est ainsi que sont les choses avec la danseuse et chorégraphe Tania Isaac qui vient de présenter, à Washington, son nouveau spectacle Standpipe (Le tuyau-source). À Sainte-Lucie (îles des Caraïbes) dont elle est originaire, toutes les activités tournent autour de ce point d’eau. C’est le lieu naturel de rencontre : pour se faire des amis, parler politique, exprimer son mécontentement ou tout simplement bavarder. Une perpétuelle animation qui habite Tania Isaac et qu’elle a fait exploser sur les planches en interprétant une œuvre de son cru, dynamique et vibrante, inspirée du style du «conteur» du village. Mélange de danses folkloriques caraïbes et de danses modernes, et aussi d’images vidéo, Standpipe est à la fois une chronique personnelle et un commentaire social. L’artiste passe de l’irrévérence à la célébration, de l’athlétisme à l’émotion pure, créant un pont culturel entre les traditions de son pays et les impératifs scéniques. Force de la nature et souplesse de félin Sur un fond musical fusionnant rythmes des îles, reggae, comptines et extraits de Bach, Tania Isaac bondit spectaculairement d’un monde à l’autre. Tantôt force de la nature, tendant ses muscles et s’élançant dans l’espace, tantôt s’étirant avec la souplesse de félin, elle tient le public en haleine, l’étourdissant puis le berçant. Elle a beaucoup de choses à dire en mouvements: les diverses facettes de son pays d’origine, l’environnement et le sort des petites contrées face aux puissantes. Des thèmes qu’elle danse avec vigueur, humour et un zeste de dérision. Elle arbore des tenues de scène portant la griffe d’une designer de Sainte-Lucie, Jeannique Prosper, sciemment défraîchies et qui sont une réminiscence de costumes de carnaval, de robes villageoises, d’habits de tribus ou de simples badauds. Le tout baignant dans un décor jouant sur la lumière et se fondant avec une imagerie vidéo : le rouge saturé conduit à un étang de rêverie et l’ambiance bleuâtre à un espace enneigé. En tomber de rideau, on la voit en train d’enjamber un baquet d’eau au son de rythmes tropicaux qui, soudain, font place à une musique d’opéra qui mène le spectacle vers un espace de rêverie et de mysticisme. L’artiste prend son équilibre sur le bord du baquet, le dos arqué et les mains tendues vers le ciel: une vision du triomphe et de la vulnérabilité. Cette danseuse qui a fait une grande percée à New York, l’automne denier, vit et travaille en Philadelphie. Née dans l’île de Sainte-Lucie, elle avait choisi de poursuivre ses études aux États-Unis. Là, après avoir fréquenté l’Université du Wisconsin, elle a exploré les composantes esthétiques, culturelles et sociopolitiques de la danse contemporaine. Puis elle a fait partie de plusieurs troupes de danse expérimentale avant de fonder la sienne, qui est actuellement en train de se produire dans plusieurs villes américaines. Partout on applaudit sa créativité chorégraphique qui traite, avec force et fraîcheur d’âme, l’impact de son patrimoine sur la vie actuelle.
WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

«À la claire fontaine… Jamais je ne t’oublierai...» Dans cette vieille chanson française, il y a amour, romance et douceur. L’eau est aussi source de remous, de bouillonnement et de bruissement. C’est ainsi que sont les choses avec la danseuse et chorégraphe Tania Isaac qui vient de présenter, à Washington, son nouveau spectacle...