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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - « Mind Me » ou les œuvres de Caline Chidiac au Flea Market du Art Lounge * Âmes sensibles s’abstenir

Lorsqu’elle passe, qu’elle glisse, du haut de son mètre quatre-vingts, son regard – très esthétique – sur le monde, qu’elle en parle de sa voix grave, elle ne passe pas inaperçue. Un look, qu’elle semble avoir inventé sur mesure, à sa démesure, et ce je ne sais quoi d’élégance qui fait toute la différence. La mode, son monde de prédilection, est présente dans chacun de ses pas. Des lunettes aux vêtements, aux collages qu’elle présente pour la première fois, l’univers de Caline Chidiac est empreint de messages esthétiques et culturels à décrypter par un public qu’elle préférerait «politiquement incorrect». Le «Wearhouse», mezzanine du Flea Market du Art Lounge où elle a choisi d’afficher ses préférences, a été inauguré avec l’exposition «Mind Me» de Caline Chidiac. Il fallait, en effet, un travail personnel, nouveau, audacieux et sincère, inspiré d’une culture «underground», pour habiller cet espace également underground avec un goût, fort apprécié, d’inachevé. Lumière blanche de néons d’usine, l’espace était autrefois une usine de coton, murs blancs délavés par le temps, qui ont l’air d’avoir été spécialement créés pour l’installation. Lumière froide réchauffée par le bric-à-brac du marché aux puces, quelques marches plus bas. L’ambiance qui règne ici est particulière. Chargée d’images et de symboles. De visages, de personnalités connues, de références culturelles et musicales, de phrases-clés, de mots chocs. Chargée de l’esprit de Caline, ces morceaux de son âme recollée sur 15 toiles, d’où le titre évocateur de Mind Me. «J’ai aimé ce double sens. D’une part, il signifie My Mind, mon esprit, ma réflexion et, si on veut le traduire, faites attention à moi ! Je me mets en avant, ce qui est très nouveau pour moi.» Un parcours logique Opticienne qui a donné aux lunettes un regard plus insolite et insolent, Caline a suivi un parcours à ses yeux très cohérent. «Je suis peu à peu, mais naturellement, entrée dans le monde de la mode.» En récupérant des vêtements vintage, des tissus qui existaient déjà, en coupant par-ci, recousant par-là, elle réussit, sous le label Underdog «et en fonction du look du moment», à en modifier l’ensemble. «Ma démarche, dans mes collages, suit la même logique, poursuit-elle. Je choisis de très belles photos, puisées dans des magazines de mode anglais ou américains que je collectionne depuis des années, et je leur donne une deuxième vie. Une valeur ajoutée…» Cette valeur, c’est bien sûr la sensibilité artistique de Caline, mais aussi ses émotions, ses réflexions et surtout la somme de douleurs vécues durant cette dernière année. «J’ai connu quatre mois de travail intensif où j’ai récolté quelques fruits d’une période qui a été difficile. Chaque collage correspond à une phase un peu plus sereine. Lorsque j’ai commencé, je n’arrivais plus à m’arrêter. Au début, je m’intéressais à associer des images, puis j’y ai inséré certains éléments. Enfin, dans les dernières toiles, j’ai ajouté la peinture. C’est devenu un mélange de médias. C’est moi…» Messages personnels Se plonger dans les toiles de Caline Chidiac ressemble à un voyage au bord de son inconscient que l’on fait avec son autorisation. Outre l’association, purement esthétique, de ces images, qui sont tour à tour drôles, cyniques, agressives et carrément violentes, le résultat final est une composition équilibrée, loin de toute facilité. Chacun des personnages posés là a sa raison d’être, son message caché ou apparent. Masques, ovnis, visages, cerveaux, ampoules, épingles à nourrice, strass. Nouveau-nés, monstres, anges, hommes et femmes, mannequins, danseurs et chiens. Guerres, tolérance, injustice, beauté, laideur, rage et déception, yeux sans visages, visages sans yeux, sexe des anges. Andy Warhol, David Bowie, Naomi Campbell, Kate Moss, Jane Birkin et même Napoléon enveloppé d’un drapeau anglais, les invités dans le «mind» très libéré et les tableaux de Caline Chidiac sont nombreux, mais triés sur le volet. Privilégiant le format horizontal, «c’était plus évident, au début», confie-t-elle, elle choisit de tout montrer, de tout formuler, de ses angoisses, de ses quêtes et, aujourd’hui, de cette sérénité retrouvée. «Les titres font partie du collage. Je ne veux pas les divulguer pour laisser à chacun la liberté de voir et de comprendre ce qu’il veut.» Un message, toutefois, inscrit sur un des tableaux, inspiré de Debrah Harry, la chanteuse du groupe Blondie, et qu’elle tient à nous lire de sa voix particulière, résume bien son état d’esprit actuel: «Je crois que mes blessures sont en train de guérir. Je prends tellement de plaisir dans ce que je fais que j’aimerais réussir à en explorer toutes les limites.» Carla HENOUD * L’exposition se poursuivra jusqu’au 30 avril, de 12 heures à 24 heures.

Lorsqu’elle passe, qu’elle glisse, du haut de son mètre quatre-vingts, son regard – très esthétique – sur le monde, qu’elle en parle de sa voix grave, elle ne passe pas inaperçue. Un look, qu’elle semble avoir inventé sur mesure, à sa démesure, et ce je ne sais quoi d’élégance qui fait toute la différence. La mode, son monde de prédilection, est présente...