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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Jusqu’au 28 février à la galerie Alice Mogabgab Rima Amyuni, ou la peinture vitale

Devant une toile de Rima Amyuni, il est difficile de passer son chemin. Il y a quelque chose dans sa peinture qui vous arrête, vous interpelle, vous force à l’observer, à la contempler. Une force jaillissante à coups de pinceaux généreux, trempés dans des couleurs presque saturées. Une véhémence qui se dégage de ses paysages foisonnants, de ses portraits expressionnistes, de ses compositions gorgées de lumière... Des tableaux – exposés jusqu’au 28 février, à la galerie Alice Mogabgab (Gemmayzé) – qui, sous l’éclat vif des couleurs et l’apparente ingénuité des thèmes, laissent transparaître un tourment sous-jacent. Car Rima Amyuni est une authentique artiste, avec ce que cela sous-entend d’hypersensibilité, d’intensité, de désarrois et d’inconfort mondain. D’exigence aussi. Dans l’ombre de son atelier, aménagé dans la maison familiale de Yarzé et cerné d’une végétation luxuriante, elle peint pour fuir «la médiocrité» ambiante, pour se retrouver, s’exprimer non seulement avec les autres mais avec elle-même. «La peinture est un miroir», affirme cette artiste sincère, qui utilise le langage des lignes et des couleurs pour essayer «de comprendre». Pour essayer d’appréhender l’essence de sa relation au monde, de ses rapports avec la nature, avec les gens, des plus étrangers aux plus proches... Une peinture influencée par les aplats de couleurs vives et la touche épaisse des post-impressionnistes – en particulier Matisse, de qui elle a pris la présence fréquente des végétaux dans ses œuvres – mais qui n’en garde pas moins son cachet propre: cet expressionnisme personnel, dont Le Portrait de ma (sa) mère, exposé actuellement et jusqu’à fin janvier au musée Sursock, dans le cadre du Salon d’automne, donne un témoignage saisissant. Intensité À travers ce portrait individuel, c’est une relation qui se raconte, un duo qui s’exprime: le rapport filial à la mère. «Je me suis battue avec cette toile durant une semaine», confesse d’ailleurs Amyuni, qui indique avoir fait ce portrait de mémoire à partir d’un rapide croquis esquissé au cours d’une unique séance de pose de quelques minutes, sa mère ayant ensuite voyagé. Idem pour Portrait d’un ami (également exposé au musée Sursock), traité avec fougue, intensité et harmonie des couleurs. Une vigueur caractéristique chez Rima Amyuni. Et qui avait attiré déjà, à l’époque de ses études de peinture à Londres, l’attention de l’un de ses professeurs, Graham Nickson. Lequel avait décelé la force de sa peinture et son sens poussé de la couleur. De Nickson, elle gardera une empreinte forte: le dessin au fusain, qu’elle emploiera longtemps en études préliminaires à ses huiles, avant de s’en affranchir et passer directement au pinceau sur la toile. De ses années d’études en arts plastiques à la Columbia University à New York, qu’elle entamera par la suite, elle tirera également une sensibilité à l’histoire de l’art qui va enrichir son travail de correspondances secrètes avec ceux des grands maîtres qu’elle admire. D’où les nombreuses toiles-hommages qu’elle dédie à Matisse, Picasso ou Van Gogh... Des œuvres imprégnées de leur esprit, de leurs styles, mais qui restent avant tout des œuvres de Rima Amyuni... De retour au Liban, elle enseignera l’art durant quelques années, avant de tout abandonner pour... s’abandonner totalement à la peinture. «Elle donne un sens à ma vie», affirme cette artiste, qui avoue ne pas savoir interpréter ses toiles. «J’ai besoin d’un regard extérieur. Ce sont les spectateurs qui m’expliquent ce que je fais.» Des «regards extérieurs» souvent conquis par l’intensité et la sincérité de son expression picturale et des regards de professionnels qui lui ont déjà valu le prix Graham Hamilton de dessin, en 1978, ainsi que le prix du musée Sursock en 1995! Zéna ZALZAL Une trentaine de toiles de Rima Amyuni seront exposées, jusqu’au 28 février, à la galerie Alice Mogabgab (Gemmayzé).
Devant une toile de Rima Amyuni, il est difficile de passer son chemin. Il y a quelque chose dans sa peinture qui vous arrête, vous interpelle, vous force à l’observer, à la contempler. Une force jaillissante à coups de pinceaux généreux, trempés dans des couleurs presque saturées. Une véhémence qui se dégage de ses paysages foisonnants, de ses portraits expressionnistes,...