MOMENTS INSOLITES - Un nouveau concept de boutique-café à Gemmayzé depuis 8 mois « Kitsch », et fières de l’être !

Kitsch ou kitch : adj. inv. et n.m. inv. Se dit d’un objet, d’une œuvre d’art, d’un décor, d’un mobilier au mauvais goût provocant qui réjouit les uns et rebute les autres. La définition que donne le dictionnaire de ce qui est devenu une manière d’être dans le monde, un style et même un snobisme, a visiblement bien changé ! Les adeptes du kitsch sont nombreux(ses), et affichent leur préférence et leur – bon – goût avec humour et légèreté. Racil Chalhoub et Dalia Dogmoch font partie de ce club sélect. Elles ont même ainsi baptisé leur boutique-café, « parce que quand c’est kitsch, et tant que ce n’est pas, à nos yeux, vulgaire, tout est permis ! » On y entre comme chez soi, avec cette liberté et cette envie de flâner, regarder, prendre son temps et combler ses sens. En écoutant une musique sélectionnée pour des oreilles en quête de tranquillité, humer le parfum de cakes et autres muffins fondant dans le four, toucher la texture d’un body en soie et apprécier les différents coins mis en place dans cette ancienne maison libanaise. Fouiner dans les armoires, essayer un jean, une chemise, l’assortir d’un accessoire, s’étendre, peut-être, sur le lit douillet, en lisant un magazine… de mode évidemment. Puis s’installer dans le coin café, savourer une salade préparée par la maison et se laisser aller à toutes ces gourmandises de l’esprit et du corps. Ici, à la place des points sur les i, on préfère mettre un cœur, indice de féminité et d’une ambiance qui se veut amicale et accueillante. Le logo de « kitsch » est ainsi créé. « Ce concept de boutique-café, le premier au Moyen-Orient, est très courant aux États-Unis », explique Racil Chalhoub, elle-même non pas fashion victim, comme elle le dit en anglais dans le texte, mais fashion conscious. Séduite par la mode qui fait la une des magazines spécialisés, intéressée par des stylistes étrangers connus, par les musts have, comprenez les « à avoir à tout prix » et les nouvelles tendances. Cette passion, qu’elle partage avec son amie d’enfance Dalia Dogmoch, a donné naissance à « kitsch ». Un coin dissimulé dans les ruelles intimes et parallèles à Gemmayzé, une ancienne demeure à laquelle elles ont donné une forme, des couleurs et un nouvel usage. Des murs en rouge-fuchsia entre les anciennes arcades, des affiches de cinéma « vintage », certaines d’origine, sur les murs. Une armoire, un lit, un comptoir, enfin, où s’exposent les desserts du jour, et le décor est planté. Un mélange inattendu À son retour au Liban en 2005, le duo, motivé, comme le furent beaucoup de jeunes, a eu envie de « donner à Beyrouth une chance. Et faire quelque chose qui nous paraissait manquer à la ville ». Racil, qui vient de l’univers du design et du marketing de mode qu’elle a étudié à l’AIU de Londres, Dalia, du marketing et de l’immobilier, à la New York University, « toutes les deux gourmandes et fans de la mode ! », décident de joindre le beau au bon. Dans leur univers de 170 m2, l’on trouve une diversité d’objets, certains « uniques », des cosmétiques aux livres, en passant par les vêtements, les bijoux et des articles vintage. Derrière un rideau en perles qui sépare les deux espaces, se cache, discret, le « coin gourmand », ouvert 7 jours sur 7, de huit à huit. Les habitués du menu viennent savourer leur petit-déjeuner tranquillement, avec un choix d’omelettes et des gâteaux de grand-mères, ou partager une salade et des tartines, à midi, en consultant leurs mails ou leur quotidien. « Nous avons voulu, ici aussi, installer une ambiance conviviale et agréable. Les clients du café ne sont pas forcément ceux de la boutique, mais ils ont en commun l’envie de se relaxer dans une atmosphère proche d’un chez-soi. » Inauguré le 20 mai 2006, « Kitsch » n’a pas connu les meilleurs jours de cette ville que la boutique aime tant. Sur les tasses où se sirote le café maison, le fameux I love Beirut, fièrement imprimé dessus, prend certains jours des airs de nostalgie. Mais le bonheur, le dynamisme des deux femmes et le succès de l’endroit suffisent à insuffler cette énergie inaltérable. Carla HENOUD