Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

« Che » Ahmadinejad

Décidément, Mahmoud Ahmadinejad ne manque pas d’idées pour défier encore plus George W. Bush. La « guerre d’influence » entre l’Iran et les États-Unis a pris ce week-end un nouveau tournant avec la visite, samedi et dimanche, d’Ahmadinejad au Venezuela, au Nicaragua et en Équateur, des pays qui partagent ouvertement l’antiaméricanisme de l’Iran. Cette visite est d’autant plus importante qu’elle intervient quelques jours après les menaces de Washington qui – selon Condoleezza Rice – ne restera pas « inactif » face aux agissements de Téhéran en Irak, qualifiés « d’agression régionale ». Mais quel message politique Ahmadinejad veut-il envoyer à Bush à travers sa visite en Amérique latine ? En premier lieu, ce déplacement permet à Téhéran de renforcer son alliance avec Caracas, Managua et Quito. Mais pour Ahmadinejad, cette visite vise surtout à apporter un soutien « stratégique » à son « frère » Hugo Chavez qui vient d’être investi pour un nouveau mandat de six ans à la tête du Venezuela. Chavez, ce « champion de la lutte contre l’impérialisme », comme aime le qualifier Ahmadinejad, a promis de nationaliser l’électricité et la téléphonie, deux secteurs dont les entreprises américaines sont les principaux actionnaires étrangers. Plus encore, Chavez prévoit un durcissement à l’encontre des multinationales pétrolières en mettant fin au contrôle des groupes étrangers sur quatre raffineries de la Ceinture de l’Orénoque, la plus importante réserve du pays, cinquième exportateur mondial de brut. Plus de 566 000 barils en sont extraits quotidiennement et préraffinés par trois sociétés contrôlées par les Américains ExxonMobil, Chevron et Conoco. L’impact du coup porté aux intérêts américains par le régime chaviste reste cependant à déterminer, surtout que les États-Unis demeurent le premier débouché du pétrole du Venezuela qui y exporte quasiment la moitié de sa production. Mais en s’alliant à Téhéran, Caracas souhaite s’ouvrir à une économie « alternative », loin de « l’impérialisme » américain. Comme le dit Ahmadinejad, dont le pays est le quatrième producteur de pétrole de l’OPEP : « Le Venezuela et l’Iran ont montré qu’ensemble, hors d’atteinte de l’hégémonie et de l’impérialisme américain, ils peuvent travailler et s’améliorer. » Ainsi, les deux pays ont décidé d’établir prochainement une coentreprise d’exploration et de développement pétroliers baptisés « IranVenzOil ». La visite d’Ahmadinejad en Amérique latine, continent voisin des États-Unis, pourrait donc être une réponse à la récente campagne active des États-Unis qui tente d’isoler financièrement Téhéran. Le département américain au Trésor a ainsi annoncé la semaine dernière le gel des avoirs de la banque publique iranienne Sepah aux États-Unis, interdisant toute transaction entre des entités américaines et cet établissement, accusé de soutenir des achats militaires suspects. Pendant que Washington est critiqué partout dans le monde pour sa « guerre contre le terrorisme », sa stratégie en Irak et ses violations des droits de l’homme, notamment à Guantanamo, Téhéran se fait de nouveaux amis en Amérique latine et au Proche-Orient, particulièrement avec le Hamas dans les territoires palestiniens, le Hezbollah au Liban et Bachar el-Assad en Syrie... Le plus inquiétant reste à savoir si les ambitions d’Ahmadinejad le mèneront, après l’Amérique latine, dans le continent africain pour se trouver de nouvelles alliances « stratégiques » – et pourquoi pas militaires – surtout après les séries de raids meurtriers de l’armée américaine en Somalie. Rania MASSOUD
Décidément, Mahmoud Ahmadinejad ne manque pas d’idées pour défier encore plus George W. Bush. La « guerre d’influence » entre l’Iran et les États-Unis a pris ce week-end un nouveau tournant avec la visite, samedi et dimanche, d’Ahmadinejad au Venezuela, au Nicaragua et en Équateur, des pays qui partagent ouvertement l’antiaméricanisme de l’Iran. Cette visite est d’autant...